Début du XVIe siècle, à Rome. Raphaël, peintre de commandes, déroge à ses habitudes et décide de créer une toile à seule fin esthétique. Tout autant pour perfectionner ses techniques que pour accoucher du Beau. Pour cela, il engage un modèle, une femme que l'histoire retiendra sous le nom de la Veleta. Une Sicilienne au parcours aventureux, marié à un homme dont la bassesse l'a projetée jusque dans les geôles de Tunis. Une femme nourrie de culture musulmane, joueuse et vive, qui loin de se cantonner à un rôle représentatif, questionnera le démiurge sur ses méthodes, les fondements de sa peinture. Inaugurant ainsi un pas de deux au cours duquel s'imposera toute une philosophie de l'art, au moment même où Leonardo met au point sa « machine à voir ». L'argument de la nouvelle pièce de Christian Petit pourrait laisser supposer qu'elle s'ancre dans un passé. Que l'on se détrompe. Les sous-thématiques qui innervent les échanges entre la Veleta et Raphael touchent d'une part à notre modernité, énonçant en creux une critique des techniques artistiques et picturales qui ont explosé avec le XXe siècle, et d'autre part à une certaine forme d'éternité, puisqu'à travers les dialogues du modèle et du démiurge se joue une réflexion sur ce qu'est la création, son rapport au Beau, à la vie et à l'humanité. Entrelaçant ces sujets, tout en les enrichissant à partir de la littérature arabo-musulmane, juste contrepoint à un eurocentrisme sclérosant, « La Veleta » porte sur le devant de la scène un ardent, mais non moins vivifiant, raisonnement sur l'art.
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