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La tempête des heures

Couverture du livre « La tempête des heures » de Anne Cuneo aux éditions Bernard Campiche
Résumé:

« (...)...(...) Je suis là, mes dents cassées sont réparées ou presque, je fais le métier que j'aime, j'ai femme et depuis quelque temps enfant. Et je me demande, plus souvent qu'à mon tour : pourquoi ? Pourquoi moi ? Ai-je le droit d'être heureux alors que mes camarades de Börgermoor crèvent à... Voir plus

« (...)...(...) Je suis là, mes dents cassées sont réparées ou presque, je fais le métier que j'aime, j'ai femme et depuis quelque temps enfant. Et je me demande, plus souvent qu'à mon tour : pourquoi ? Pourquoi moi ? Ai-je le droit d'être heureux alors que mes camarades de Börgermoor crèvent à la tâche ? » Un silence qui se prolonge. Personne ne bouge. Puis Langhoff reprend : « je me dis que nous sommes une partie du front, de la résistance contre le fascisme. Que nous n'avons pas le droit de baisser les bras. Que nous devons à tous ceux que nous avons laissés derrière nous, vivants et morts, de défendre l'humain contre l'inhumain, d'oeuvrer au triomphe de l'esprit sur la force brute. » Il pose sa main sur ma tête. « Je suis sûr que ta famille serait très heureuse de te voir épouser Nathan, et nous, qui la représentons ici, sommes heureux avec vous. » Il se lève, se dirige vers la porte.

« Renate est déjà couchée, mais elle t'a tout préparé. Tu vas devoir dormir dans la même pièce que Thomas. Dans le même cagibi, devrais-je dire. S'il te dérange, tu nous l'amènes. Mais d'habitude il dort comme un ange. » « Quel âge a-t-il ? », ma voix ressemble à une poulie rouillée.

« Il va avoir deux ans. Il sera très heureux de trouver une demoiselle dans sa chambre en se réveillant...

« ... et je serai horriblement jaloux », enchaîne Nathan d'une voix enjouée.

Rires.

Nathan me pose un dernier baiser dans les cheveux, et je pénètre dans la pièce sur la pointe des pieds.

La grande peur des Suisses en 1940 et le rôle du Schauspielhaus de Zurich pendant ces quelques semaines presque oubliées méritaient d'être rappelés.

On a beau dire que « jamais Hitler n'aurait envahi la Suisse », pendant la guerre cela n'était pas évident pour l'homme et la femme de la rue.

La Tempête des heures raconte, par la voix d'une jeune réfugiée juive, les journées trépidantes de 1940 où la population a fait face avec dignité tout en s'attendant au pire, vues à travers le microcosme d'une troupe de théâtre composée de comédiens réfugiés, condamnés à mort par les nazis ; tout en travaillant avec acharnement à une nouvelle mise en scène du Faust de Goethe, ils se préparent à mourir si la Suisse était envahie. Un roman d'amour, une profession de foi pour la culture, un hymne à la force des idées.

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