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Un des aspects les plus odieux de l'État français de Pétain a été l'internement de dizaines de milliers de Juifs étrangers, en particulier dans la zone dite " libre ", où s'exerçait la souveraineté du gouvernement de Vichy.
Longtemps avant l'ouverture en zone occupée des camps de Juifs de Pithiviers, Beaune-la-Rolande, Compiègne et Drancy, la sinistre réputation des camps du Sud, tels Gurs, Les Milles, Saint-Cyprien, Argelès ou le Vernet avait déjà atteint l'Amérique. Internés d'abord comme ressortissants d'États ennemis dès septembre 1939, les Juifs allemands et autrichiens le furent à partir d'octobre 1940 en tant qu'" étrangers de race juive " et les Juifs polonais, tchèques, russes, considérés eux aussi comme apatrides vinrent les rejoindre derrière les barbelés.
Il ne s'agissait pas seulement d'hommes dans la force de l'âge, mais de vieillards, de femmes et d'enfants. Leurs conditions de vie furent toujours difficiles et parfois atroces : plus de 3 000 d'entre eux périrent de misère psychologique, de faim et de froid. 10 000 de ces étrangers (dont plus de 500 enfants) qui s'étaient réfugiés sous le drapeau français, dont certains avaient volontairement combattu pour la France et qui tous avaient confiance en cette terre d'asile, furent livrés pendant l'été 1942 par le gouvernement Pétain - Laval à la Gestapo en zone occupée à Drancy pour être immédiatement déportés.
Ils furent les seuls Juifs d'Europe à entrer dans les chambres à gaz d'Auschwitz en provenance d'un territoire où il n'y avait pas d'Allemands. D'autres Juifs furent internés dans des camps de la province de zone occupée : Mérignac, Poitiers, La Lande, Ecrouves. Au total, près de la moitié (36 000) des 76 000 Juifs déportés de France furent arrêtés en province. Cette étude décrit ce que fut leur tragique situation et comment s'organisa leur spoliation : les biens qu'ils laissaient derrière eux, à leur domicile, au moment de leur arrestation disparurent ; bien peu d'entre les internés récupérèrent l'argent, les valeurs et les bijoux qu'ils avaient déposés au camp quand survint brutalement la décision de leur transfert vers Drancy ; le marché noir dont profitaient leurs gardiens avaient absorbé l'argent qu'ils avaient dissimulé pendant les fouilles.
Sans oublier les membres des groupements de travailleurs étrangers astreints au travail forcé sous surveillance policière pour le plus grand profit des entreprises qui les exploitaient.
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