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Venise, 1575. Par une nuit d'hiver on vient demander à Hannah d'assister une parturiente sur le point de mourir. Cette demande n'a rien d'ordinaire car elle est présentée par un grand seigneur, le comte Paolo di Padovani en personne. Or, à Venise, la loi interdit aux Juifs de soigner les chrétiens, sous peine de mort. Hannah refuse, consciente du danger pour elle et pour toute la communauté du ghetto si son intervention était révélée et surtout si la mère ou l'enfant venaient à périr.
Mais le comte qui a entendu dire qu'Hannah avait un pouvoir magique insiste désespérément. Mue par la compassion et aussi par la nécessité de trouver l'énorme somme nécessaire à la rançon d'Isaac, son époux, retenu en esclavage à Malte, Hannah accepte. Elle parvient à sauver la mère et l'enfant grâce à sa « magie», en l'occurrence des forceps, qu'elle a inventés et utilise dans le plus grand secret car ils pourraient la faire condamner pour sorcellerie. Quelques temps après la naissance du petit Matteo, le comte et la comtesse partent en voyage. Avant de s'embarquer pour Malte, Hannah, qui s'est prise d'affection pour l'enfant, vient lui dire adieu. Elle surprend son oncle Niccolo en train de l'enlever. Elle le suit. Il emporte le bébé jusque dans l'abattoir du ghetto où il s'apprête à l'assassiner pour hériter de la fortune du comte tout en faisant accuser les Juifs de meurtre rituel. En se battant pour lui arracher Matteo, Hannah tue Niccolo. Elle jette son corps dans le canal et fuit avec l'enfant. Ne sachant où aller, elle se refugie chez sa soeur, Jessica, qui a quitté le ghetto, s'est convertie au christianisme et est devenue courtisane. Bientôt, un magistrat vient pour les arrêter.
Hannah arrivera-t-elle à les sauver, elle et Matteo ? Son mari sera-t-il libéré ?
Un livre facile mais qui nous apprend beaucoup sur la persécution des juifs au 16 ème à Venise
Oui, alors, j'en vois déjà qui ricanent en lisant ce résumé, en voyant la couverture du livre : pôvre Yv, le voilà tombé dans de la littérature de gare ! Eh bien oui, mais à mon corps défendant, je dois le dire pour sauver les apparences ou ce qu'il en reste. En recevant ce livre de Gilles Paris, envoyé de son propre chef, je me suis dit tout pareil que les ceusses sus-nommés qui ricanent. Je pensais faire comme je fais d'habitude avec mes lectures non sollicitées : je les commence, et je vois si ça l'fait ou pas. En général, si au bout d'une petite centaine de pages, je n'accroche pas, je lâche et abandonne. Mais là, eh bien me croirez-vous j'ai commencé et dès le début j'ai été intéressé, surtout par la description de Venise, de son ghetto juif et des relations entre Vénitiens catholiques et Vénitiens juifs. Un pan de l'histoire que je ne connaissais pas et que Roberta Rich fait revivre assez plaisamment. Une autre pan (ce qui, si vous me suivez bien, fait maintenant, pan-pan) de l'histoire que R. Rich explique c'est celui qui concerne les Chevaliers de Malte. Dans ma grande bonté (si, si) je croyais que ces Chevaliers étaient de charmants et beaux garçons prêts à aider leurs prochains. Mais que nenni ! Enfin que demi-nenni ! Car s'il furent des Chevaliers servants, (l'ordre de Malte existe toujours en association caritative), ils furent aussi de véritables pirates des mers :
"... Simon [...] expliqua à Isaac que Charles Quint, roi d'Espagne, avait en 1530 accordé cette île de pierre et de vent aux chevaliers de Saint-Jean, en échange de quoi ils protégeraient l'archipel contre les Turcs infidèles. Les chevaliers parvenaient à défendre le territoire de la rapacité des Ottomans, mais au fil des ans, ils étaient devenus cupides. Ravis de leurs victoires et sous prétexte de défendre leur île, ils attaquaient non seulement les navires des infidèles ottomans, mais aussi les vaisseaux chrétiens, saisissant leurs cargaisons et réduisant à l'esclavage tout le monde à bord, riches ou pauvres, marchands ou serviteurs, femmes ou enfants. Ils se disaient chevaliers, mais en réalité ils étaient pirates, devenus riches au moyen de crimes sanctifiés au nom de la sainte croisade." (p.22)
Tout au long de son récit, l'auteure place des petits morceaux d'histoire, des anecdotes qui font le contexte. Pas mal du tout, intéressant et instructif. Un bon point pour ce roman donc.
Mais à ma grande stupeur, je m'aperçois que j'ai à peine parlé des aventures d'Hannah la sage-femme ! Ah, la pauvre, seule face aux méchants catholiques Vénitiens (mais pas tous). Elle tombe de Charybde en Scylla. A chaque fois que l'on croit et espère la voir se sortir de l'ornière, eh bien à chaque fois, un nouvel incident ou malheur perturbe la situation qui promettait de s'améliorer. Je me moque, mais c'est plutôt bien amené, bien maîtrisé, et si j'excepte quelques longueurs dans des descriptions, des remarques plus ou moins captivantes (plutôt moins d'ailleurs), je me dois de dire ici en toute honnêteté que ce livre se lit avec plaisir. Il ne m'en restera sans doute que le contexte, un peu de l'histoire de Venise et de Malte, ce qui somme toute, n'est déjà pas si mal.
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