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Catalogne, Pays basque, Écosse, Corse, Kurdistan, Tibet..., partout dans le monde, et particulièrement en Europe, la question des nationalités agite les peuples et défient les États qui la nient ou la répriment sans succès.
Certains pouvaient espérer qu'à l'heure la mondialisation libérale, le sentiment d'appartenance à une histoire, une culture, un destin commun, en un mot le sentiment national allait se dissoudre. Il n'en est rien.
La question nationale est un des faits sociaux les plus complexes qui soient. Les tenants actuels de la République unique et universelle la réduisent à une arriération cultu- relle corrosive du dit « vivre ensemble ». Pour Otto Bauer, la pleine réalisation de droits des peuples, fussent-ils mi- noritaires ou sans territoire, est la condition nécessaire à l'émancipation de tous et à la disparition des nationalismes régressifs.
Le dépassement du particulier national dans l'universel cosmopolite ne peut se faire dans la négation des traits dis- tincts qui fondent les différentes collectivités humaines. Un nouvel espace est à construire où, sous la poussée de la lutte des opprimés, les droits des uns sera une nécessité pour la réalisation de ceux des autres. L'accession à l'uni- versel commun est fondée sur la reconnaissance de droits particuliers.
Écrit dans les premières années de notre siècle, dans un empire austro-hongrois aux prises avec les aspirations des multiples nationa lités, La Question des nationalités d'Otto Bauer prend sa place au coeur des luttes des peuples dominés, des controverses naissantes sur l'impérialisme, des débats entre les solutions territoriales sous forme de droit à l'autodétermination et l'internationalisme utopique qui confine au cosmopolitisme naïf.
Otto Bauer étudie l'émergence du concept et du phé- nomène de nation. La nation est ainsi perçue comme une réalité historique en perpétuel devenir. Refusant de faire de la langue ou du territoire les éléments consti tutifs d'une nation, il pense la nation comme une communauté de des- tin faite d'identités multiples elles aussi en transformation perpétuelle. Aux pronostics d'Engels, prévoyant leur dispa- rition, Bauer op pose sa thèse du réveil des peuples sans histoire et de leur épa nouissement sous le socialisme.
Dégagé de son contexte, cet ouvrage montre que le marxisme peut répondre à la question nationale et au-de- là, sa lecture stimulante conserve une étonnante actualité, face à des situations contemporaines de plus en plus brû- lantes.
Il reste une référence mondiale pour décrypter cette question des nationalités qui ne passe pas.
Traduit dans de nombreuses langues, dont l'occitan, l'ouvrage ne paraît en français qu'en 1987, quatre-vingts ans après sa parution en allemand. Introuvable depuis long- temps, cette réédition vient combler un manque.
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