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L'ouvrage retrace l'histoire de la performance depuis les futuristes, les dadaïstes, les surréalistes ou encore les ateliers du Bauhaus, jusqu'aux oeuvres contemporaines d'artistes aussi différents que Piero Manzoni, John Cage, Merce Cunningham, Gilbert & George, Dan Graham, Robert Wilson ou Alain Platel, tout en décrivant le contexte socio-culturel dans lequel ces oeuvres s'inscrivent.
En art contemporain, la performance est un genre à elle toute seule (même si certains la confondent avec le body-art). La définir, c'est la réduire ; une performance est une action artistique qui se fait face à un public (averti ou non). Elle est apparue dans la mouvance des années 60, de cette remise en question des valeurs établies, de ces courants qui se voulaient révolutionnaires. Pour Démosthène Davvetas, l'artiste serbe Marina Abramovic est « la grand-mère de la performance » (sic). Mais les racines historiques sont à trouver plutôt dans certains aspects des mouvements futuriste, dadaïste, surréaliste, voire dans le Bauhaus. Et également dans les créations des chorégraphes et danseurs du début du XX° siècle (Ballets russes, Isadora Duncan).
La performance est le meilleur moyen de dématérialiser l'art, de réfuter l'hégémonie de la peinture (jugée trop bourgeoise). Et également de faire descendre l'art dans la rue (voir Daniel Buren), dans les lieux publics les plus inappropriés, dans les lieux alternatifs, etc. Et tout cela avec un certain sens de l'abscons, confinant au non-sens, également avec un goût de l'extrême, comme dans une bouffée délirante. Bien sûr, les happenings du groupe Fluxus (Nam June Paik, Yoko Ono, Josef Beuys) ont initié cette perspective alliant aussi bien les arts plastiques et les arts vivants (d'autres écriraient le sport).
Ici, à travers la performance, Roselee Goldberg nous propose une tentative de relecture des avant-gardes, avec à l'appui une abondante iconographie (presque totalement en noir et blanc) : des documents divers, des comptes-rendus, des photographies des événements. Ainsi, nous passons de la performance « conceptuelle » des Sixties - Seventies à l'actuelle performance « people », par la performance utopiste des Eighties. La lecture de cet excellent ouvrage, régulièrement remis à jour depuis sa première édition en 1988, me conforte dans l'idée que le geste de protestation artistique (dont le prototype serait le sit-in) n'est devenu qu'un autre moyen de transgression dans un but d'auto-publicité. Si bien que la performance pour la performance n'a aucun sens. Reste que Marina Abramovic a créé bien des actions sensationnelles et intrigantes.
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