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La nuit de Walenhammes

Couverture du livre « La nuit de Walenhammes » de Alexis Jenni aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782070149438
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Walenhammes est la plus grande ville industrielle du nord de la France, et on sait à peine qu'elle existe. Quand les terribles événements que l'on sait commencèrent à la détruire, Charles Avril y vint sur un coup de tête, pour écrire quelques articles qu'il pourrait vendre au site d'information... Voir plus

Walenhammes est la plus grande ville industrielle du nord de la France, et on sait à peine qu'elle existe. Quand les terribles événements que l'on sait commencèrent à la détruire, Charles Avril y vint sur un coup de tête, pour écrire quelques articles qu'il pourrait vendre au site d'information où il est pigiste.

À Walenhammes, après la fermeture des mines et du haut-fourneau, il ne reste qu'un peuple abondant dont on ne sait pas quoi faire. Georges Fenycz, maire de cette immense municipalité décatie, a une idée simple : la pauvreté enrichit. Alors se déverse sur Walenhammes la cruelle guignolade du libéralisme, qui absorbe toutes les critiques qu'on lui adresse, dont on ne peut plus rien dire à moins d'en écrire un roman qui déborde.

Charles en est le spectateur, tout en découvrant ce à quoi il ne s'attendait pas : l'amour d'une maître-nageuse, l'amitié d'hommes qui continuent de vivre malgré tout, et l'affection d'une petite fille qui pense devenir adulte en lisant jusqu'au bout Les Démons de Dostoïevski.

Ce roman décrit l'installation d'un monde nouveau qui désormais sera le nôtre.

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Avis (2)

  • Quatre ans après le remarquable succès de "L’art français de la guerre", premier roman décrochant le tant convoité Prix Goncourt, Alexis Jenni nous emmène dans le Nord de la France, près de la frontière belge, dans la ville fictive de Walenhammes.

    Ce roman, très social, mêle plusieurs...
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    Quatre ans après le remarquable succès de "L’art français de la guerre", premier roman décrochant le tant convoité Prix Goncourt, Alexis Jenni nous emmène dans le Nord de la France, près de la frontière belge, dans la ville fictive de Walenhammes.

    Ce roman, très social, mêle plusieurs niveaux, allant du politique au fantastique, peut-être pour nous faire comprendre où nous mène l’évolution de notre société. Ainsi, nous suivons Charles Avril, journaliste vacataire, intellectuel précaire : « il enquêtait, il écrivait, il vendait. » Son métier est de plus en plus difficile à cause de la numérisation du monde qui « permet des copies parfaites, et étend sur toute la Terre l’empire de la trahison. »
    Walenhammes est secouée par des événements de plus en plus étranges avec ces Brabançons qui transgressent toutes les lois, même les plus naturelles. Chaque chapitre possède son titre et son sous-titre précisant ce qui va se passer. S’ajoute aussi l’éphéméride de Lârbi apportant des commentaires très pertinents sur ce qui est en train de bouleverser notre monde comme cette course à la richesse : « Le maître dit : Ce n’est pas un crime que d’être riche. Mais cela le devient de croire qu’on ne le doit qu’à soi… »
    Réflexions très pertinentes, scènes tendres très réussies entre Marie et Charles, sous la douche, à la piscine, Alexis Jenni aurait dû éviter certains épisodes très mystérieux, complètement décalés, pas vraiment nécessaires si ce n’est pour accentuer le chaos dans lequel se trouve cette ville désindustrialisée.
    Avec « Les héros de l’industrie lourde », l’auteur rend un vibrant hommage aux ouvriers de fonderies, hommage qui fait penser à l’admirable chanson de Bernard Lavilliers, "Les mains d’or" : « Nous faisions cela : ramollir la pierre, fondre le minerai, recueillir du métal liquide.» Cette fabrication de l’acier au mépris de la vie humaine est superbement rendue avec des scènes d’un véritable enfer.
    D’autres scènes ont le mérite de faire réfléchir sur le totalitarisme exercé par la grande distribution dans la course au plus bas coût : « Dans l’hypermarché bas coût, c’est le prix de vente qui compte, pas le coût de production qui suivra bien.. » Il en est de même avec Spando, l’usine qui fabrique du minerai de… viande. Et Lârbi souligne que « L’utopie du laisser-faire est un monde peuplé de fauves, d’esclaves et de sicaires qui s’entretuent pour la répartition des parts de marché. »
    N’oublions pas l’usine Froid du Nord, excellente fabrique de glaces, délocalisée au… Maroc et qui est remplacée par un cube destiné à stocker des données créant enfin des emplois de… ménage pour les femmes et de gardiennage pour les hommes ! Le maire plastronne devant une telle réussite et Alexis Jenni note très justement : « C’est étrange que l’on veuille ce qui nous laissera seuls et dépouillés dans un monde dévasté. »

    Heureusement, il y a Marie endormie dont « Charles sentait l’odeur douce de la sueur toute imbibée de plaisir. Le corps de Marie sentait la gaufre tiède, les épices douces, la fleur entrouverte… et pourtant, certains se déodorent et ceux-là ont tout perdu… »

    Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/

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  • Mais où se trouve donc Walenhammes ? Dans son dernier roman « La nuit de Walenhammes », Alexis Jenni, qui nous avait conquis avec « L’art français de la guerre » situe cette ville, imaginaire ou non -peu importe, dans le nord de la France, cette France industrielle qui meurt depuis plusieurs...
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    Mais où se trouve donc Walenhammes ? Dans son dernier roman « La nuit de Walenhammes », Alexis Jenni, qui nous avait conquis avec « L’art français de la guerre » situe cette ville, imaginaire ou non -peu importe, dans le nord de la France, cette France industrielle qui meurt depuis plusieurs décennies.

    Charles Avril, jeune journaliste, que son patron oublie parfois de payer pour ses articles de pigiste, est envoyé par ce dernier pour enquêter, et restituer si possible quelques données de cette crise économique qui n’en finit pas de frapper et d’engendrer du dommage, de la précarité, de la pauvreté. Charles Avril est fragile, comme personne, comme journaliste .Il doute de son métier, de la pertinence d’internet comme support et source d’information .Il ressent ses écrits comme fugaces, prompts à passer dans la trappe de l’oubli médiatique, peu significatifs et encore moins susceptibles de marquer leur époque, journalistiquement parlant. Pourtant, son patron le convainc de partir, il sera payé cette fois …
    Une fois sur place, ce journaliste incertain rencontre de bien curieux personnages : le maire de la ville, Georges Fenycz, qui prétend avoir découvert un atout pour ses administrés : « Le passé est une réclamation infinie, la demande de recouvrement d’une prétendue créance, une plainte .On ne devrait pas se plaindre .Il ne devrait pas y avoir de passé (….) Allons, Devain, c’est notre pauvreté qui est notre richesse. »

    Dans cette acceptation, plus logique qu’il n’y paraît, ce sont les dérives du système économique actuel et de la l’idéologie libérale qui sont mises en accusation et révélées sous leur vrai jour par un certain Lârbi Mektoub, auteur d’éphémérides commentant chacun un aspect de cette vision du monde et tout ce qu’elle entraîne : l’acceptation de l’inégalité, de la baisse des revenus, de la lutte des salariés entre eux, de la compétition à outrance, vielles antiennes bien connues pour faire accepter des transformations inacceptables …
    Au cours de son reportage, Charles Avril rencontre une maître-nageuse, qui tente, tant bien que mal, de subsister, de continuer à vivre .Il se prend d’affection pour une jeune fille qui s’efforce de mûrir par la lecture exhaustive des Démons, de Dostoïevski .La littérature, toujours cet antidote à la brutalité du réel…
    Malgré quelques longueurs et digressions discutables, le roman d’Alexis Jenni atteint son but : il parcourt, par l’onirisme et le réalisme entremêlé étroitement, l’état du monde économique actuel. Il le dénonce avec habileté, ironie, humour, au point que la dernière page de l’ouvrage apporte un concours surprenant à la thèse du There is no alternative : « Répétez encore.
    « On ne peut pas faire autrement !
    Eh bien, vous voyez, quand vous voulez ! »

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