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Une mère assiste au procès où son fils unique comparaît comme accusé. Il a vingt-trois ans ; il va être condamné à treize ans de prison ferme, pour meurtre.
Pourtant, de sa vie, il n'a jamais rien fait de mal. Il a toujours été « un bon petit ». Elle le sait, elle qui a vécu avec lui toutes ces années. Elle qui a été seule avec lui, et qui lui a tout donné. Ecrasée par la douleur, la mère essaie de faire face à cette solitude nouvelle et à cette nuit, définitive, qui commence' Le roman est un monologue intérieur ' la voix de la mère ' qui fait alterner moments du passé et moments du procès. L'auteur, lui-même avocat, met remarquablement en scène la machinerie de la Justice, toute sa violence et, aussi, toute son absurdité.
La nuit commencera, roman au rythme musical, lancinant, est aussi un magnifique portrait. Celui d'une Mère, dans toute sa splendeur et sa misère.
(Chronique 2015)
Une belle petite découverte: "La nuit commencera" de Thierry Illouz chez Buchet Chastel.
Le pitch: Comment peut réagir une mère qui vient d'assister au procès de son fils de 23 ans, passé de "bon petit" à "assassin" en quelques minutes irréparables, crime pour lequel elle le voit condamné à 13 ans de réclusion criminelle?
Lu sur les conseils d'une relation de travail avec qui je partage ma passion pour la lecture, c'est une découverte intéressante que j'ai faite là!
L'auteur, avocat pénaliste de profession, sait de quoi il parle. Et pourtant le sujet n'est pas facile à traiter: car si l'on peut aisément s'imaginer à la place d'une victime, il est bien plus compliqué de se mettre à la place de la mère d'un assassin. Elle n'est pas celle qui a tué, mais elle n'est pas victime non plus. Et c'est ici tout le talent de l'auteur que d'aborder les différents sentiments que peut ressentir cette mère qui vient pourtant de voir sa vie basculer en quelques secondes: viennent alors la tristesse, la honte, la gêne, la colère, la culpabilité... Le style de l'auteur, sensible et sobre à la fois, rend ce récit remarquablement réaliste.
En bref un livre à découvrir.
LA NUIT COMMENCERA est un petit livre très fort, très poignant, très intense.
Il raconte cette mère qui sort d'un procès d'assises et qui vient d'entendre son fils de 23 ans se faire condamner à 13 ans de prison. Il décrit son épuisement tant physique que psychique, résultat de tous les sentiments qui se sont disputés en elle depuis le début de l'affaire.
L'incrédulité face à l'acte de violence de son fils, puis l'incompréhension, puis la culpabilité. L'isolement, les regards des voisins, de sa patronne, des clientes du magasin où elle est vendeuse, la honte qu'ils provoquent.
Et le procès, pendant plusieurs jours, la solennité de l'audience, ses codes étranges, et enfin le couperet de la condamnation.
D'abord ressasser ces jours d'audience, ce qu'il aurait fallu dire, ce qu'il aurait fallu taire, ce qu'on n'a pas bien fait. Cette impuissance à faire son devoir de mère et à défendre son fils.
Ensuite, devoir rester seule avec sa souffrance. Faire un décompte, déjà un jour après le verdict, pour espérer que peu à peu elle s'apaise. Et en attendant, être ravagée de douleur au point de se dire qu'on aurait préféré son fils mort que meurtrier, et s'en vouloir de l'avoir pensé.
Et enfin se révolter. Lancer un "pourquoi?" plein de rage en regardant la photo de son fils enfant et toutes les promesses d'avenir que le cliché contenait. Laisser la colère, la frustration et l'injustice prendre la place, pour ne plus pleurer et être anéantie, puiser de la force dans sa colère. Cette force qui lui donne le courage (la folie?) d'aller arracher un entretien avec le Juge d'instruction, parce qu'il est essentiel de lui dire que les fils sont innocents, que ce sont les mères les coupables, comme elle l'a entendu au procès. Dire que si elle avait fait différemment, si elle avait offert une autre vie à son enfant, que c'est à cause de ce qu'elle n'a pas pu ou su lui donner... Vouloir prendre sa part du crime, et si c'était possible la place de son fils en prison.
Thierry ILLOUZ décrit formidablement les états d'âme de cette mère. Et pour cause puisqu'il est lui-même avocat, et qu'il a dû en cotoyer plusieurs, de ces familles sur qui s'abat subitement le drame et dont les membres viennent se succéder à la barre de la Cour d'assises.
Je ne résiste pas à l'envie de recopier ici les sentiments de la mère lorsqu'elle entend la plaidoirie de l'avocat de son fils, si bel hommage à cette profession : "Il poursuit et ce qu'il dit la remue, la bouleverse, il lui semble qu'elle attendait depuis des années qu'on parle comme cela d'elle, de lui, de leur vie. Ce n'est pas aujourd'hui; c'est trop tard aujourd'hui; il aurait fallu qu'un avocat parle pour eux avant tout cela, avant le crime (...). "
J'ai été très sensible au désespoir farouche de cette mère, formidablement livré par l'auteur.
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2016/05/26/33862240.html
La nuit commencera est un titre qui peut être perçu de manière diamétralement opposée : doux et tendre pour ceux qui attendent la nuit vécue comme un refuge, un cocon, une promesse ; froide et angoissante lorsque pour d'autres elle renvoie à l'isolement, au cauchemar. Lorsque votre fils unique âgé d'à peine vingt-trois ans est condamné à treize ans d'emprisonnement pour avoir tué un homme, vous le sentez d'emblée, vos nuits n'auront plus rien de doux.
Pourtant malgré le sujet lourd traité par le roman de Thierry Illouz, il en est aussi question de douceur. De la douceur d'une mère qui a élevé seule son fils après le départ du père, renonçant à sa vie de femme, épousant la maternité comme un véritable sacerdoce pour donner le meilleur à la chair de sa chair. C'est presque cette douceur, ce sacrifice qu'on semble lui renvoyer à la figure lors du procès de son fils.
Tous stigmatisent cette mère célibataire, les experts pour qui c'est le manque de figure masculine qui a conduit son fils à commettre l'irréparrable, les clients de la boutique de prêt-à-porter dans laquelle elle travaille, les voisins, les gardiens de prison. Elle est désormais la mère d'un criminel. Elle l'accepte donc, elle endosse cette responsabilité, celle du crime de son fils.
La nuit commencera est un roman qui prend aux tripes, qui chavire, qui retourne. Un roman qui dit à la fois l'intime et le collectif. Ici, Thierry Illouz qui est aussi avocat livre une plaidoirie vibrante sur ces coupables qui sont parfois eux-mêmes leur propre victime. Il explore l'angoisse, la honte, la douleur et l'incompréhension de cette mère, ses pensées les plus intimes, la tendresse et l'amour aussi. Et il dit aussi avec une empathie bouleversante tout de la mise à l'écart social et du regard que porte la société sur ceux qui ont commis l'irréparable. Sans pour autant justifier l'acte, le geste.
Ce superbe texte est le roman de ce qui habituellement ne se dit pas. Rarement lorsqu'un juge un homme est condamné pour meurtre, n'est évoquée l'entourage de celui qui a donné la mort : du coupable. On ne donne pas la parole à ces gens-là, on ne cherche pas à connaître ce qu'ils endurent. La nuit commencera est aussi un roman sur leurs silences.
Aucun pathos dans ce roman plein d'empathie et d'humanité porté par une écriture magnifique, ciselée, hachée par les virgules qui sont comme les sanglots de douleur et d'incompréhension de cette mère qui voit son monde s'effondrer. Un bien beau roman que celui-là, un roman qui se lit d'un seul souffle, la gorge nouée...
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