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Ni les belles paroles pleines de bonnes intentions, ni les ouvrages de la ligne Maginot construits le long de la frontière avec l'Allemagne n'empêcheront ce dernier pays d'envahir la France et n'empêcheront la guerre. La Moselle, tout comme les Bas et Haut Rhin, va connaitre une des pages les plus sombres de son histoire, celle de l'occupation allemande nazie. Le 1er Septembre 1939 devant l'imminence de la guerre, les habitants des localités de la première tranche du territoire mosellan situées le long de la frontière avec l'Allemagne sont évacués.
Cette évacuation sera suivie d'une seconde en mai 1940. Au total 300 communes sur un total de 765, soit 302730 personnes sont déplacées vers les deux départements de la Charente, de la Vienne et dans une moindre mesure de la Loire, de la Saône et Loire et du Pas de Calais. Après l'armistice de juin 1940, une question se pose à ces réfugiés : rester dans les départements d'accueil ou rentrer au pays ? Pendant ce temps, en Moselle, les Allemands procèdent à l'expulsion des Juifs, tsiganes, communistes, syndicalistes, religieux et à tous ceux qui " n'entrent pas dans leur idéologie".
Compliqué pour moi d'être très objectif dans mon appréciation puisque la BD parle de mon département de naissance, de ma région de coeur. La BD est superbe d'un point de vue historique en abordant un épisode sombre pour des milliers de mosellans contraints en 1939 de tout quitter pour rejoindre la zone libre en Charente, dans la Vienne, dans la Loire, en Saône et Loire et dans le Pas-de-Calais.
La cohabitation avec les locaux fut parfois difficile, notamment avec la barrière de la langue, car la Moselle a été occupée par les allemands suite à la guerre franco-allemande de 1870 et l'annexion du département lorrain, ainsi que les deux départements alsaciens. Cette annexion a duré 41 ans, jusqu'en 1918, faisant que tous les mosellans nés avant cette libération sont allés à l'école allemande. Au total entre juillet 1940 et juillet 1941, un tiers de la population du département a été expulsé par les allemands soit 250 000 personnes.
La BD se termine avec 5 pages de texte, et le récit de la famille Sprunck qui aura déménagé huit fois entre septembre 1939 et mai 1954 avant de pouvoir retrouver sa maison à Ormersviller pour la reconstruire.
Outre, l'intérêt historique, la BD est réalisée avec des dessins réussis, affichant des couleurs prononcées. Le texte est évidemment d'un d'intérêt majeur, avec des bulles de dialogue de qualité et une narration proposée un personnage féminin récurrent qui se fond à chaque fois dans le paysage.
Un bon moment de lecture.
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