L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
« La mémoire, c'est comme un tiroir. On y entasse tous ses souvenirs. Les plus anciens, tout en dessous. Puis un jour, on ferme le tiroir à clé. Le meuble est rangé dans une vieille grange. » Ce n'est qu'en 2007, en remplissant un dossier d'indemnisation que Pierre Draï fait ce constat?: « je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi je suis encore en vie, alors que je suis orphelin depuis l'âge de trois ans. Comment ai-je pu survivre à ce cauchemar alors que mes parents étaient morts?? Et où étais-je ? Qui s'est occupé de moi ? Comment ai-je pu rester en vie ? » Il entame dès lors une patiente enquête?: retrouver les documents qui témoignent de son histoire, retrouver les témoins où leurs enfants et surtout déverrouiller sa propre mémoire. Juillet 1943, boulevard Ney à Paris. Rosine Draï, qui vit seule avec ses six enfants depuis que son mari, travaillant dans une boucherie casher s'est réfugié dans l'Aisne, est prise dans une rafle avec ses trois ainés. Par précaution elle avait laissé dans une institution protestante caritative du quartier, dirigée par les pasteurs Cholet et Funé, ses trois enfants les plus jeunes. Quelques mois plus tard, Isaac Draï, sans nouvelles de sa famille, retourne un dimanche boulevard Ney. Un voisin zélé le repère sans doute. Quelques jours après les Allemands pénètrent dans la fabrique de cageots où il travaille comme ouvrier dans l'Aisne et l'arrêtent. Issac, Rosine et leurs trois ainés seront gazés à Auschwitz. Pierre, ainsi que sa soeur Nelly et son frère Paulo seront sauvés, pris en charge avec d'autres orphelins de guerre par le pasteur Funé et son épouse. Attendant depuis l'âge de ses trois ans le retour de ses parents, le jeune Pierre est en 1952 un enfant perturbé et indiscipliné. C'est pourquoi, il est envoyé à la République des enfants de Moulins-Vieux dans l'Isère. Dans cette institution aux pratiques pédagogiques innovantes et fondée en 1938 par Henri et Henriette Julien, Pierre s'épanouit tant bien que mal. Au terme « d'une enfance sans famille, sans personnalité, sans amour », Pierre Draï parvient à se construire professionnellement, sentimentalement (après deux divorces) et spirituellement entre engagement dans le communisme et prise de conscience de son judaïsme (« par absence de transmission, mes racines ont été saccagées, mais pas complètement arrachées.»). Depuis la première édition de ce livre en 2011, Pierre Draï est intervenu dans de multiples circonstances pour témoigner de son histoire. « Ce livre, écrit-il dans la postface de cette nouvelle édition, a changé ma vie de retraité - la pêche, les boules, la plage. tout cela, c'est terminé?: je m'investis dans la désormais connaissance de la Shoah, dans la communication de mon expérience, en particulier auprès des plus jeunes ».
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