Oh ! Mais qu’il est bon ce petit livre rouge-là, et comme j’ai eu la main heureuse lors de la dernière Masse Critique mauvais genre de Babélio qui me l’a attribué ! Je ne connaissais pas Martin Long, auteur franco-britannique sévissant visiblement depuis une quinzaine d’années dans différents...
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Oh ! Mais qu’il est bon ce petit livre rouge-là, et comme j’ai eu la main heureuse lors de la dernière Masse Critique mauvais genre de Babélio qui me l’a attribué ! Je ne connaissais pas Martin Long, auteur franco-britannique sévissant visiblement depuis une quinzaine d’années dans différents genres d’écritures, dont des romans policiers ancrés en Chine, « un pays qui, à la fois,[le] fascine, [l]’inspire et [le] chagrine » comme on le comprendra en s’attachant aux pas de son personnage récurrent, l’inspecteur Tian Haifeng. Dans cet opus au titre nébuleux à la James Bond, « La mémoire de l’oubli » (diantre !), il nous invite à découvrir à ses côtés un pays en grand écart permanent entre deux rythmes, deux mondes, deux vérités, à la fois nourri et étranglé par son histoire, un pays où l’immensité des paysages n’a d’égal que la multitude de ses habitants, un pays où il est de bon ton de ne pas voir une tête dépasser, surtout si elle ne ressemble pas à toutes les autres, surtout si elle ne raconte pas la même histoire, celle de la gloire d’une nation sans faille qui jamais ne perd la face.
Au fil de l’enquête que mène Tian Haifeng pour en savoir plus sur une morte d’un autre temps à la troublante beauté, on découvre tout un mode de communication aux règles strictes et muettes, un art de vivre et de se taire, de se souvenir mais d’accepter, de rire de soi pour mieux rester digne. N’étant absolument pas une grande connaisseuse de cet état surdimensionné à l’Histoire foisonnante et à la culture complexe, il m’a semblé, grâce à ce roman et à la sensibilité affutée dont Martin Long fait preuve à son égard, me familiariser un peu avec une actualité qui persistait à m’échapper jusque-là : j’en sais désormais un peu plus sur cette mystérieuse « minorité Ouïghour » . Si le style est loin d’en être inoubliable, entravé sans doute par une traduction parfois hasardeuse, le récit est bâti avec rigueur et cohérence, s’articulant en deux parties autour d’un symbolique voyage en train. L’ambiance, en revanche, le climat de tension, la course d’un bord à l’autre de ce pays aux paysages contrastés et aux règles étranges resteront suffisamment dans ma mémoire pour susciter l’envie d’y retrouver très vite l’attachant inspecteur Tian Haifeng.