Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Novembre 1870, Conlie. Un jeune homme malingre, affublé d'un uniforme trop grand pour lui, se fait passer pour un soldat et pénètre dans le camp où l'armée de Bretagne est rassemblée. Tristan Corbière ne vient pas se battre, il vient pour dénoncer, avec sa plume de poète, la plus monstrueuse trahison qui soit. Les milliers de Bretons qui se sont mobilisés pour rejeter les Prussiens hors de France, croupissent ici, dans la boue et le froid, sans ravitaillement et sans armes, en proie aux maladies et au désespoir, abandonnés par le gouvernement français.
Novembre 1930, Quimper : le sous-préfet Jean Moulin découvre, stupéfait, grâce à « La pastorale de Conlie » que Corbière écrivit, cette honteuse tragédie oubliée. Un roman poignant qui révèle une vérité brûlante au souffle de la poésie.
Ce livre est à là fois onirique, historique, poétique et un roman partagé entre témoignages, récits, échanges épistolaires, réalité historique et fantastique (le genre) avec cette rencontre entre le poéte de cette fin du 19 ème siècle (époque du conflit prusso - français) ; Tristan Corbière et Jean Moulin, sorte d'écho à deux conflits mondiaux aux sensibilités artistiques et poétiques communes.
C'est aussi et surtout la description d'une région Bretonne jugée encore trop "chouanne" par le pouvoir politique et mililtaire pour que ses enfants - trouffions disposent du minimum (armes, vêtements, nourritures...) dans le cantonnement de la ville de Conlie pour survivre et battre l'armée prussienne et de Paris ville - assiégée réduite à se nourri de rats et des animaux du zoo.... Un traitement honteux de jeunes hommes quasi - condamnés à la mort par les épidémies et totalement épuisés. Les descriptions de cette armée de fantômes maltraités est juste ahurissante, la gabegie, le refus de leur donner le minimum vital d'équipement et de nourriture comme le mêpris de ces bretons par l'armée, un pouvoir politique en fuite sautent à la gorge. On voudrait anéantir ces bretons que l'on ne s'y prendrait pas autrement, ce n'est d'ailleurs pas, sans rappeler le sort que l'on réservera à tous les soldats lors de la première guerre mondiale.
Seul le poète Corbière par sa présence auprès de ses frères bretons, par ses lettres, ses vers pamphlétaires semble s'en préoccuper et sa verve, ses sarcasmes et une certaine forme de désespoir sait nous sensibiliser à ce drame. Tout cela est saisissant, juste dans la narration et la description de la vie au quotidien comme des sentiments et du vécu de notre pays à cette époque. Vers, descriptions, échanges, interpellation et passage de témoin aux générations futures en la personne de Jean Moulin, l'ensemble forme un roman à la fois juste et ambitieux.
J'avoue, néanmoins, avoir été perdu dans l'enchaînement des faits et ce parallèle (?) avec Jean Moulin ne m'a permis de lire l'ensemble dans un certaine fluidité. Cela reste anecdotique et le livre comme son auteure méritent que l'on s'y attarde.
Dans ce très bon livre, l'écrivaine met un coup de projecteur sur un évènement peu connu et peu glorieux de la guerre franco-prussienne de 1870 : l'armée bretonne du camp de Conlie. Des milliers d'hommes mobilisés dans des conditions inhumaines, sans matériel et sans instruction militaire notamment car Gambetta se méfie de cette armée bretonne. Toute cette histoire se soldera par un massacre.
Tristan Corbière, poète, créera "la pastorale de Conlie", vraisemblablement grâce au témoignage de son beau frère. Là commence le roman puisque l'auteur imagine que ce poète réformé va en fait se faire passer pour un soldat afin de vivre en immersion dans ce camp dans le but de denoncer ce qu'il s'y passe dans la presse.
Ce roman, qui mêle donc habilement la vraie Histoire et un aspect un peu plus romanesque qu'est l'immersion de Corbière, est intéressant et bien écrit. On y croisera même Jean Moulin dans des passages peut-être un peu moins intéressant où il verra le fantôme de Corbière. Cela vient un peu encadrer l'histoire mais finalement ça n'apporte pas grand chose. Ce n'est qu'un détail cependant, car l'ensemble est de grande qualité.
Une belle surprise donc que ce roman à l'écriture soignée qui m'a fait connaître ce fait historique tout en y apportant un souffle romanesque par l'immersion du poète au cœur de cet enfer. Une lecture fort instructive que je conseille !
S’il est un roman que j’attendais en cette rentrée littéraire de janvier 2020, c’est bien le dernier de Fabienne Juhel, "La Mâle-mort entre les dents". Après "La femme murée" et "La chaise n°14" qui m’avaient enthousiasmée, j’étais impatiente de retrouver l’écriture de l’auteure. Je n’ai pas été déçue.
De sa toujours très belle plume, coruscante, bariolée presque, extrêmement travaillée, riche de jeux de mots,
"Toi, tu as juste une gueule, de bois et de travers, la gueule des mauvais jours. Pas la gueule de l’emploi."
d'allusions littéraires,
"Aimé Vacher resserre le col de sa capote. Il manque deux boutons à son vêtement, deux trous au côté droit."
" L’île de Batz est ton indienne d’île. Jamais tu ne verras ton sang ne faire qu’un tour au large d’Ouessant, ni tu ne sentiras ta fin arriver au large de l’île de Sein."
l’auteure, subtile, donne la parole à Tristan Corbière. Il pénètre dans le camp de Conlie, dans la région mancelle, aux côtés de son beau-frère Aimé et rejoint nombre de soldats bretons arrivés là pour former l’armée de Bretagne et arrêter les Prussiens. Hélas, dépourvus d’armes qui n’arrivent pas, affamés faute de ravitaillement, ils pataugent dans la boue. Ils dorment sous la tente, le plus souvent affublés de vêtements mouillés. Et ne résistent guère aux diverses maladies contractées. Elle fait ainsi de ce grand poète breton le témoin d’un épisode peu glorieux de la guerre de 70.
C’était osé de la part de Fabienne Juhel de se lancer un tel défi. C’était osé d'utiliser le poète, en réalité réformé, de faire fi de la chronologie, de lui organiser une rencontre avec Jean Moulin, même si ce dernier fut un temps Sous-Préfet de Châteaulin. C’était osé d’introduire aussi Max Jacob et même Colette Pons la collaboratrice de Jean Moulin dans le cadre de ses activités de camouflage en marchand d’œuvres d’art. Mais elle y réussit parfaitement. Le mélange des petites histoires à la grande fonctionne à merveille. Si je peux reprocher peut-être un manque d’action – mais y en avait-il ? – je me suis laissée transporter dans un passé honteux de ma région natale, passé que j’ignorais totalement. Et surtout, surtout, cet ouvrage m’a incitée à relire les poèmes de Tristan Corbière et notamment la "Pastorale de Conlie". Tristan Corbière, ce fameux poète maudit.
J’attribue aussi un bon point aux Editions Bruno Doussey pour le format de l'ouvrage, peu commun et la couverture striée, couleur du feu, qui donne au visage du poète un magnifique éclat.
https://memo-emoi.fr
La chienlit à Conlie. C’est un épisode peu glorieux de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 que Fabienne Juhel nous raconte. Durant de longs mois, on a abandonné à leur sort des milliers de soldats venus de Bretagne. Sans arme, sans entraînement et parfois sans ravitaillement décent, ils ont pataugé dans la boue en attendant un ordre de Gambetta (surnommé « Gros Bêta »). L’auteure a choisi le poète Tristan Corbière pour témoigner de l’absurdité de la situation de ces hommes (« un bouffon au milieu des trouffions ») dont l’état-major se méfiait pour une hypothétique propension à la chouannerie. Entre éléments biographiques, références à la grande Histoire (Jean Moulin est de la partie) et roman de guerre, l’auteure ne choisit jamais son camp. C’est le principal reproche que je lui ferais. Avec les soldats, on tourne en rond. On a l’impression que les mêmes sujets sont sans cesse rabâchés. L’action fait défaut. L’attente évoquée ne réussit pas (comme « le désert des Tartares » de Buzzati) à devenir un sujet. C’est dommage parce qu’il y a dans ce livre atypique de très belles pages de littérature (pages 16-20, 84, 101, 141-142) et on voudrait en savoir plus sur Tristan ou encore sur Camille, la femme qui lui envoie des nouvelles cocasses des parisiens assiégés, réduits à se nourrir des animaux du zoo (passages instructifs et non dénués d’humour). C’est le genre d’ouvrage qui ne passerait jamais les portes d’un grand éditeur mais qui peut réjouir un lecteur friand de curiosités, même imparfaites. Quoi qu’il en soit, cela m’a donné envie de lire d’autres ouvrages de cette auteure dont la langue est très belle. La connaissez-vous ?
Bilan :
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Je suis en train de le lire et pour une fois j'ai lu une chronique avant de poster la mienne. Je ne suis pas suffisamment avancée dans le roman pour approuver ou non vos réticences. Je suis juste subjuguée par la langue et l'originalité à la fois du propos et de son traitement. Bretonne, je connais Tristan Corbières et ses poèmes et suis heureuse de m'y replonger.J'ai fait la connaissance de l'auteure il y a deux ans à Quintin lors du salon du livre de caractère dont elle est organisatrice. J'ai lu "La femme murée", tirée d'un fait divers, histoire d'une femme marginale à Saint-Lunaire et qui habite une drôle de maison. L'écriture, déjà, m'avait bluffée. De même "La chaise n°14", l'histoire d'une femme, encore, tondue à l'issue de la seconde guerre mondiale pour avoir aimé un soldat allemand. Ce roman est d'une rare beauté, un portrait de femme à couper le souffle, une histoire d'une émotion incroyable. Alors que la Mâle-Mort ne puisse passer les portes d'un grand éditeur me navre mais le livre est tellement beau par son format et sa couverture qu'après tout, ce n'est peut-être pas plus mal.