Dans le paysage d'eau et de brume de la Bassa, la basse plaine du Pô, le commissaire Soneri est à l'aise. Avec les anciens du coin, il est le seul à bien connaître cette partie du fleuve, à savoir se déplacer entre les rives, les plaines inondables, les fermes éparpillées dans une terre qui semble désormais habitée par des fantômes. Alors quand deux cadavres surgissent soudainement, c'est lui qui est chargé de l'affaire. La première victime est un jeune Hongrois, trouvé dans la boue de la rivière tué d'une balle dans la tête ; le second, un ancien commandant partisan, mort peut-être de vieillesse et de solitude dans sa maison isolée au milieu des peupliers. Deux histoires différentes, mais liées par un fil. Il faudra un certain temps à Soneri pour le retrouver, au cours d'une enquête qui le conduit dans les eaux troubles du nouveau terrorisme rouge, mais aussi dans le passé, au moment de l'occupation allemande...
Il croisera au cours de ses pérégrinations, et pour notre plus grand plaisir, quelques personnages inoubliables des bords du fleuve, dont Carega, un professeur à la retraite à la sagesse de philosophe.
C'est le premier livre avec le commissaire Soneri que je lis. Il a des allures de Colombo, Maigret et autre policier qui mènent des enquêtes à leur rythme. Sur les rives du Pô, complètement noyées par le brouillard, se croisent des pêcheurs issus des pays de l'est et des trafiquants de tous bords. Des cadavres pour lesquels le commissaire va tout mettre en oeuvre pour que justice leur soit rendue. Des remarques et des constatations sur la société actuelle et les pertes de repères des jeunes. Continuer à travailler avec honnêteté, lorsque tout se délite quant à la morale et les difficultés rencontrées pour assurer le quotidien.
Certains passages sont frappants de vérité et collent, complètement, aux préoccupations actuelles.
C’est déjà le 6ème roman publié en France avec pour personnage central le commissaire Soneri et c’est le premier pour moi… assurément pas le dernier.
Ici l’intérêt ne réside pas seulement dans l’enquête, même si elle est intéressante. Ce n’est pas tant le résultat qui compte mais le cheminement de ce commissaire hors du commun. Un chemin riche en réflexions, pensées philosophiques (Varesi est diplômé en philo). Un chemin à l’ambiance brumeuse, à l’image du fleuve parmesan, le Pô, qui sort de son lit puis y retourne, révélant parfois des éléments clés de l’intrigue.
Soneri, personnage captivant, vieillit et se pose de nombreuses questions. Cette enquête ne lui donnera que trop peu de réponses… Sur sa relation avec la piquante Angela, sur la société actuelle et ses valeurs, sur le rôle de la police… autant de problématiques abordées subtilement entre 2 plats d’anetti au bouillon (la gastronomie locale a une place prépondérante pour Soneri qui réfléchit mieux le ventre plein).
Au final, un formidable polar à l’ambiance brumeuse autour d’un personnage riche et hyper intéressant. Une atmosphère unique, un brin mélancolique pour ce 6ème opus d’une série que je vous invite à découvrir pronto !
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