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" La guerre, dit Alain, naît des passions. Assurément, celle de " 14-18 " ne peut se réduire à un jeu de causalités politiques ou économiques. Aujourd'hui encore, elle n'a pas fini de susciter des réactions passionnelles, que l'on parle des mutineries françaises ou des crimes de guerre allemands. On ne met pas impunément en ligne des millions d'hommes sans que, dans toute l'Europe, les traces n'en soient profondément inscrites dans plusieurs générations.La " grande " guerre était déjà " totale " et doit être envisagée aujourd'hui comme telle. Elle a eu, dans l'horreur, un rôle pionnier. Les innovations " scientifiques " de la civilisation industrielle ont permis d'envoyer sans crier gare de nombreuses victimes au fond de l'Océan, dans les hôpitaux des gazés par milliers, dans les camps de concentration les premiers déportés et les populations " déplacées ", sans oublier le " génocide " des Arméniens. De ce point de vue, la Grande Guerre n'est pas du XIXe siècle, elle est bien du nôtre, de l'atroce XXe siècle.On l'appelle aussi " Première Guerre mondiale ". Elle le mérite à plus d'un titre. D'abord parce qu'elle a justifié en partie la prédiction de Lénine: elle a bien engendré la révolution _ dans un seul pays, il est vrai. Ensuite, parce qu'elle a fait franchir l'océan à près de deux millions d'Américains, ce qui, pour les adeptes de la doctrine de Monroë, constituait une première.Le propre de cette guerre est d'avoir confronté, plus que rapproché dans la mort, des peuples jusque-là dominés par des " empires " ou des " alliances " plus ou moins inégales. Ce que l'on appelle, d'un mot peu clair, l' " impérialisme ", tenait, en 1914, les peuples d'Europe et du Moyen-Orient dans un carcan serré de contraintes. Le carcan, avec la guerre, a volé en éclats.La Grande Guerre a éveillé, contre les rapports inégaux de peuples inégaux, un formidable désir de liberté. De ce point de vue aussi, elle est résolument moderne. Ajoutons que, pour nous, elle reste par excellence une guerre française. Notre peuple a participé jusqu'à l'épuisement, avec un étonnant esprit de sacrifice, mais aussi avec une efficacité cardinale, à un grand mouvement de l'histoire. "Pierre Miquel, agrégé d'histoire, professeur à Paris-Sorbonne, est producteur d'émissions (télévision, radio). Il a publié, notamment, chez Fayard, Histoire de la France, Les Guerres de religion, La Seconde Guerre mondiale et Les Hommes de la Grande Guerre.
Un gros pavé mais passionnant. Des souffrances et des sacrifices inouïs, tout cela pour la,plus grande gloire de politiques d e cabinets ministériels prêts à sacrifier la dernière goutté de sang des combattants, des affairistes de tout poil dans leur conseils d’administrations feutrés, des chefs d'état major bien au chaud dans leur bureaux confortables. Tous ces sacrifices humains exigés pour le dieu "Balles" ...pour préparer le nazisme...
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