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Qui est-elle, Sofia, la fille derrière le comptoir ? Avec Chloé et David, elle travaille « Chez Ben », snack de quartier. Et puis elle a un mari, elle voudrait un enfant. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, simple et tranquille. Cet emprunt à Paul Verlaine incarcéré dit bien ce que ressent le coeur à lire La Fille derrière le comptoir. Anna Dubosc nous emmène dans ce monde-là, qui est aussi celui des frères Dardenne, où la simplicité dit la complexité de la condition humaine.
Chère Sofia
Vous m’avez accompagnée le temps d’une soirée et j’étais bien en votre compagnie. Bien sûr, elle n’est pas trop gaie votre compagnie, vous vous êtes résignée. Votre vie semble vide comme le ventre que votre mari ne veut ensemencer. Vos jours sont gris, tristounets, vides entre un mari silencieux et aux abonnés amoureux absents et votre cousine insouciante. Heureusement, vous avez votre travail !! Vous êtes la fille derrière le comptoir, mais comme vous l’illuminez de votre présence ce comptoir. A fourbir le sol, derrière les frigos et que sais-je encore !!! Et puis, vous aimez mettre les mains dans la farine, cuisiner pour vos clients dont vous connaissez les goûts, enfin pour les habitués. Là, vous éclairez la boutique brinquebalante de votre présence. Quelques clients vous draguent, Malik est dingue amoureux, mais vous ne le voyez pas, vous ne voulez pas le voir trop occupée à sentir ce ventre vide, à faire tourner cette boutique dont David, le fils du patron et Benoit, dit Ben, le père de David s’en contrefoutent tant vous travaillez bien.
La monotonie, la grisaille, la frustration sont partout et arrivent en vous. Pourtant, vous voudriez tant qu’un arc-en-ciel arrive sous la forme de cette petite fille que vous espérez tant. Vous osez vous rebeller, le mot est trop fort, vous osez faire la grève de l’amour pour rompre cet ennui, mais pas trop longtemps, une caresse, une petite attention vous suffisent. Comme dans le poème d’Aragon : Un mot m'était promission Et je prenais les campanules Pour les fleurs de la passion
Oui, comme nous, vous êtes banale ; votre vie quotidienne est faite de petits riens. Vous n’avez pas de grands discours, vos phrases, vos dialogues sont d’une grande banalité, mais tellement vrais. Vous êtes une fourmi dans la fourmilière et Anna Dubosc vous en a extraite avec délicatesse pour faire un portrait sincère et beau de la jeune femme frustrée, résignée que vous êtes. Je vous le souhaite cet enfant, mais sera-t-il un enfant de l’amour ???
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