Dans un village québécois, à la lisière d'une forêt de conifères, une petite fille se sent différente ; tout le monde croit qu'elle est un garçon. Souliers toujours trop petits, coupe champignon loin de la chevelure dont elle rêve, elle se fait traiter de fille manquée, fume des cigarettes pour ne plus grandir et traîne pendant toute son adolescence un garçon mort dans son portefeuille. Jusqu'à ce qu'un jour, elle décide de quitter Saint-Siméon et de devenir elle-même.
Lorsque l’on voit les photos de @gabrielle.boulianne.t , on est saisi par la finesse de ses traits et l’intense féminité qu’elle dégage.
Et pourtant elle est née dans un corps de garçon. Un corps qu’elle a ressenti très tôt comme une anomalie. « Une prison de chair », « une maison abandonnée » dans laquelle elle va devoir grandir. « Un jeune homme mort » qu’elle va devoir traîner sur ses papiers d’identité pendant de longues et douloureuses années.
Ce roman c’est le récit bouleversant de son cheminement depuis St Siméon, un petit village en lisière de la forêt québécoise, où elle grandit avec très tôt le sentiment de sa différence, dans la stigmatisation et le rejet, jusqu’à Montréal où enfin des années plus tard elle renaîtra d’elle même. Un chemin long, douloureux, pavé d’épreuves et de rencontres, de soutiens et de séparations qu’elle conte dans un roman poignant, dans un témoignage fort et important, un cri du coeur qui remue et marque durablement. Un roman d’une telle sincérité, d’une telle authenticité qu’il ne peut laisser indifférent. L’autrice ne tait rien de la solitude qui a été la sienne, des déceptions, de l’incompréhension et des souffrances qu’elle a traversées. Mais elle dit surtout la détermination qu’il lui a fallu pour parvenir à être enfin elle même, une détermination seule alternative pour continuer à vivre.
Un combat qui force l’admiration, qui ne peut laisser insensible. Loin de tout voyeurisme il est surtout empreint d’une profonde humanité. Quant à l’écriture elle est à fleur d’émotion, vibrante et poétique. Et incroyable, on entend, en lisant, l’accent chantant du Québec.
Un livre au message fort, un concentré d’émotions brute et un plaidoyer pour la tolérance, déchirant et beau. La preuve éclatante du pouvoir des livres. Puisse celui ci ouvrir grand les esprits.
Ps: reconnaissance infinie à @ericchacour qui m’a chaleureusement recommandé ce livre lors de son passage à Toulouse, avant quelques jours plus tard d’en parler sur les ondes…
"La fille d'elle-même", c'est l'histoire de la naissance d'une femme, née dans un corps d'un garçon. Premier roman de Gabrielle Boulianne-Tremblay, ou plutôt première autofiction de l'auteure qui ose aborder la complexe question de la transidentité dans un témoignage vibrant, poétique, parfois très dur mais complètement rempli d'humanité.
Le récit commence dans un petit village québécois, entouré de forêts, où une petite fille se sent différente : tout le monde croit qu'elle est un garçon. L'adolescence arrive, la vie s'accélère, les questions et les tourments identitaires prennent le dessus.. jusqu'au jour où quitter le petit village devient urgent pour devenir elle-même..
Prix des libraires du Québec, et comme je comprends pourquoi, ce roman est un véritable coup de coeur. Coup de coeur pour l'histoire, pour les personnages, pour les lieux, pour les souvenirs de l'auteure, pour les questionnements, pour l'ouverture au monde, pour la plume de Gabrielle à la fois douce, poétique mais parfois d'une grande violence comme quand la vie ne nous fait pas de cadeau.
Cependant, si ce roman aborde la transidentité, il ne s'adresse pas uniquement à une minorité, mais surtout à ceux qui ne connaissent pas la réalité et la vie plus que compliquée des personnes trans et qui aimeraient la comprendre, la vivre à travers des mots et des émotions.
A travers une écriture libre, fluide, prenante, imagée, Gabrielle Boulianne-Tremblay fait de ce premier roman, une sorte de roman éducatif, sans tomber dans la lourdeur et des détails interminables. C'est ce qui fait que ce roman est grand et beau. Il suffit juste de lire les quatre premières pages pour être totalement happé ! Bravo Gabrielle !
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