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Une symbiose atypique. Telle pourrait être considérée La Chevauchée des étoiles, titre joycien à souhait, juste expression d'une rencontre inédite entre un chef d'orchestre - Daniel Kawka - et un librettiste- metteur-en-scène - Kristian Frédric - qui se forge autour de l'opéra du brillant Benoît Menut - Fando & Lis -. Sa musique obtempère une polyphonie sereine et délibérée envers l'étrange récit de Fernando Arrabal, un incessant enthousiaste créateur. Il vrille au temps la mémoire de ceux qui savent l'exclusion, toujours en quête du merveilleux, inatteignable apparemment. Durant le temps des répétitions, certains aléas du metteur en scène furent notés par le chef d'orchestre, pour percuté qu'il fut, concevant naturellement une sorte de mémorandum ou, plus succinctement exprimé, un talisman. Ainsi naquirent ces Conversations Musique Scène saluées par Alain Mercier comme « du jamais vu » et mises en lumière par Philippe Olivier pour lequel « ce très beau livre de réflexions résulte d'une magnifique réalisation de spectacle vivant. » Cet ouvrage à quatre mains, telle une partition où l'exigence est sans appel, nous confronte à un dialogue d'une rare portée.
Kristian Frédric pourrait incarner l'archétype de l'artiste : entier, enthousiaste, survolté, à fleur de peau, il s'est choisi différents modes d'expression. À l'instar de son précédent livre À feu et à sang ou le désir brûlant (Éditions de La Pleine Lune, 2007), au style alerte et vif, Kristian Frédric a un parcours singulier, fils de la rue et ancien boxeur amateur, il utilise le théâtre comme une arme pour dénoncer « un monde amnésique et inhumain ». Après avoir été pendant une quinzaine d'années technicien et assistant metteur en scène auprès de créateurs, parmi lesquels Patrice Chéreau. Depuis 1983, il signe ses propres mises en scène, une trentaine à ce jour. Longtemps absorbé par le théâtre, il a été sollicité pour la mise en scène d'opéra depuis 2012 et pour l'écriture de livrets depuis 2014. Il signe pour l'opéra : Orphée et Eurydice de Gluck, performance opératique avec deux autres metteurs en scènes européens (Staatstheater Nürnberg, 2012). Quai Ouest de Régis Campo d'après l'oeuvre éponyme de Bernard Marie Koltès dont il signe la mise en scène et le livret avec Florence Doublet (Opéra National du Rhin lors du Festival Musica 2014, et en version allemande au Staatstheater Nürnberg, 2015). Cavalleria Rusticana de Mascagni et I Pagliacci de Léoncavallo (Opéra National du Rhin, 2017). Fando et Lis de Benoît Menut d'après l'oeuvre éponyme de Fernando Arrabal dont il signe le livret et la mise en scène (Opéra de Saint-Étienne, 2018). Aliénor « Allah i nour - Reines de lumière » d'Alain Voirpy dont il co-signe le livret et signe la mise en scène (Opéra de Limoges 2021). Quelques-unes de ses mises en scènes au théâtre : Ils crèvent les yeux aux colombes adaptation de François Douan et Kristian Frédric d'après l'oeuvre éponyme de Fernando Arrabal (1992) (France). Le Récit de Colometa de Mercé Rodoreda adaptation d'Isabelle Sadoyan et Kristian Frédric (1997) (France). Témoignages de lutte et de résistances de Eva Forest adaptation Kristian Frédric (1998) (France). La nuit juste avant les forêts de Bernard Marie Koltès (2000) (France / Québec / Canada / République Tchèque / Pologne). Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre Siméon (2003) (France). Ya Basta de Jean-Pierre Siméon (2004) (France / Luxembourg). Big Shoot de Koffi Kwahulé (2005) (France / Québec / Canada). Jaz de Koffi Kwahulé (2011) (France / Québec / Canada / Suisse). Andromaque 10-43 d'après Jean Racine (2014) (France / Suisse / Québec). Scapin où la Vraie Vie de Gennaro Costagliola (2016) et Camille « l'art, la beauté ne peut plus me sauver » de François Douan (2018) (France). Lauréat de la Villa Médicis Hors Les Murs 2005 et décoré de l'ordre de Chevalier des Arts et des Lettres en France, il enseigne le théâtre, notamment à l'École Nationale de théâtre du Canada à Montréal. En 2010, le Routledge publie un article dans lequel Kristian Frédric est présenté comme l'un des 20 meilleurs metteurs en scène européens de sa génération. Un des rêves qui l'anime : écrire un livret et mettre en scène un opéra sur son mentor le boxeur Mohamed Ali.
Daniel Kawka : D'Hendrix à Boulez ! D'un concert donné au mythique Golf Drouot à la chaire de Professeur d'Université, d'une main gauche galopant sur le manche d'une Fender stratocaster à une main droite dirigeant les Notations de Pierre Boulez en première création à Moscou, d'un Tristan und Isolde de feu en fosse d'orchestre au brûlant Euphonia de Michael Levinas quel est le lien ? La trame ? Le Fil conducteur ? La passion pour le son, pour la grande ligne, le dessin vocal et instrumental, la fusion de l'espace et du temps, la dramaturgie qui portent intensité vibratoire et expressivité, cette corde d'argent qui vous relie à l'univers de la Musique, qu'elle soit populaire, traditionnelle ou savante. Daniel Kawka n'a pas rencontré Jimi Hendrix, il l'a imité, dans le même temps il découvre Parsifal, bouleversé par le son wagnérien, une cosmogonie, s'identifie au personnage, ce chaste fol, entreprend à son tour un chemin initiatique à travers l'étude, musicologique, théorique (écriture, instrument, composition, direction d'orchestre...), musicus et cantor, dirige dans la lancée huit des dix ouvrages majeurs de Richard Wagner dont la Tétralogie, s'enivre de la musique de Maurice Ravel, rédige une thèse sur la musique française à travers l'oeuvre d'Albert Roussel, embrasse une carrière internationale, parcourant les répertoires d'ensemble, répertoires symphoniques et lyriques, entre Amérique, Europe et Asie. Son destin l'amène sur le chemin de Pierre Boulez. Il se lie d'amitié, dirige au pied levé à Dublin son Marteau sans maître à la tête de l'Ensemble Intercontemporain, dirige l'intégralité de sa musique, enregistre quelques-unes de ses oeuvres mythiques, Dérive 2, Marteau sans Maître..., parcourt dans le même temps, à la tête de l'Ensemble Orchestral Contemporain qu'il a créé, tout le répertoire de notre temps, activité qui le lie à la communauté mondiale des compositeurs. L'amour du son, du son d'orchestre, charnel, ivre de couleurs, tellurique, transcendé par une humanité d'artistes, ce son qui vous capte, vous pénètre, ce son « rock » est ce lien entre Hendrix, Wagner et Strauss - le Strauss de Salomé et des grands poèmes symphoniques - cette secrète filiation entre Beethoven, Berlioz, Wagner, Mahler, Strauss, Bartok, Stravinsky, Messiaen, Boulez, Dufourt, Cendo, Robin... Sa passion pour l'opéra, la dramaturgie, le théâtre, la voix, conduit Daniel Kawka à diriger une trentaine d'ouvrages lyriques majeurs, opéras français, italiens, allemands, russes, dont huit créations. L'orchestre symphonique Ose ! crée en 2013 porte toutes les utopies et transcende les modèles, en témoigne l'événement Léman Lyriques Festival crée en 2019 , l'Académie internationale de création symphonique, la future Académie internationale Richard Wagner. Un credo, partager la beauté des grands chefs-d'oeuvre, l'excellence et l'émotion avec le plus grand nombre. Fulgurance : diriger Rosenkavalier, Salomé au Wiener Staatsoper. Plénitude : diriger Parsifal, Tristan und Isolde, der Ring au Festival de Bayreuth.
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