Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Il me tente bien
La belle Ichrak est retrouvée un matin assassinée dans une rue de Casablanca. Tous les hommes la craignaient autant qu'ils la convoitaient... L'enquête, racontée par un jeune Congolais récemment arrivé au Maroc, est prétexte au portrait de groupe d'un quartier populaire. Avec sa vision acérée d'une réalité amère et son humour mordant, In Koli Jean Bofane dénonce la corruption des puissants, les magouilles immobilières, la précarité des migrants et la concupiscence masculine.
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Le seul titre me fait penser à une chanson de Luis Mariano que chantait beaucoup mon père : La belle de Cadix a des yeux de velours… La similitude s’arrête là.
Ichrak fait se pâmer tous les mâles du quartier populaire de Derb Taliane lorsqu’ils la regardent déambuler. Il se dégage d’elle un magnétisme augmenté par l’ondulation hypnotique de ses hanches.
Mais voilà, Ichrak est découverte morte une estafilade mortelle lui ayant coupé la carotide. Sese Tshimanga, son grand ami, a fait la macabre découverte. « Elle ne ressemblait plus à Ichrak, une balafre lui barrait la poitrine et avait découpé son vêtement : une gandoura noir, brodée de fil d’or. ». A Mokhtar Daoudi, le flic du quartier, de trouver le coupable
A partir de là, l’auteur raconte la vie quotidienne de Sese, migrant sans papier, arrivé, sans l’avoir voulu, à Casablanca. Depuis, il se débrouille avec de petits boulots, de petits trafics. « Sese était ce qu’on appelle un brouteur, un genre de cyber-séducteur africain. » Il séduit, via internet, les femmes esseulées occidentales. Très bon comédien et jamais à court d’idée, il les manipule, les fait craquer juste par ses paroles et elles lui envoient des mandats. C’est ce qu’il propose à Ichrak la sauvage qui, contre toute attente, accepte et essaie de séduire les mâles européens. Il n’y aura jamais rien entre eux que du respect. C’est sa grande sœur, son amie, sa « pire moto na ye ».
Le, leur, quartier est menacé par les promoteurs qui voudraient en faire un quartier classe avec de beaux immeubles. Avant, il faut déloger les miséreux et ce n’est pas chose facile, malgré les sbires de la belle madame Azzouz, mandatée par l’émir saoudien Saqr al-Jasser. Le saoudien sait ce que peut rapporter l’exploitation d’un concept. « Il comptait agir de même en construisant, sur les ruines de Derb Taliane et qui quartier Cuba des infrastructures au design futuriste, un hôtel cinq étoiles…. »
In Koli Jean Bofane brosse une peinture réaliste de ce quartier, de sa vie de misère, de tous les migrants qui y vivent, se débrouillent, du racisme latent… Une comédie sociale qui peut tourner au drame et le Chergui, vent qui rend fou, n’est pas là pour apaiser les corps et les esprits. Le petit plus, ce sont les expressions africaines que j’ai trouvées dans ce récit et, petits clins d’œil à nous lecteurs français de France, certains renvois comme l’explication du vase de Soissons.
Un livre plus social que policier, lu d’une traite et qui, malgré les différents thèmes sociaux abordés est bienveillant. In Koli Jean Bofane a l’art de dresser un portrait, un paysage, une action en peu de phrases imagées. Une description de Casablanca qui n’est pas celle des dépliants touristiques. Le marché aux esclaves qu’est devenu la Lybie fait froid dans le dos tant il est inhumain à l’heure de la mondialisation, les plus pauvres ne sont que monnaies d’échange sonnantes et trébuchantes.
J’ai beaucoup apprécié son écriture rythmée, vive, gaie, réaliste mais habillée d’une certaine poésie, où l’humour caustique ou pas est présent.
Monsieur In Koli Jean Bofane vous êtes un conteur qui sait captiver ses lecteurs.
Une très belle découverte et un coup de cœur
Lecture commune dans le cadre du cercle des lecteurs de la librairie le Cyprès
Dans Casa la belle, migrants et voyous se rencontrent dans les quartiers populaires. Sese est un jeune clandestin arrivé de Kinshasa. Il a atterri là alors qu'il pensait arriver en Normandie. Depuis il vivote en faisant casquer sur internet quelques européennes en mal d'amour, en les amadouant et en leur promettant la lune. Il était associé dans son petit business avec Ichrak.
Un matin, dans une ruelle peu fréquentée, il découvre la belle Ichrak morte, ensanglantée. Ichrak n'a pas de père et sa mère, la farouche Zahira, est folle depuis longtemps. Alors qui pouvait bien lui en vouloir ? Tous ! Car Ichrak la sublime avait la langue bien pendue et ne s'en laissait pas conter.
Et certainement pas par tous ces hommes concupiscents qui la guettaient et rêvaient de la soumettre à leur volonté. Ces nombreux hommes qui évoluent autour d'Ichrak, à commencer par le commissaire Daoudi, qui mène l'enquête. Lui-même est tombé sous le charme de la belle, mais n'a jamais réussi à la faire plier. Il y a bien sûr Sese le migrant, mais aussi Nordine le voyou, Farida la femme d'affaires avertie et son mari le très ambigu Cherkaoui, qui entretient une bien étrange relation avec Ichrak.
Dans ce quartier misérable, les migrants arrivent du Congo, du Cameroun, du Sénégal. Ils n'ont pas trouvé d'issue à leur course vers l'Europe et ont posé ici leurs maigres bagages. Ils squattent des immeubles miteux lorgnés par les promoteurs. Ces derniers rêvent de transformer les quartiers pauvres de Casablanca pour les proposer aux plus riches, centres commerciaux, palaces, immeubles de luxe remplaceraient opportunément ces ruines, pourvu que l'on puisse en chasser les habitants. Et l'auteur nous décrit, avec une gouaille et un sens du dialogue qui nous embarquent dans une sordide réalité, les malversations, magouilles et affaires qui se trament ici sous le manteau.
Chronique complète sur le blog https://domiclire.wordpress.com/2018/10/03/la-belle-de-casa-in-koli-jean-bofane/
Avis de la page 100 :
La belle Ichrak est retrouvée assassinée dans une rue de Casablanca, mais pour l'heure le meurtrier n'est pas arrêté , beaucoup de suspects apparaissent car cette jeune fille était très remarqué par les hommes.
Elle avait un ami, un certain Sese qu'elle ne craignait pas car il la respectait alors la suite de l'histoire se profile en une enquête qui je l'espère saura me combler.
Ichrak est retrouvée morte au petit matin par son ami Sese Tshimanga. La plus belle fille du quartier de Cuba, à Casablanca, ne fera plus tourner les têtes de tous les mâles du coin.
Le commissaire Mokhtar Daoudi ouvre une enquête mais n’ira pas très loin dans ses investigations.
Résoudre le meurtre d’une fille, soit disant aguicheuse, vivant avec sa mère, folle, ne fera pas avancer sa carrière de policier.
L’auteur, In Koli Jean Bofane, nous dresse un portrait haut en couleur des habitants des quartiers Cuba et Derb Taliane. « La Belle de Casa » fourmille de gens plus ou moins honnêtes dans la vie. Il est un conteur hors pair, avec un vrai sens du dialogue. Il a un humour caustique, bien aidé par certaines paroles du rappeur Booba :
« La rue m’a rendu fou, je suis fou d’elle
Je n’ai d’yeux que pour elle
La seule qui me convienne
Je suis tombé pour elle »
« Rien à foutre, si tu parles mal, on va t’allumer
J’veux pas faire la paix mais j’veux bien fumer le calumet. » (page 107)
Le personnage qui va servir de fil rouge dans le livre est bien sûr Ichrak. Elle est révoltée par la concupiscence des hommes. Elle ne supporte plus ces regards appuyés du fait de sa belle silhouette. Elle veut être respectée dans ce monde machiste.
L’absence du père, dès sa naissance, la hante. Est-ce qu’il habite le quartier, Casablanca ou était-il un étranger de passage ?
Ichrak vit avec sa mère, Zahira. A l’âge de sa fille, elle aussi, était considérée comme la plus belle fille du quartier. Elle a un don pour prédire l’avenir. Beaucoup de personnes viennent la voir.
Et puis, on fait la connaissance de Sese Tshimanga. Venu du Congo pour immigrer en France ou en Belgique, son passeur l’a largué au large du Maroc, en plein océan Atlantique.
« Quand Sese avait embarqué, l’Algérien lui avait pris près de la moitié de son argent en dollars. La sorte de cachot qu’il lui avait offerte était un réduit dans la cale du sardinier. Il ne pouvait même pas s’y allonger complètement. Le voyage lui avait paru long, mais finalement il ne l’était pas assez, car une nuit Farès lui ouvrit la porte après lui avoir fait ramasser son sac…. Farès, d’une bourrade, venait de le faire chuter dans un canot pneumatique aussi flétri qu’un ballon de baudruche après une nuit de fête agitée. » (pages 15-16)
Il vit de petits « boulots » et essaie d’entraîner Ichrak dans sa combine.
« Parce que Sese était ce qu’on appelle un brouteur, un genre de cyber-séducteur africain. Un de ces types - très jeunes, souvent - qui entretiennent une cour avec quelques dizaines, parfois même des centaines, de femmes amoureuses, pratiquant une drague forcenée dans le but de leur soutirer de l’argent en jouant sur les stéréotypes de l’Afrique indigente…. » (page 20)
Nous avons ici les trois principaux personnages du livre d’In Koli Jean Bofane.
L’auteur nous dépeint, aussi, ces petites frappes, toujours prêtes pour un sale coup, du moment que ça paie bien : Nordine Guerrouj et Yacine Barzak.
Les riches ne sont pas épargnés : Saqr al-Jasser, millionnaire saoudien venu faire des affaires à Casablanca. Il veut construire des immeubles de luxe à la place des quartiers Cuba et Darb Taliane, pauvres et délabrés.
Son homme de main est une femme : Farida Azzouz.
« Parce qu’à Casablanca, la pauvreté était insolente, elle ne se dissimulait pas derrière un périphérique, elle faisait face à la richesse, celle qui s’affichait par des parois de béton et de verre conçues par des architectes prestigieux. » (page 18)
En toile de fond souffle le Chergui, appelé le Sirocco en Europe, qui peut rendre fou n’importe qui.
« Chergui déferlait sur le pays et les peuples s’y étaient accommodés de génération en génération depuis des millénaires. Ces derniers temps, pourtant, le vent perdait de sa suprématie sur les terres qu’il traversait jadis…. le Changement climatique pouvait désormais exposer clairement sa volonté de s’accaparer du pouvoir sur le globe…. Tout ce à quoi Chergui aspire, c’est survoler la Méditerranée en passant par Gibraltar, les Baléares, poursuivre vers la Provence, la Sicile, le Mezzogiorno et accomplir le destin qui lui a été assigné en devenant Sirocco dans ces contrées-là. » (page 37)
Dans ce livre, l’auteur développe certains thèmes : la corruption immobilière, la concupiscence masculine, la précarité des migrants. Il situe son histoire à Casablanca mais, au fond, ces thèmes sont universels.
Je ne peux pas finir ma critique sans parler de la superbe couverture du livre. Avoir Keziah Jones, en photo, c’est de la bombe comme pourrait le dire le rappeur Booba.
In Koli Jean Bofane nous fait entrer de plain-pied dans l’histoire de ce roman avec l’annonce, dès les premières lignes, de la mort d’Ichrak.
On comprend très vite que la belle jeune femme a fait tourner bien des têtes au sein du quartier de Casablanca où elle vivait. Et chacun des protagonistes dont elle a croisé la route devient potentiellement un suspect. Y compris le jeune congolais, Sese avec qui elle a mis sur pied un « business » sensé leur rapporter de l’argent.
Je me suis très vite sentie embarquée dans cette intrigue et par la plume de l’auteur, que je découvrais avec ce roman.
In Koli Jean Bofane manie habilement l’humour féroce mais pose aussi des mots très lucides sur les travers de cette société moderne où les trafics, les arrangements, la corruption, la précarité et la violence sont omniprésents.
Étrangement, la première partie de ce roman m’a rappelé le livre de Jean-Christophe Rufin, Le Suspendu de Conakry, notamment dans la façon de détailler les personnages et de mettre des touches d’humour tout au long du récit. Je pensais d’ailleurs que le livre nous amènerait à suivre le commissaire Daoudi dans son enquête pour résoudre le meurtre. Toutefois, on s’aperçoit vite que la mort d’Ichkar est surtout un point de départ pour raconter la vie de ce quartier de Casablanca où s’entrecroisent les vies des différents personnages, galerie de portraits savoureux et la recherche du meurtrier devient presque accessoire.
La seconde partie prend d’ailleurs un tour plus grave au fur et à mesure que se dessinent le portrait, le parcours et la vie d’Ichrak mais aussi de sa mère, Zahira.
J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur nous amène à aimer ses personnages et à s’intéresser à leurs difficultés, sans doute parce qu’on ressent une certaine tendresse de sa part pour Ichkar et Sese notamment, tendresse qu’il nous fait totalement partager. La jeune femme libre, fougueuse, fière porte en elle la blessure de l’absence d’un père et le fait que sa mère ne veuille pas lui parler de ses origines. Elle devient presque naturellement amie avec Sese, clandestin, arrivé au Maroc à cause d’un passeur escroc et adepte du système D pour s’en sortir. Ces deux personnages sont véritablement attachants.
Un autre point très positif est que ce livre m’a permis de connaître de nombreux détails de l’histoire du Congo, pays dont est originaire Sese.
Au final, une très jolie découverte en ce qui me concerne et un livre qui contient tout ce que j’aime dans un roman : des personnages attachants, une intrigue qui, sous couvert d’enquête criminelle, nous amène à une réflexion plus large, beaucoup d’humour mais aussi d’empathie pour les personnages et une écriture très fluide qui fait que le livre se lit d’une traite.
Rendez-vous de la page 100
J’ai commencé la lecture du livre de In Koli Jean Bofane sans aucun a priori et sans connaître l’auteur, je l’avoue.
Et le charme a tout de suite opéré. Une intrigue qui démarre dès les premières lignes, des personnages bien campés et auxquels on s’attache vite, beaucoup d’humour et une écriture fluide, tout cela m’a rapidement happée et j’ai hâte de savoir où me mènera le dénouement à travers les rues de Casablanca !
Chronique :
Alors que le chergui, un vent violent, souffle sur Casablanca, la colère gronde dans la ville. La belle Ichrak vient d'être assassinée dans une ruelle d'un quartier populaire. C'est Sese, jeune clandestin venu du Congo et ami de la jeune femme qui la découvre et sans attendre part prévenir le commissaire Daoudi.
Cette enquête criminelle est un prétexte que l'auteur utilise pour nous entraîner au cœur de la ville et de la délinquance qui y règne : corruption immobilière, magouilles sur internet, trafics en tout genre etc.
J'ai apprécié le ton engagé de l'auteur qui dénonce la situation des migrants au Maroc, la violence qu'exercent les hommes sur les femmes et les personnes en quête de pouvoir et d'argent qui sont prêtes à tout pour obtenir ce qu'elles souhaitent.
L'auteur à travers différents personnages dresse un portrait de la société marocaine contemporaine.
J'ai aimé la description des personnages, qui est très travaillée. L'auteur arrive à nous les rendre sympathiques bien qu'aucun ne soit vraiment très honnête.
Il instille une ambiance très singulière en utilisant un événement météorologique qu'il intercale avec brio dans l'intrigue. Ce vent venu du désert fait ressentir le climat d'une lourdeur inquiétante et suffocante qui pèse sur la ville.
Je suis toujours un peu déroutée par la littérature africaine qui se nourrit beaucoup de l'oralité mais ce roman m'a un peu réconciliée avec celle-ci. En effet, si j'étais sceptique au début de ma lecture, j'ai su apprécier la suite et notamment la plume sans langue de bois de l'auteur.
Rendez-vous de la page 100 :
Sese Tshimanga est un clandestin qui souhaitait se rendre en Europe, mais abusé par un passeur peu scrupuleux, il se retrouve à Casablanca. Dans une ruelle d'un quartier populaire de la ville, il découvre le cadavre de la belle Ichrak et se rend au commissariat afin d'avertir le commissaire Daoudi qu'il connaît bien.
Ichrak était une jeune femme qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Qui a bien pu la tuer ? Avait-elle des ennemis ?
A travers cette enquête criminelle, l'auteur dénonce la corruption immobilière, les magouilles et la précarité des migrants qui sévissent dans le pays.
J'apprécie la plume engagée et l'écriture fluide de l'auteur sans être réellement emballée. J'attends de découvrir la suite afin de me faire une idée plus précise.
Avis de la page... 90
Ichrak est retrouvée morte dans le quartier Derb Taliane à Casablanca. Si, pour l’heure, son meurtrier n’est pas connu, une chose est certaine : l’écriture de l’auteur, roi de la description et du portrait, – de mon point de vue – est aussi belle que la jeune fille assassinée. J’ai du mal à imaginer être déçue par la suite.
... et du roman dans sa totalité
L’habit ne fait pas le moine, dit-on. Mais, pour ce qui me concerne, si la couverture ne fait pas le livre, du moins me le rend-elle attrayant ou… pas… Et celle du roman de In Koli Jean Bofane, "La belle de Casa", jolie, chatoyante et colorée, me donne d’emblée envie de découvrir ce qu’elle cache.
"Sitôt le drame connu, un même cri retentit dans tout le quartier Derb Taliane : "Ichrak metet !" Ichrak est morte !" La première phrase donne à penser que je viens d’ouvrir un roman policier. Mais, si le commissaire Mokhtar Daoudi recherche un meurtrier, son enquête semble servir de prétexte à un récit situé aux confins du conte, de l’étude sociologique, météorologique – chaque chapitre ne porte-t-il pas un titre aux allures de phénomène naturel ? – ou encore géographique.
Il nous entraîne dans la vieille Médina de Casablanca. La corruption y règne en maître dans le domaine de l’immobilier, les migrants sont confrontés à nombre de difficultés et le fameux vent "Chergui" qui souffle du désert semble répandre la folie. Peut-être même est-il à l’origine du trouble exacerbé des hommes à la vue des femmes ?
J’ai aimé Ichrak, cette fille sans père et qui le recherche dans chaque figure masculine, Sese – le narrateur – fraîchement débarqué au Maroc de son Congo natal alors qu’il rêvait de Paris, le Commissaire, plus maussade et pourtant attachant, et même Farida Azzouz, femme d’affaires sans scrupule, mais d’une grande élégance : "Farida venait de faire son entrée, radieuse, en robe Saint Laurent noire et escarpins Manolo Blahnik. Un bracelet en or jaune, Panthère de Cartier, faisait danser des flammes à son poignet."
J’ai apprécié l’écriture fine, maîtrisée, imagée de l’auteur, écriture aussi colorée que la couverture. "Une main pâle, tatouée d’indigo, était posée délicatement sur la gorge, cachant un sillon noir…". J’ai apprécié aussi les traits d’humour quelque peu incisifs et les personnages, dont l’auteur dresse des portraits d’une grande beauté.
In Koli Jean Bofane a plus d’une corde à son arc : parfait portraitiste, conteur hors pair, il possède aussi l’art de la description des lieux, des gens, des situations. "La belle de Casa" est un très beau roman qui dégage chaleur et tourbillons et dont les mots continuent de me remuer.
"... par plus de 40 degrés centigrades, la langueur envahissait le cœur des femmes tandis que des incendies embrasaient celui des hommes."
Une histoire au cœur de Casa porté par le vent Chergui. Quand la belle Ichrak est retrouvée morte, toute la ville s'agite car les suspects ne manquent pas.
Avec un sens du portrait indéniable et un immense talent de conteur, l’auteur nous livre une galerie de personnages remarquables. Alliant lucidité et humour, ce roman aux faux airs d'enquête criminelle nous parle de corruption, d’argent, de pouvoir, d’immigration et de la violence des hommes dans la société marocaine contemporaine.
Une agréable découverte.
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