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Kellermann père et fils ont vécu chacun des existences hors du commun même si la carrière du fils a pâti de l'aura du vainqueur de Valmy.
Des vingt-six maréchaux du Premier Empire, François Christophe Kellermann est le plus atypique. Il a soixante-neuf ans au moment de son accession au maréchalat et incarne, depuis Valmy, le mythe du Sauveur dans le coeur de ses compatriotes. Par un heureux synchronisme, sa victoire symbolise simultanément la naissance de la Ière République française. Kellermann avait étrenné ses épaulettes de lieutenant-général peu avant la chute de Louis XVI pour commander en chef l'armée du Centre chargée de s'opposer à l'invasion des coalisés sur la frontière nord-est. En lui remettant le prestigieux bâton semé d'aigles, Napoléon Ier envisageait moins de l'employer dans ses armées que d'associer à sa dynastie un symbole rescapé du grand mouvement national de 1789 et de se concilier l'influence d'un haut dignitaire de la franc-maçonnerie. Unique général de l'Ancien Régime parmi ses pairs, François Christophe Kellermann n'imaginait pourtant pas devoir rechausser ses bottes de 1792 pour défendre une fois encore le territoire national. Atypique, Kellermann l'est aussi par son titre de duc de Valmy, le seul parmi tous ceux de la noblesse impériale à tirer sa référence non d'une victoire napoléonienne mais du sol français. L'un des plus beaux également car, comme le fit remarquer l'Empereur à Lannes au sujet du titre de duc de Fleurus convoité par Jourdan, " il aurait un titre plus beau que le mien car je n'ai jamais remporté une victoire ayant sauvé la France ".
Son fils François Etienne est lui-même général de division et sa carrière se déroule dans le même cadre espace-temps que celle du maréchal. Tout comme son père à Valmy, le général Kellermann a infléchi le cours de l'histoire de France. Il fut l'acteur décisif de la victoire de Marengo qui fonda le Consulat et ouvrit un boulevard à l'Empire. Après le père, Napoléon devait-il revêtir Kellermann fils de la dignité de maréchal de l'Empire, voire même préférer le fils au père ? D'aucuns l'ont pensé après son exploit de Marengo et ses conséquences miraculeuses pour l'Empereur. Mais le général ne récoltera que la rancune du Premier Consul avec pour amer corollaire un record de stagnation dans le même grade.
René Reiss est l'auteur d'une biographie du maréchal Clarke.
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