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Ces trois textes mettent en exergue, chacun à des époques différentes et au travers de personnages mythiques ou historiques, une réflexion sur la place accordée à la femme dans la société et aux combats que celle-ci doit mener afin de garantir les libertés collectives et ses libertés individuelles. Au travers de figures marquantes, l'auteure éclaire les dilemmes proprement féminins qui demeurent intemporels et anhistoriques :
Ceux qui exigent de composer avec ses rôles intimes de mère et d'épouse et ses rôles sociaux - de reine, de militante, de résistante.
Cet ouvrage, édité par Espace Nord, regroupe trois pièces écrites par la regrettée Michèle Fabien : "Jocaste", "Claire Lacombe" et "Berty Albrecht".
La première a vu le jour en 1981 grâce au concours de Marc Liebens avec qui l'auteure a créé l'Ensemble Théâtre Mobile en 1974. Dans cette pièce, Michèle Fabien revisite "Oedipe roi" mais d'un point de vue inédit, celui de Jocaste, mère et épouse d'Oedipe. Le texte décontenance au premier abord par sa structure, sa mise en scène, mais rapidement les mots font leur œuvre et on se laisse emporter par la flamboyance de cette pièce incroyable. "Jocaste" questionne la place de ce personnage féminin dans la tragédie de Sophocle, la place de la femme dans la société, le rôle qu'on voudrait lui faire jouer et celui qu'elle voudrait jouer. En découle un monologue à deux voix dans lequel deux Jocaste se croisent, se télescopent, s'aimantent ou s'éloignent. D'un côté, la Jocaste de Sophocle, viscéralement attachée au destin que lui a réservé le dramaturge et la véritable Jocaste, celle enfouie sous la surface, une femme dans toute sa splendeur, une mère, une amante qui s'interroge sur la configuration amoureuse mâtinée d'inceste qui est la sienne, sur le sort que le destin lui réserve, un destin qu'elle considère aussi inacceptable qu'inéluctable.
"Berty Albrecht" et "Claire Lacombe" ont vu le jour huit ans plus tard et pourtant, il y a une réelle continuité avec "Jocaste". Les textes semblent se répondre, se compléter par le biais des thèmes, par le biais de ces figures féminines que l'on voit évoluer. Si Jocaste est assujetti aux règles immuables de la tragédie, à une époque où les femmes n'avaient de valeur aux yeux des hommes que pour leur utérus, Claire Lacombe, malgré le sort que L Histoire ne lui réserve pas, contribue à poser les bases d'un basculement inévitable, une mutation profonde de la perception de la femme. Si cette mutation a encore évolué à l'époque de Berty Albrecht, cette mue des mentalités, au regard de l'actualité, est loin d'être achevée. En s'emparant de ces deux figures historiques, Michel Fabien donne corps à sa démarche, s'appuie sur du concret qu'elle habille de prose théâtrale pour un résultat qui ne peut, ne doit, pas laisser indifférent.
Plus de trente ans nous séparent de "Jocaste", un peu moins de trente pour les deux autres pièces. Pourtant, le texte n'a pas perdu de sa force. Bien, au contraire, il continue d'être dans l'air du temps et constitue, pour tout être sensible et soucieux de laisser aux femmes plus qu'une destinée avant tout nourricière, un passage obligatoire vers la prise de conscience nécessaire avant le passage à l'action.
Je remercie sincèrement Espace Nord ainsi que Babelio pour ce masse critique qui m'a, une fois de plus, fait découvrir une grande auteure.
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