"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un thriller vertigineux dans l'univers fascinant et inquiétant du tatouage traditionnel japonais.
2019. À trente-trois ans, Juliano Rizzoni est un jeune peintre prodige encensé par la scène artistique contemporaine internationale.
Jet-setter et jouisseur à l'extrême, il affole autant les Unes des tabloïds que les galeries prestigieuses du monde entier.
Initié au Japon à la technique du tatouage Irezumi, aussi violente qu'ancestrale, il signe dix tatouages d'art sur le dos de ses amant(e)s.
L'affaire prend une tournure inquiétante lorsque les peaux tatouées sont déposées anonymement chez Sotheby's Paris pour une mise aux enchères hors norme.
En l'absence de corps, le commissaire Stéphane Jourdain et l'inspectrice Lucie Bunevial, sont saisis de l'enquête pour homicides multiples....
Une affaire sanglante et terrifiante qui les mènera d'un bout à l'autre de la planète dans le milieu de l'art contemporain.
Petit à petit les pièces de ce Thriller sombre, cruel et cauchemardesque s’assemble. Une intrigue palpitante et glaçante. Un premier roman de l’auteur réussi.
"Nous nous sommes déplacés, le procureur, l’inspecteur et moi-même hier soir, chez Sotheby’s après cette livraison pour le moins étrange, pour observer ce lot de peaux humaines fort peu commun. Je dois dire que j’ai été impressionné. Les tatouages sont en parfait état de conservation. Les peaux ont été tannées de manière traditionnelle, comme si elles avaient été préparées pour être mises en vente."
Jeu de peaux d’Anouk Shutterberg
Une couverture sombre sur lequel est dessiné un dessin japonais, telle se présente la couverture du livre d’Anouk Shutterberg Jeu de peau, sur l’étagère de la bibliothèque de mon village dans la rubrique Thriller nouveauté. En effet, comme il est dit en quatrième page de couverture c’est le premier livre de cette auteure rédactrice en chef dans le milieu de la communication d’entreprise, « son premier thriller, une plongée en enfer ». A trente-trois ans Juliano Rizzoni, jeune peintre prodige, encensé par la scène artistique contemporaine, jet-setter et jouisseur, affole les unes des tabloïds, autant que les galeries les plus prestigieuses. Ce garçon, décide de faire un break comme l’on dit dans ce milieu, laissant ses affaires juteuses à un de ses assistant. Il se rend pendant deux années au japon et apprend la technique du tatouage Irezumi. Bien que vous ayez tout le loisir de découvrir les « subtilités de ce tatouage ancestral » qui allie violence et sexualité ou l’orgasme combat la douleur, hé oui ! Je vous engage à rechercher ce terme sur internet. Vous saurez tout sur ce tatouage ancestral, sans vous décourager si cette pratique vous sied. Donc ce jeune homme Juliano Rizzoni apprend la technique du tatouage et signe sur le dos de ses 10 amant (e) s ces dix tatouages. L’histoire prend alors une autre tournure lorsque ces peaux tatouées sont déposées anonymement chez Sotheby’s à Paris pour être mis aux enchères. Bien entendu la police est informée de cette vente hors norme. Saisie de l’enquête elle délègue pour cette affaire ultra-sensible le commissaire Stéphane Jourdain et l’inspectrice Bruneval. Que dire sur ces deux flics : le commissaire à la tête de son équipe est un vieux roublard, blanchi sous le harnais, autant craint qu’admirer. La commandante Lucie est une jeune femme de 26 ans, délurée, qui a l’intelligence des situations et qui ira loin, comme le dit le commissaire. Avant d’entrer dans la police elle a fait des études d’arts et notamment dans le domaine de l’art contemporain. Les dix peaux tatouées avant leur mise en vente, sont expertisées au laboratoire de la police scientifique par un médecin légiste. Elles sont en parfaite état de conservation, découpées avec soin au scalpel, tannées professionnellement et signées par leur auteur, ce qui leur donne une valeur marchande très importante d’autant plus qu’elles sont accompagnées d’un certificat d’authentification et d’une autorisation de « vente de leurs propriétaires » signées de leur main. La question que vous vous posez certainement est, que sont devenues les personnes qui portaient ces tatouages. C’est alors que non loin de Belgrade des corps de dix Américains hommes et femmes sont retrouvés en partie dépecés. A partir de cette découverte, l’affaire devient sanglante, terrifiante et nous fera voyager d’un bout à l’autre de la planète, par des contacts avec les services spécialisés des polices étrangères, par la nationalité de tous les personnages qui vont se croiser, se succéder au fur et à mesure du déroulement de cette enquête: du commissaire-priseur français, étonné de voir débarquer un jour cet artiste peintre renommé qu’il ne connaissait pas, dans sa petite officine peu réputée par rapport aux autres de la place de Paris, mais qui garde tout son charme discret et qui va être détenteur d’un document, un contrat testamentaire ; au collectionneur Texan de peau tatouée , aux mafieux Calabrais toujours prêt à rendre service, à la tueuse Sino-Italienne spécialiste de vous faire passer de la vie au trépas avec comme dernière vision ses charmes, au financier Russe, à l’expert Hollandais sans oublier le tatoueur japonais, maitre du tatouage Iruzemi. Au fil des pages, les tueurs sortent de l’ombre, les cadavres s’empilent avec pour un certain tueur un raffinement surprenant mais qui à pour au moins le gout de l’originalité et de la nature, mais je ne vous en dirai pas plus. Il est vrai que la répétition des présentation sociales et des conditions de leur tatouage des dix porteurs m’a fait survoler ces bouts de chapitre. Une fois l’on découvre, deux fois l’on comprend, après c’est un peu trop de la gourmandise, compte-tenu que l’on se doute comment tout cela va se finir. Mis à part ce survol je me suis replongé dans l’intrigue et je me suis laissé surprendre par sa fin alors que l’enquête officielle est au point mort, mais qui laisse peut-être entrevoir, c’est à l’auteure de le décider d’une suite « elle ne remarque pas la silhouette élancée derrière elle. Une ombre un visage d’ange aux traits mi-méditerranéens mi-asiatique, qui lui emboite le pas. » Si vous souhaitez tout connaitre sur le tatouage Izuremi sans passer par cette expérience picturale sur votre corps, si vous voulez suivre le commissaire Jourdain, la commandante Lucie Bonneval, connaitre les acheteurs de ces magnifiques tatouages, remonter cette enquête hors norme, frissonner, faire quelques cauchemars ce n’est pas exclu, je vous invite a découvrir ce premier thriller d’Anouk Shutterberg qui dans son univers noir a su explorer la nature humaine dans ce qu’elle a de plus sombre avec son livre jeu de peaux. Bien à vous.
Comme je vous l’ai annoncé il y a peu de temps via mes réseaux sociaux, j’ai eu la chance d’être retenue, comme 19 autres lecteurs, pour faire partie du panel d’experts du polar pour les nouvelles parutions des éditions Plon. J’ai décidé de façon totalement aléatoire de commencer l’aventure par la lecture de « Jeu de peaux » d’Anouk Shutterberg.
Premier roman de l’auteure et pourtant, les codes du thriller sont d’ores et déjà bien maîtrisés : une bonne dose de suspens, des meurtres plus horribles les uns que les autres, des chapitres courts permettant de faire monter la tension rapidement, une enquête qui se déroule sur les chapeaux de roues… C’est vraiment parce que c’est clairement indiqué que c’est son premier livre car je ne l’aurais pas soupçonné.
Pour être totalement transparente, il y a un léger et très minime bémol au début du livre : ce sont les dialogues qui auraient peut-être pu un peu plus ciselés. Encore que, au fil des pages, une amélioration sensible s’est fait ressentir. Attention si je vous écris cela, ce n’est pas dans le but de critiquer gratuitement et trouver la petite bête mais pour permettre à l’auteure d’attirer son attention sur cette petite nuance si un jour elle me lit et dans l’objectif d’être le plus intègre possible, quant à mes lectures, comme je l’ai toujours été.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce jeu du chat et de la souris dans le monde très fermé de l’art. C’est un milieu souvent oublié, et pas forcément très représentatif dans la littérature noire sauf un qui me vient directement à l’esprit avec « L’art du meurtre » de Chrystel Duchamp aux Editions de L’Archipel (que j’avais adoré et dont vous pouvez retrouver la chronique sur mon blog).
Pourtant quand on regarde l’aboutissement de « Jeu de peaux », cela se marie très bien avec l’enquête policière et donne un résultat vraiment passionnant. C’est une véritable immersion au sein de l’art contemporain que l’auteure nous offre.
Pour un premier départ dans cette aventure, je peux dire qu’il a vraiment très bien commencé. J’espère poursuivre sur cette voie. Je vous parle des deux autres que j’ai déjà reçus très bientôt : « Gamine Guerrière Sauvage » d’Eric Cherrière et « Rendors-toi, tout va bien » d’Agnès Laurent.
Pour commencer la belle aventure des experts Polar Plon, j'ai lu l'intrigant Jeu de peaux de Anouk Shutterberg. Un premier roman dont la quatrième couverture a su directement me happer par ses thèmes originaux entre art contemporain et tatouage traditionnel japonais !
Pour un premier thriller, on peut dire que l'autrice, Anouk Shutterberg, frappe fort dans l'originalité : dix peaux tatouées par le célèbre artiste contemporain Juliano Rizzoni sont mises aux enchères. Pas de corps et des véritables oeuvres d'art qui vont s'arracher pour des millions de dollars, l'enquête peut commencer…
Le roman commence ainsi à cent à l'heure, le lecteur est plongé dans l'affaire sans préambule et suit en parallèle les pérégrinations du peintre ainsi que les investigations des policiers. Dès les premières pages, je ne me suis donc pas ennuyée. L'intrigue est plutôt bien menée suivant tous les codes du thriller moderne, efficace ! Il y a de nombreux flashbacks notamment sur l'apprentissage de Juliano à l'art ancestral du tatouage Irezumi au Japon, ce pan du roman est d'ailleurs très instructif sur cet art qui m'était inconnu. le lecteur est propulsé d'une époque à l'autre mais garde le cap grâce aux repères temporels de chapitre en chapitre. de plus, l'autrice est elle-même dans le milieu de l'art et cela se sent tant le marché de l'art contemporain est bien décrit, le tout est très bien documenté.
L'autrice n'évite toutefois pas certains écueils : l'histoire paraît parfois invraisemblable et les personnages sont assez caricaturaux. L'artiste jet-setteur riche et adulé par des groupies éprises de son charme ou le commissaire qui se noie dans le travail, c'était assez risible et j'ai levé les yeux au ciel quelques fois. C'est dommage car l'ensemble est plutôt réussi avec une écriture sans fioritures, qui va droit au but malgré une fin qui tombe un peu à plat. Sans tomber dans l'excès, la violence est présente dans les scènes de meurtres où les descriptions font froid dans le dos, les âmes sensibles devraient s'abstenir ! C'était très bien dosé pour ma part. Malgré quelques réserves, j'ai trouvé ce thriller bien écrit et ficelé pour un premier roman, je me suis laissé emporter par l'intrigue qui rebondit à chaque chapitre !
Juliano Rizzoni, jeune peintre de génie mondialement célèbre, est interrogé dans les locaux de la PJ parisienne afin d'éclaircir le coup de fil du directeur de Sotheby's Paris concernant la vente d'oeuvres pour le moins originales : les tatouages que Juliano a réalisés sur le dos de dix de ses amants/amantes...Les dix peaux, en parfait état de conservation, tannées de manière professionnelle, revêtent, vue la célébrité du tatoueur, une valeur marchande considérable, au bas mot entre cinq et dix millions, somme pour laquelle nombreux sont ceux qui vendraient leur âme au diable...
Toute la question est de savoir si, au vu de l'importance du dépeçage et de la façon dont il a été réalisé, les sujets étaient consentants et s'ils sont encore en vie. Après vérification, il s'avère que les dix porteurs sont portés disparus. Et chaque peau déposée chez Sotheby's paris était accompagnée de son certificat d'authenticité et d'une autorisation de vente venant de son "propriétaire". Juliano serait-il complice de ce dépeçage en règle? Pour quelle raison, puisqu'il est issu d'une famille richissime et que ses toiles se vendent très cher?
C'est alors que les corps des dix porteurs américains sont retrouvés dans une décharge, non loin de Belgrade, en Serbie. Le commissaire Jourdain flaire dès lors que son enquête prend une
Jeu de Peaux, publié par les éditions Plon en 2021, est le premier roman d'Anouk Shutterberg. Le style est sûr, parfois viril, vulgaire quand c'est nécessaire; l'écriture est solide: "Cette seule vision de son travail serait néanmoins bien superficielle si l'on n'abordait ce qui, au fond, dérangeait le plus le public et les critiques, à savoir la maturité précoce dont il faisait preuve à travers les thèmes, ardus et sombres, qu'il mettait en scène avec violence. Un univers pictural inclassable, novateur et terriblement déstabilisant." (Page 17)...L'auteur assène les mots à coups d'uppercut secs, plus ou moins violents.
Construction: l'intrigue en accordéon alterne les allers-retours entre diverses dates-clefs de l'année 2019, correspondant au déroulement de l'histoire dans le présent, et des moments importants du passé de Juliano Rizzoni permettant d'expliquer le présent. Les chapitres portent en titre le lieu et la date, facilitant pour le lecteur ces continuels voyages entre présent et passé.
Fil rouge: l'art du tatouage porté à son paroxysme.
Je remercie les éditions Plon et Babelio grâce à qui j'ai découvert la plume et le talent d'Anouk Shutterberg. Son écriture abrupte et intelligente m'ont conquise. J'ai particulièrement apprécié le soin et la rigueur avec lesquels l'auteur a construit son intrigue, s'appuyant sur une documentation solide, notamment concernant la technique et l'histoire du tatouage japonais Irezumi, sans que cela ne nuise à son propos ni n'alourdisse l'intrigue. On ne s'ennuie à aucun moment. Avec pour résultat un roman audacieux, de par son sujet, intelligent, de par la manière dont il est traité, captivant, de par les méandres de son intrigue élaborée.
Anouk Shutterberg sait également dresser un portrait éloquent en quelques coups de sa plume vive et sûre: "Un univers qui échappe totalement à cet homme petit, au teint maladif, toujours habillé d'un costume mal taillé et trop grand pour lui, qui renforce, s'il en était encore besoin, le sentiment d'abandon qui transpire de sa personne." (Page 259).
Jeu de Peaux, vous l'aurez compris, présente de nombreuses qualités, de celles qui rendent un thriller inoubliable. L'auteur sait mener son lecteur à travers les méandres de son intrigue bien ficelée, ménageant quelques effets propres à le surprendre: "Pourtant, un mercredi soir, il est près de vingt-deux heures lorsque, au détour d'un chapitre d'un petit ouvrage écorné, laissé à l'abandon, elle découvre enfin une facette de lrezumi qui l'interpelle et qu'aucun texte n'avait évoqué jusque-là. Et si c'était la clef du mystère?" (Page 109). => Inutile de vous préciser qu'il faudra attendre quelques pages avant de savoir de quoi il retourne...
Le petit +: les clins d'oeil que l'auteur destine à son lecteur en s'adressant directement à lui, un peu à la manière des écrivains du 19e siècle, le faisant ainsi participer d'une manière plus impliquée: "Parce que, voyez-vous, Lucie, c'est une coriace"..."Elle se permet tout, avec lui, et elle a raison. Lucie, vous l'avez compris, c'est sa protégée". Cette intimité inédite humanise un roman qui, sans cela, serait d'une noirceur insondable...
Une belle découverte que ce premier roman, je suis impressionnée par l’imagination fertile de l’auteure autant que par son talent d’écriture qui m’a permis une lecture en quasi immersion. Un scénario digne des films les plus tordus où tout commence par la découverte de dix tatouages réalisés par un jeune artiste renommé, Juliano Rizzoni. Le seul problème c’est qu’ils ne sont plus sur le dos de leurs propriétaires, les peaux humaines ainsi tatouées doivent faire l’objet d’une vente aux enchères chez Sotheby’s Paris. Mais que sont devenues les dix personnes tatouées ? Sont-elles encore en vie ? C’est ce que vont devoir découvrir le commissaire Stéphane Jourdain et l’inspectrice Lucie Bunevial. Une intrigue très prenante et qui va nous conduire tout droit au Japon car les tatouages ont été réalisés avec la technique ancestrale des tatouages japonais Irezumi. J’ai eu l’impression de mettre le doigt dans un engrenage d’actions frisant la surenchère tant les rebondissements sont nombreux et apportent plus de questions que de réponses. On évolue d’une certaine lenteur à une montée en tension qui nous affole, une fois les personnages posés, on est pris dans le feu de l’action avec les multiples points de vue des uns et des autres. Alors même si le scénario manque un peu de crédibilité, il n’en reste pas moins une écriture incisive qui va droit au but et on se laisse volontiers porter par les nombreux homicides et la recherche du ou des tueurs. Un petit bémol pour ma part, concernant des personnages sans réel profondeur, auxquels je n’ai pas réussi à m’attacher et pourtant ce ne sont pas les personnages qui manquent. On y trouve un collègue policier serbe, un grand maître tatoueur japonais, des mafieux de Calabre ou encore le commissaire priseur et différents collectionneurs. Quand au couple d’enquêteurs, il est « cousu de fil blanc » et c’est bien dommage, pas besoin d’être devin pour connaître la fin de leur histoire. Ceci dit, l’univers noir proposé pour ce premier thriller est une réussite et j’ai hâte de voir l’évolution d’Anouk Shutterberg lors de ces prochaines parutions. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/05/14/38959630.html
Le thriller n'est pas un genre après lequel je cours, mais je dois dire que je me suis fait prendre de bout en bout. Bon, quelques longueurs, notamment dans les briefings entre policiers qui rappellent des faits qu'on connaît et une volonté de tout expliquer, parfois une ou deux phrases auraient pu suffire plutôt qu'une ou deux pages. Je me suis retrouvé embarqué dans une histoire originale qui ne lésine pas sur les surprises, les retournements de situation et drôlement bien documentée sur le tatouage irezumi et l'art contemporain en général. Une énigme alambiquée qu'Anouk Shutterberg, pour son premier thriller, maîtrise ; elle nous balade, nous emmène pile où elle veut sans que nous puissions nous douter du final.
Thriller oblige, il y a pas mal de violence, de descriptions pas ragoûtantes, des trucs qui font un peu froid dans le dos et ailleurs. Mais même dans les scènes macabres, l'auteure a le bon goût de ne pas en rajouter avec un vocabulaire trash. Le ton du roman est moderne, la langue vive qui participe à la rapidité générale. Cependant, elle ne cède pas à certaines facilités d'écriture courantes dans le genre. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on est dans un thriller littéraire, mais on sent qu'Anouk Shutterberg a pris soin de son scénario et de son écriture. L'histoire qu'elle bâtit suffirait à faire un bon roman, mais la touche personnelle de l'auteure le hisse un peu au-dessus. Du très bon.
Jeu de peaux est un titre on ne peut mieux approprié pour ce roman jeu de piste !
L’histoire commence le 10 juin 2019, à Paris, où, face au 36, rue du Bastion, siège de la PJ, parqués derrière les barrières de sécurité, patiente une foule de fans ainsi que de nombreux journalistes. Ils attendent l’arrivée de Juliano Rizzoni, 33 ans, ce jet-setter et jouisseur à l’extrême, star mondiale de la peinture contemporaine, convoqué par la police judiciaire en vue d’y être entendu.
Dès son plus jeune âge, tout laissait présager que Juliano hériterait autant de la beauté et de l’intelligence de ses parents que de leur fortune. Mais la solitude était partie prenante de la structure familiale. De cet isolement douloureux, l’enfant en a fait sa force, se réfugiant dans l’art.
Après plusieurs expositions, le jeune peintre prodige, est unanimement salué par les critiques d’art et après le succès d’une exposition à Tokyo, en 2010, attiré par un art ancestral issu de la tradition japonaise, le tatouage, il rencontre Yoshihito Nikano, plus connu sous le nom de Maître Hogoshi III, célèbre tatoueur japonais. Il apprendra ainsi la technique du tatouage Irezumi, le plus pur des arts japonais. De retour à Los Angeles, deux ans plus tard, il signera dix tatouages d’art, véritables tableaux sur le dos de ses amantes et amants.
Ce sont justement pour ces tatouages que l’artiste est convoqué. Il est entendu par le commissaire Stéphane Jourdain accompagné de la commandante et chef de groupe Lucie Bunevial, car ces « peaux tatouages » parfaitement tannées et conservées ont été déposées anonymement pour mise en vente chez Sotheby’s Paris, toutes ont un certificat d’authentification et une autorisation de vente des propriétaires. Tous deux ont été saisis de l’enquête car il se trouve que toutes les personnes sont portées disparues, ne donnant plus de signe de vie depuis un mois.
Les premiers chapitres nous permettent tranquillement, si je puis dire, de faire connaissance avec les débuts de cet artiste hors du commun puis avec cet art ancestral basé sur un rituel douleur-plaisir avec notamment un chapitre très instructif et particulièrement documenté à propos de celui-ci. Bientôt tout va s’accélérer et la violence, la cruauté vont débouler sans prévenir et nous entraîner dans une enquête palpitante avec un suspense maintenu jusqu’au bout, et une issue bouleversante.
Une tension supplémentaire se greffe à l’enquête lorsque Lucie Bunevial, l’attachée du commissaire démissionne contre toute attente.
Des chapitres bien datés permettent de suivre sans difficulté les nombreux allers-retours faisant alterner le présent et le passé et une enquête parallèle.
De nombreux personnages aussi bien français que russes, américains, calabrais, japonais ou serbes interviennent dans l’histoire et je les ai, pour ma part, notés au fur et à mesure pour ne pas les mélanger.
J’ai retenu une leçon qui avait accroché Lucie lors de ses études d’art : « L’analyse d’une œuvre ne devait jamais négliger le parcours personnel de l’artiste : enfance, traumas, afin d’avoir ainsi une vision exhaustive de son travail. », leçon utile, il me semble.
Anouk Shutterberg, pour son premier thriller a fait preuve d’une imagination fertile et débridée en pénétrant dans l’âme humaine dans tout ce qu’elle peut avoir de sombre, de cruel et de cauchemardesque.
Si nous pouvons arriver à imaginer les tableaux imprimés sur les corps, on voudrait pouvoir se cacher les yeux lorsque l’auteure nous décrit les scènes de charnier ou de crucifixion et nous dépeint les scènes de torture tant physiques que mentales.
Malgré la férocité et le sadisme dont font preuve certains protagonistes, j’ai pu, cependant, à plusieurs moments esquissé un sourire à la lecture de certaines comparaisons.
J’ai trouvé particulièrement originale l’idée de nous confier dans trois chapitres séparés, écrits en italique et s’intitulant « Aparté » les états d’âme du meurtrier sans pour autant nous laisser un seul indice pour l’identifier !
Ce thriller sur le milieu de l’art contemporain mené de main de maître m’a embarquée sur maintes pistes, jamais sur la bonne et m’a laissée pantelante : un véritable jeu de piste !
Un grand coup de chapeau à Anouck Schutterberg pour ce Thriller palpitant et glaçant très rythmé et tous mes remerciements à Babelio et aux éditions PLON, dans le cadre des experts polar, pour cette superbe découverte.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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