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J'appelle mes freres

Couverture du livre « J'appelle mes freres » de Jonas Hassen Khemiri aux éditions Actes Sud
  • Date de parution :
  • Editeur : Actes Sud
  • EAN : 9782330030988
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

S'inspirant de l'attentat suicide de Stockholm en décembre 2010 où Taimour Abdulwahab avait fait exploser deux bombes en plein centre-ville, semant la panique générale, l'auteur fait parler Amor, un jeune homme de la seconde génération issue de l'immigration. Le livre se déroule sur la journée... Voir plus

S'inspirant de l'attentat suicide de Stockholm en décembre 2010 où Taimour Abdulwahab avait fait exploser deux bombes en plein centre-ville, semant la panique générale, l'auteur fait parler Amor, un jeune homme de la seconde génération issue de l'immigration. Le livre se déroule sur la journée du lendemain de l'attentat et dépeint le combat intérieur de ce personnage confronté à une sorte de culpabilité collective de par le seul fait de ses origines. Le texte est rythmé par les coups de fil qu'il passe à ses frères, un leitmotiv qui donne le titre du livre : "J'appelle mes frères et je dis : Planquez-vous pendant quelques jours. Restez chez vous. Éteignez les lumières. Rangez vos keffiehs", ou encore "J'appelle mes frères et je dis : Oubliez ce que j'ai dit. Au diable le silence. Au diable l'invisibilité. (...) Montrez-leur qu'on n'est pas ce qu'ils pensent." Les questionnements d'Amor sont provoqués par ce qu'il ressent comme une méfiance accrue à l'égard de "gens comme lui". Tandis qu'il sillonne les rues de Stockholm - essayant de ne pas se faire remarquer, de se fondre dans la masse, à la recherche d'un anonymat impossible -, ce sentiment finit par devenir tellement oppressant qu'il vient à douter de sa propre innocence : peut-être était-ce bien lui le coupable...
Un monologue intérieur saisissant et finement ciselé qui soulève avec beaucoup de subtilité des questions liées aux sentiments d'exclusion et d'appartenance, vécus du point de vue individuel et collectif. Le récit est théâtral dans sa construction ; la précision et la justesse avec lesquelles l'auteur tisse et épure son texte jusqu'à l'essentiel sont absolument époustouflantes.
Le personnage principal est une sorte d'antihéros qui n'est pas sans rappeler le Raskolnikov de Dostoïevski ou le Roquentin de Sartre. Khemiri excelle dans la façon de saisir le sentiment d'insécurité qui s'insinue en lui et le prend en otage. On ressent vraiment la petite goutte qui fait déborder le vase et qui risque de finir par le rendre coupable...
Concentré de grandeur et de sensibilité humaine, un petit texte servi par une langue très singulière.

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