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Déportée à 14 ans, rescapée d'Auschwitz, Ida Grinspan nous livre son témoignage sur les camps de concentration. Dans un dialogue tout en pudeur, sa voix se mêle à celle de Bertrand Poirot-Delpech. Elle lui raconte l'indicible : la faim, la peur, la mort qui rôde. Ensemble, ils relatent également les difficultés de l'après, ce douloureux retour à la vie et à l'espoir.
A lire pour ne pas oubliern car l'oubli serait aussi intolérable que les faits eux-mêmes.
S’il y a bien un livre dont je suis certaine de ne jamais oublier l’arrivée dans la bibliothèque, c’est bien celui-là ! Lorsque j’étais en seconde, je suivais l’enseignement d’exploration « Santé et social », et nos professeurs nous avaient fait participer au concours de nouvelles « Ecrits pour la fraternité » organisé par la Ligue des droits de l’Homme sur la thématique « Un toit pour toi, un toit pour nous, un toit pour eux ». J’avais pris beaucoup de plaisir à écrire cette petite histoire, et j’avais eu la chance de travailler avec une amie très talentueuse en dessins qui s’était ainsi chargée de l’illustrer. La grande surprise a donc été d’apprendre que la nouvelle avait été sélectionnée au niveau régional et allait monter à Paris pour l’ultime sélection finale. C’est ainsi lors de la petite remise des prix organisé par le jury régional que j’ai eu l’occasion de recevoir ce petit livre, accompagné d’autres romans de poche. Et contrairement aux autres groupes sélectionnés qui grimaçaient en constatant que les lots étaient des livres, j’étais aux anges, d’autant plus que ce titre m’intéressait grandement ! Ce livre fait ainsi parti des livres « à histoire » de ma bibliothèque, ces livres pas tout à fait comme les autres dont on ne se séparerait pour rien au monde !
Ida n’a que quatorze ans lorsque trois gendarmes viennent l’arrêter en pleine nuit, en dépit des protestations d’Alice, la femme chez qui elle loge depuis que ses parents l’ont envoyée se cacher à la campagne. Après d’interminables trajets dans des wagons à bestiaux bondés, Ida arrive au camp de Birkenau, du complexe d'Auschwitz. On lui rase la tête, on lui tatoue un numéro qui devient sa nouvelle identité, et commence alors des mois d’enfer. Bien des dizaines d’années plus tard, aidée, guidée et soutenue par Bertrand, Ida raconte, elle couche sur papier ce témoignage qu’elle a si souvent déclamée devant des hordes de groupes scolaires et d’enseignants. Son livre est un vaccin préventif contre l’oubli, car l’oubli serait « tuer une seconde fois » toutes les victimes de la solution finale, car « l'oubli serait aussi intolérable que les faits eux-mêmes ».
Lire un témoignage, c’est toujours une expérience bouleversante du point de vue émotionnel, cela n’a rien à voir avec lire une fiction (même excellente) ou un livre documentaire (même très bien documenté). Plus encore que dans n’importe quel autre livre, il y a un lien qui se crée entre l’auteur et le lecteur : ici, nul narrateur pour venir s’immiscer dans cette relation étonnante, cet échange entre le don que l’auteur fait de son témoignage et celui que le lecteur fait de son attention. Car un témoignage n’a de sens que s’il est reçu, attendu, peut-être. Et c’est précisément là que se situe la force de ce témoignage : c’est comme si Ida savait ce dont le lecteur avait besoin, dans quel ordre, et qu’elle avait orienté son récit de façon à répondre aux interrogations du lecteur, comme si elle les avait devinées par avance … J’avais, finalement, le sentiment qu’Ida s’adressait directement à moi, sans aucune barrière, sans aucun intermédiaire, comme si le livre n’était pas là mais qu’Ida était à mes côtés pour me raconter son histoire, sa terrible histoire.
Mais, bien plus encore que l’horreur des camps, le froid, la faim, la maladie, la mort, la peur, dont elle n’occulte pourtant aucun détail, je retiens surtout de ce témoignage la force d’Ida. Ida qui, à quatorze ans, se livre d’elle-même aux gendarmes venus l’arrêter afin de protéger le mari de sa protectrice. Ida qui, à quatorze ans, refuse de donner l’adresse de son père à l’officier chargé de l’interroger. Ida qui, à quatorze ans, ne leur donne pas le plaisir de voir couler une seule larme sur ses joues. Finalement, je retiens ce qu’Ida ne dit pas, car elle reste très humble et très modeste, comme le fait souvent remarquer Bertrand Poirot-Delpech, le second auteur. Pour Ida, sa survie ne tient qu’à la chance qu’elle a eu de faire les bonnes rencontres, d’avoir eu autour d’elle des gens qui l’ont aidée ou conseillée, sauvée ou guidée. Il est vrai qu’Ida a eu de la chance dans son malheur, mais je reste persuadée qu’elle avait en elle une force qui l’a aidée à tenir, à survivre en dépit de tout.
Il n’est pas facile de chroniquer un témoignage : de quel droit pourrais-je « juger » une œuvre pareille ? Ce n’est pas un roman dont on peut commenter la cohérence de l’intrigue ou la beauté stylistique, ce n’est pas un ouvrage documentaire dont on peut commenter la clarté des informations ou la mise en page. Je vais donc me contenter de vous expliquer en quoi ce témoignage se démarque des autres que j’ai déjà eu l’occasion de lire jusqu’à présent, car c’est à mes yeux un des points forts de ce témoignage. Ida ne s’arrête pas de raconter une fois que sa libération eut été évoquée. Elle parle également de l’« après », de son besoin de raconter qui se heurte à une volonté de ne pas entendre, des procès, du devoir de mémoire, de son envie de reconstruire sa vie après ce drame et des difficultés qu’elle a rencontrées - elle qui n’avait que le certificat d’étude en poche, comment allait-elle reprendre des études après cette longue interruption ? Elle met bien en évidence que tout ne s’est pas arrêté le jour où elle a retrouvé le sol français, que rien ne s’arrêtera jamais pour elle, que ces quelques mois ont ébranlé sa vie à jamais. J’ai trouvé ce témoignage sur « l’après » tout aussi intéressant que celui concernant le « pendant », si l’on peut dire.
En bref, ce court témoignage, très intéressant, est aussi et surtout particulièrement émouvant et poignant. Très sobrement, très simplement, très succinctement aussi, Ida raconte et transmet, elle enseigne sans s’en rendre compte, toute occupée qu’elle est à retranscrire émotions et sensations, tellement nettement qu’on frissonne bien des fois en imaginant l’enfer qu’elle a vécu. Et son co-auteur, Bertrand, est là pour apporter des précisions, discrètes mais essentielles, pour aider Ida à rassembler ses souvenirs et à les assembler pour faire naitre cet ouvrage aussi percutant qu’important. Bouleversant, également, mais surtout pas traumatisant : ce témoignage peut parfaitement être étudié au lycée (voire peut-être en troisième si la maturité des élèves le permet) sans que cela ne les choque à vie. Une lecture que je n’oublierai pas de sitôt !
Ce livre n'est autre que le témoignage d'Ida GRINSPAN déportée et rescapée de cet horrible camps de la mort.
A l'aide de Bertrand Poirot-Delpech, et en repondant aux questions de ce dernier Ida Grinspan nous parle de sa vie avant sa déportation, comment elle a perdu sa mère, déportée elle aussi, son espoir de la retrouver à Auschwitz, les conditions de vie barbares pendant sa déportation, la perte des gens autour d'elle, les mauvais traitements infligés sur les personnes déportées, mais elle nous parle aussi de l'après lorsqu'il a fallu recommencer à vivre, ses angoisses, la peur de ne pas avoir d'enfant, sa dépression...
Malgré tous les témoignages que j'aie pu lire sur cette partie de l'histoire, je suis toujours autant bouleversée par toutes ces horreurs que ces gens ont subi au nom de la religion, de leurs origines, et aujourd'hui là où notre société va mal il est bon de se remémorer ce que l'anti-sémitisme, le racisme, l'exclusion... ont entraîné il y'a des décennies.
En lisant ce témoignage on se demande comment à fait Ida pour survivre dans de telles conditions, et comment elle a reussi à reprendre sa vie ensuite. C'est un bel exemple qu'elle nous offre, son envie de vivre a dépassé l'horreur, la mort, et c'est une chance pour nous qu'elle puisse encore témoigner aujourd'hui pour continuer de dénoncer et comme ce qui est dit justement : " à lire pour ne pas oublier, l'oubli serait aussi intolérable que les faits eux-mêmes".
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