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C’est drôlement chouette l’indépendance. Les Américains fêtent la leur le 4 juillet et quand ça se goupille bien, ça leur fait un beau week-end, comme celui de Franck que décrit Independance, à la fin des années quatre-vingts.
L’indépendance, c’est un peu le rêve de tout un chacun, non ? Franck y est parvenu : Il envisage de voter pour le candidat indépendant à l’élection présidentielle car le duel Dukakis-Bush ne lui convient pas vraiment.
Il a divorcé, disons plutôt qu’il s’est fait divorcer (ce sont les femmes qui tranchent la plupart du temps, comme chez nous), mais il est toujours amoureux. Il s’en accommoderait presque, de son « indépendance » retrouvée. Mais, lorsqu’elle lui annonce qu’elle se remarie, pfff… ! Gros coup de blues !
« Il n'est jamais aisé de comprendre le choix de votre ex-épouse quand elle se remarie à moins que ce ne soit avec vous. »
Pour se consoler, Franck a retrouvé une bonne amie qu’il visite à intervalle plus ou moins régulier. Ca pourrait devenir sérieux, elle semble prête, mais lui, pas encore. Pas question de renoncer à son indépendance, n’est-ce pas ?
Pour son indépendance financière, il s’est reconverti dans l’immobilier, en free-lance bien sûr. Et, profitant de sa connaissance du marché local, il s’est constitué à crédit un patrimoine locatif de deux maisons. Tout va bien même si les locataires ne sont pas toujours aussi faciles qu’on le souhaiterait et les acheteurs, ceux qui vont l’occuper pendant une bonne partie de son week-end, sont vraiment très compliqués.
Il faut quand même avouer que le pendant de l’indépendance, c’est la solitude.
« Sans Ann et mes enfants à proximité, je me sentais aussi solitaire, accessoire et exposé qu'un gardien de phare en plein jour. »
Les enfants se sont éloignés, le garçon file un mauvais coton, il serait temps de renouer un contact sérieux. Le week-end Independance serait idéal pour faire un petit peu de tourisme en visitant deux « Hall of fame », ces institutions typiquement américaines. Entre ses locataires, ses acheteurs, son ex-femme, sa future ex-copine, son fils, le mari de son ex-femme et une pléthore de personnages secondaires mais non dénués d’intérêt, c’est une plongée au cœur de « l’american way of life » qui nous est proposée. C’est bavard, il ne se passe rien de vraiment extraordinaire mais pour qui réussit, comme moi, à s’identifier un peu au personnage principal, les pages se tournent sans difficulté, le lecteur étant vraiment immergé dans le quotidien de l’Amérique de l’Est, entre New Jersey et Connecticut pendant ce week-end festif si particulier.
« Le long de Seminary Street, devenue depuis le boom économique une sorte de "grande rue du miracle commercial" qu'aucun d'entre nous n'appelait de ses voeux, tous les commerçants ont installé sur les trottoirs des "feux d'artifice de soldes", où ils balancent des rossignols au rencart depuis Noël, sous des stores bardés de banderoles patriotiques et d'inscriptions accrocheuses qui proclament que le gaspillage d'un argent durement gagné constitue le mode de vie américain. »
Ex-mari encore épris, amant charmant et distant, père soucieux mais éloigné, vendeur attentif, voisin courtois, propriétaire conciliant, touriste curieux, solitaire perdu dans ses pensées, Franck endosse avec succès tous ces rôles.
Original et très américain, ce roman est singulièrement à part. Une raison supplémentaire de faire preuve d’indépendance d’esprit en le lisant.
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