Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
Ils : deux garçons qui font l'amour. Ils n'ont pas d'identité, pas d'histoire, pas de psychologie, mais un corps aussi lisse qu'un marbre de Canova, un membre qualifié d'« idéal ».
Il n'y a pas de décor, ou plutôt c'est n'importe quel décor, chambre, plage ou clairière moussue : la seule chose qui importe, c'est qu'ils puissent s'y étendre pour faire l'amour.
On ne sait pas ce qu'ils se sont dit : ils se taisent lorsque cela commence. La voix, les mots entre eux n'ayant fait que préparer à l'amour : « ils entraient par la voix dans le plaisir de la chair. » Maintenant ils sont dans ce plaisir.
La description détaillée de cette scène d'amour, emblème de toutes les scènes d'amour, est le fil central du roman et détermine sa durée. Elle court du premier instant à la conclusion, sans rien dissimuler, rien arranger, rien oublier.
Les deux garçons sont dans le présent de la chair, sa pureté. Ils se dissolvent dans le plaisir pris et donné. Au point que « il » est l'un ou l'autre, interchangeable, unique et double. Vertige des corps que l'écriture rend palpable, refusant d'identifier, de dialoguer, de séparer ce magnifique oubli de soi qui est le comble de soi-même et qui n'existe que dans l'amour sensuel.
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