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Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d'ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l'uniforme du parfait transfuge sur la scène du capitalisme vert. Arthur, enfant de la bourgeoisie, tente de régénérer le champ familial ruiné par les pesticides mais se heurte à la réalité de la vie rurale. Au fil de leur apprentissage, les deux amis mettent leurs idéaux à rude épreuve.
Du bocage normand à la Silicon Valley, des cellules anarchistes aux salons ministériels, Gaspard Koenig raconte les paradoxes de notre temps - mobilité sociale et mépris de classe, promesse de progrès et insurrection écologique, amour impossible et désespoir héroïque... Une histoire de terre et d'hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste.
Récit philosophique de deux parcours sur l'urgence écologique avec Kevin et Arthur qui tisseront ensemble une belle amitié venu de deux horizons différents. Les chapitres courts alternent les points de vue des deux protagonistes. Paradoxe de méthodes, d'esprits, sociétale et économique. Un roman aux racines de la vie. Roman d'apprentissage, une explorations des vices et des vertus. Une lecture fluide incisive et grinçante.
"La nature en sursis les invitait à philosopher. Ils ne refaisaient pas le monde, comme les générations précédentes. Ils le regardaient se défaire et tentaient de se trouver un rôle dans l'effondrement à venir."
Je suis sûre que vous verrez les lombrics d’un autre œil tant ce livre est une passionnante source d’informations sur ces bestioles qui, comme l’affirment les personnages de Gaspard Koenig, pourraient régénérer les sols, donc le monde et devenir LA solution à la transition écologique dont on nous bassine les oreilles comme un mantra.
J’ai lu HUMUS comme un thriller imaginatif et intelligent, au style impeccable et au suspense sans faille ; il analyse avec la même finesse et la même pertinence l’air du temps actuel, cruel et déraisonnable au regard des enjeux de survie de l’espère humaine (les bancs de la fac lieu de lutte des classes, la grande entreprise et sa direction RSE, la petite copine embringuée dans la traditionnelle répartition des rôles...) et les caractères des protagonistes, tou.te.s pétri.e.s tant de de bonne volonté et d’espoirs que d’hypocrisie et de lâcheté.
Au final et malgré un dernier chapitre qui tente de rattraper le coup, ce livre ne rend pas très optimiste pour l'avenir, avec ces jeunes sûrs de réussir à tout changer, qui prennent sur leurs épaules tout le poids du monde et des erreurs passées, qui essaient mais qui échouent.
Je ne doutais pas du bien fait du travail des décomposeurs de sol. Et je suis ravie que ce roman les mette enfin en lumière.
J’ai aimé Arthur et Kevin, si différents et pourtant si complémentaires ; les voies différentes qu’ils prennent pour un même but : développer la présence des vers sur un ancien champ utilisant les phytosanitaires et pour recycler en masse.
J’ai été désolée que Philippine ne fasse que reproduire un comportement de classe pour arriver à ses fins : prouver à son père qu’elle est capable de créer et diriger une société.
J’ai aimé les deux visages du Bouddha : celui qui finance une start-up, et celui qui accompagne Léa la naturopathe.
J’ai aimé les dualités du roman : les deux visages du Bouddha ; les réseaux des élites et ceux des vers de terre ; Arthur lettré issu d’une famille aisé et Kevin qui a profité de l’ascenseur social et dont les parents sont de modestes travailleurs attachés à aucune terre et toujours prêt à partir.
J’ai découvert Bookchin et l’écologie sociale, mais aussi la doche (une mauvaise herbe tenace).
J’ai aimé le voisin Jobard, le fait qu’Arthur le prenne comme tête de turc sans vraiment le connaître.
J’ai aimé que les deux hommes fassent l’amour à la terre chacun à leur façon.
J’ai aimé que Kevin découvre la musique classique avec la Chaconne de Bach.
Mais j’ai trouvé déplacé la présence d’un canapé Chesterfield dans une vieille ferme délabrée.
Enfin, j’ai aimé que l’auteur montre que les vers de terre réussissent l’androgynie perdue de Platon.
Quelques citations :
Il trouvait étrange cette manière des riches de vouloir à toit prix invoquer la justice au service de leur confort. p.224
Prométhée, Allah, Khnoum, Parvati, Viracocha, ils sont tous d’accord pour une fois : pour souffler la vie, pour pétrir le Golem, il faut de la glaise, de la boue, de la mère, quelque chose d’élastique et de spongieux. p.247
L’image que je retiendrai :
Celle des deux jeunes hommes les pieds dans l’eau, la nuit, rêvant de leur avenir sous les étoiles.
https://alexmotamots.fr/humus-gaspard-koenig/
J'ai du mal à rejoindre l'enthousiasme général concernant ce roman.
Deux jeunes gens, un fils d'avocat, l'autre fil d'ouvriers souvent précaires, vont se lier d'amitié lors de leurs études en école d'ingénieur AGRO.
La première partie m'a plu ; leur rencontre, leurs contradictions, leurs doutes et leurs espoirs.
Et puis, bien sûr, ils vont faire des choix différents avec des conséquences finalement désastreuses que l'auteur va décortiquer.
Le texte se veut une satire de la société actuelle, une dénonciation de ses idéaux, ses excès, son entre-soi et son hypocrisie.
C'est rigolo une centaine de pages puis tout devient caricatural, cela tourne en rond et les clichés ne nous sont pas épargnés.
La lecture des cent dernières pages m'a semblé laborieuse.
Alors, oui l'écriture est élégante, le style soigné et les thèmes abordés intéressants mais cela n'a suffit, ni à me captiver ni même à me toucher.
Une déception donc.
'Humus' est un roman dont le sujet est très original. Il est question ici de vers de terre. Les deux personnages principaux Kevin et Arthur tentent d'appliquer de nouvelles méthodes qui selon eux va « révolutionner » le monde agricole. Mais nos deux étudiants ont des caractères et des idées différentes. Chacun va procéder à sa façon et suivre un chemin différent.
Un roman audacieux, quelque peu déroutant, qui invite le lecteur à s'interroger sur le devenir de notre monde rural et agricole. Quelles solutions nouvelles apportées dans ce domaine afin de préserver nos ressources et la planète ?
La fin du livre est surprenante mais je ne vous en dis pas plus.
Gaspard Koenig a reçu trois prix littéraires pour ce roman : le prix Transfuge du meilleur roman français 2023 (ex-æquo avec A. Dreyfus), le prix Jean Giono et le prix Interallié.
Lu dans le cadre du Prix Landerneau des lecteurs 2023
«Sans vers de terre, plus de terre»
Gaspard Koenig, au meilleur de sa forme, nous offre une satire des milieux économiques et écologiques en imaginant deux ingénieurs agronomes désireux de sauver la planète. Mais Arthur et Kevin vont avoir bien de la peine à réussir dans une France éco-anxieuse. La terre n’a pas fini de souffrir.
Marcel Combe a trouvé en Arthur et Kevin deux étudiants passionnés par son cours sur le ver de terre, qu’il trouve plus précis d’appeler lombricus terrestris. Cet inépuisable retourneur de terre pourrait bien être le sauveur de l’humanité. Comme leur professeur, ils sont persuadés que «le productivisme agro-industriel avait ruiné la fertilité naturelle ; et l’humanité était parvenue à détruire en quelques décennies le subtil équilibre obtenu par des millions d’années d’évolution biologique.» Ce que le scientifique résumait de cette formule: «Sans vers de terre, plus de terre.»
Impressionnés par leur nouveau savoir, les deux garçons vont se lier d’amitié et décider de leur consacrer toute leur vie. Mais pas du tout de la même manière. Après leurs années d’études à AgroTech Paris-Saclay et à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, l’INRAE, les deux ingénieurs agronomes vont voir leurs chemins se séparer, même si tous deux croient en la terre pour sauver la planète.
Arthur, le fils d’avocat parisien, choisit de partir avec Anne s’installer dans le bocage normand. Il avait rencontré cette «brune au corps débordant, avec une bouille ronde et jolie qu’elle s’efforçait maladroitement de profaner (..) prête à tout pour s’encanailler et qui professait l’anticapitalisme» lorsqu’elle était étudiait à Sciences-Po. Avec son écolo-rebelle, il va faire la dure expérience du passage de la théorie à la pratique dans des sols brûlés par des années d’épandage de pesticides en tous genres. Car les néo-ruraux sont déterminés à mettre en œuvre une agriculture raisonnée, avec des techniques qui n’appauvrissent pas la terre et, bien sûr, sans chimie. En s’inspirant du cours de Combes, il va commencer par chercher les vers de terre dans le sol, à partir d’un mètre carré de test. Mais le résultat de sa «régénération lombricienne» est bien décevant. Le voilà contraint d’essayer autre chose. Il ensemence sa prairie. Mais loin de lui l’idée de demander conseil aux agriculteurs locaux, considérés comme héritiers de pratiques qui ont conduit au désastre écologique. Le productivisme, très peu pour lui. Peut-être que la petite épicerie bio de Laurent et Maria pourrait lui offrir un modèle, ayant finalement réussi à perdurer avec son idéal de décroissance. Anne semble du reste séduite par leurs idées et rêve de faire de leur propriété un modèle autosuffisant.
Kevin, quant à lui, veut rester à Paris, sans doute pour se prouver qu’un enfant de la classe ouvrière peut réussir. Dans la capitale, lui qui ne veut rien savoir du mariage et préfère les liaisons éphémères, se rêve entrepreneur. Sa start-up va produire des vermicomposteurs design. Il imagine déjà des usines un peu partout en France pour produire des millions de vers de terre capables de digérer des millions de tonnes de déchets. Mais il peine à trouver des capital-risqueurs pour financer ses premiers modèles. Puis il rencontre Philippine, qui s'enthousiasme pour son projet plus que pour ses performances sexuelles. Elle va lever des fonds et offrir à Kevin un poste de directeur dans l'usine qu'elle a réussi à financer, persuadée que malgré son ophiophobie, la théorie darwinienne était juste: «le lombric est l’animal le plus important de l’évolution naturelle». Ensemble, ils vont réussir à lever des fonds dans la Silicon Valley.
Gaspard Koenig a su trouver le ton idéal pour ce roman, entre idéalisme et dérèglement climatique, entre défense de la biodiversité et capitalisme conquérant. La satire convient parfaitement aux grandes envolées lyriques de ces deux héros imaginant ne pas se laisser entraîner dans l’éco-anxiété ambiante mais bien décidés à sauver la planète. Eux viendront démontrer, chacun à sa place, qu’il n’est pas trop tard ! Mais loin du manifeste écolo, l’auteur montre bien les paradoxes de cette transition écologique plus rêvée que concrètement mise en œuvre. Roman d’une génération inquiète, Humus esquisse des réponses, mais livre surtout un constat : il est vraiment temps d’agir !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
https://urlz.fr/oFJT
Gaspard Koenig réussit le tour de force de réunir en un même livre partage de connaissances, humour grinçant savoureux sur les élites qui gouvernent la France, l'hypocrisie sans bornes des politiques RSE des entreprises qui tentent de ripoliner à grands coups de greenwashing leurs façades bien peu vertueuses, et de mettre en perspective les solutions existantes. Il se paye également le luxe de se mettre en scène dans son roman lors d'une brève apparition sous les traits d'un « certain Gaspard, essayiste qui se piquait d'être médiatique mais dont Kevin n'avait jamais entendu parler » (p.235).
Malgré un final, à y réfléchir pas si invraisemblable, mais quand même très (trop?) spectaculaire, un livre intéressant et original, dont on retiendra les vérités satiriques d'une humanité écartelée, dans sa course folle, entre son confort immédiat et ses craintes d'un avenir menaçant, autant que son exploit inattendu de passionner son lecteur pour les vers de terre.
Tout en rappelant le rôle fondamental des vers de terre, indispensables à la vie des sols, et pourtant souvent méprisés, Gaspard Koenig nous livre une satire de nos mœurs tant écologiques que financières absolument décapante. Les multiples rebondissements rendent la lecture très addictive, pour aboutir sur une fin quasi-apocalyptique tout aussi surprenante, mais n’est-ce pas là le chemin logique de toute cette violence et des excès de notre société contemporaine ?
Kevin et Arthur, étudiants en agronomie, n’ont qu’une seule idée en tête : changer le monde. Passionnés tous les deux par ce qui vit dans les sols, ils en font une force et livrent une bataille tambours battants. Mais ce qui peut finalement les rapprocher ne fait que les éloigner. Les chemins bien distincts que prennent les deux hommes s’annoncent périlleux et tout n’est pas bon à prendre.
J’ai refermé ce livre, qui fut bien laborieux à lire, en me demandant ce qu’il était : roman social, roman écologique, fable, essai ? Humus est un mystère pour moi.
Je n’ai pas accroché à cette « histoire de terre et d’hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste. ». L’auteur a suivi à la lettre son plan d’écriture. Clac clac clac il enchaîne, pas de place à l’imprévu, tout doit rentrer dans ses cases.
Les personnages stéréotypés ne m’ont pas convaincu, le bobo et le paysan, la naturopathe, tout est trop simple, prévisible. Les lombrics, dont l’auteur déroule son catalogue de recherches sur 100 pages, avec des termes pointus, tu connais tant mieux, tu ne connais pas tant pis ! Prendre mon dictionnaire toutes les 2/3 lignes n’a pas aidé !
L’ambiance est froide, lisse, aucune place pour l’inattendu. De ce fait, je n’ai ressenti aucune émotion, juste un ennui profond.
Humus, ça passe ou ça casse !
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/11/08/40099823.html
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