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Les grandes vacances sont arrivées. Christophe accompagne à la gare ses quatre enfants et Justine, avec qui il forme un couple heureux depuis une vingtaine d'années.
Dans le pavillon de bord de mer de ses parents, commence pour elle une retraite estivale entre souvenirs enjolivés et infantilisation vexante. Au chômage depuis près de deux ans, Christophe poursuit quant à lui sa recherche d'emploi, sans conviction. Un soir, un ami le traîne à l'Entre-Deux, et, très vite, il prend l'habitude de fréquenter ce cabaret gay où il se sent soudain plus léger.
Et si la découverte de cet univers marquait un tournant dans sa vie, tandis que Justine, sans qu'il n'en soupçonne rien, s'abandonne à la dérive des sentiments ? Et si le doute s'emparait d'eux ? Après tout, se connaissent-ils vraiment ?
Dans Hôtel de Paris, son premier roman, Adèle Solann scrute avec ironie et beaucoup de justesse les atermoiements de ce couple à bout de souffle, entre regain de flamme et illusions perdues.
Un roman dense et profond sur le thème du couple. Justine et Christophe sont mariés depuis longtemps, ont 4 enfants de 3 à 13 ans mais leur vie de couple semble s'étioler. Justine, médecin anesthésiste, a l'impression de porter le couple pendant que Christophe semble se laisser aller depuis qu'il est au chômage depuis plus de 20 mois.
A l'occasion du départ en vacances de sa famille dans la station balnéaire de Saint-Marc, chez les parents de Justine, Christophe va goûter à quelques jours de liberté et découvrir un nouvel univers avec le cabaret gay de l'Entre-Deux. Il va commencer à fréquenter l'endroit assidûment et sentir des changements s'opérer en lui au point d'accepter un poste de réceptionniste à l'hôtel de Paris, fréquenté par de nouveaux couples gays ou habitués de passage.
Ce roman présente une double narration, celle de Justine et celle de Christophe, leurs réflexions, leurs questionnements et leurs tourments, une analyse psychologique très fine et très poussée. Il dépeint parfaitement le désir et l'absence de désir, la difficulté à vivre en couple quand les choses ne vont plus dans le bon sens. On s'attache aux personnages en se mettant à la place de Justine et Christophe et cette alternance dans la narration est plutôt bien fait.
J'ai toutefois quelques réserves avec une certaine lenteur narrative et l'impression d'avoir été constamment ralenti. Adèle Solann décrit parfois avec un détail excessif certaines situations, découpant chaque geste, chaque mouvement, chaque sensation sur plusieurs paragraphes, sans pour autant avoir besoin de tant de minutie. Cela m'a un peu empêché de me plonger complètement dans le roman et de ressentir l'intensité dramatique, pour finalement ne rester que spectateur.
Le film montre quand même de belles choses pour un premier roman et sa lecture reste agréable.
" Hôtel de Paris " de Adèle Solann est publié aux éditions du Seuil en mars 2020. Ce premier roman est le récit d'un couple à bout de souffle, dans lequel le lecteur est le témoin privilégié des réflexions personnelles de chacun. Entre tendresse, trahison et déni, Adèle Solann nous plonge avec poésie et amertume dans ce dédale de sentiments.
Cette année est différente des autres années ; Justine part seule en vacances avec leurs quatre enfants à St Marc sur Mer chez ses parents. En effet, au chômage depuis maintenant deux ans, Christophe consacre ses journées à la recherche d'un emploi et ne peut se permettre d'accompagner sa famille. Par lâcheté ou par choix délibéré, il en ressent presque un soulagement à cet instant, sur ce quai de gare, comme une jubilation longtemps contenue.
p. 11 : " Il étouffe de plaisir à l'idée de ne plus être ni mari ni père de famille. "
Mais Christophe vit très mal la situation. Dépendant financièrement de sa femme, brillant médecin anesthésiste, sa fierté, sa virilité, son autonomie, tout est remis en question. Il se sent s'éloigner de sa femme, de sa famille, de lui-même.
p. 37 : " Il trouve long et ennuyeux d'attendre que le temps passe. Qu'il est loin ce point du jour où il se sentira libéré. "
Un soir, son meilleur ami Fabrice et sa femme l'emmène à l'Entre-Deux, une boîte gay parisienne. Si le couple s'amuse de la situation avec légèreté, Christophe quant à lui, s'y sent soudainement à son aise, comme libéré du poids des responsabilités, enfin vrai.
p. 78 : " Chaque nuit de cet été sans famille, il se délecte de la découverte d'une cohérence totale avec une partie de lui-même qu'il ignorait jusqu'ici et qui pourtant ne renie rien. Il veut défendre ses nuits, sa vie rêvée, ses questions, son secret, sa certitude. "
De son côté, Justine doit supporter ses parents, leurs critiques envers son mari qu'ils n'ont jamais appréciés, et qui ne se privent pas de lui faire savoir, l'enfonçant chaque jour un peu plus dans le doute...
p. 87 : " Quarante-quatre ans et toujours incapable de leur dire merde, c'est à pleurer. "
Alors, lorsqu'elle aperçoit sur la plage son premier amour d'enfance, elle y voit comme un signe. Le signe d'une bouffée d'oxygène, d'insouciance, de légèreté. Mais tout cela n'est-il pas un simple mirage ?
p. 89 : " Cinq gosses, en comptant Christophe. Et aucun soutien, de personne. Je suis fatiguée. Vraiment fatiguée. J'ai envie de chialer. Planter tout le monde et partir. "
Pendant ce temps, à l'Entre-Deux, Christophe rencontre Anne-Victoire, la propriétaire de l'Hôtel de Paris. Il cherche un emploi. Elle cherche un réceptionniste. Justine ne cache pas sa surprise, mais encourage son mari. Après tout, elle souhaitait juste qu'il retrouve un travail, peu importe lequel. A l'aise dans ce nouveau rôle, il reprend confiance en lui. Jusqu'au jour où son regard croise celui d'Andreas Winter, un jeune metteur en scène de théâtre suisse, qui prend ses quartiers à l'hôtel de Paris lors de ces visites dans la capitale. C'est un véritable coup de foudre pour Christophe, une décharge électrique.
p. 149 : " Il a le désir immense que la tension de cet instant ne cesse jamais. "
S'ensuit alors un vrai combat intérieur pour Christophe, entre désirs violents et dégoût de lui-même.
p. 165 : " Il voudrait ne plus penser à lui, mais sa tête est pleine de ce nom, comme s'il l'avait attendu jusque là. Pourtant c'est faux. Justine est une certitude et sa vie n'est pas une méprise. Il se répète qu'Andreas est une illusion, un abject égarement passager. "
Si Justine se sent désirable dans les bras de son amant, elle n'envisage pas la fin de son couple. Cette crise est passagère, elle en est certaine. Christophe lui reviendra.
p. 271 : " C'est moi qui décide. Si l'un de nous deux devait partir, ce ne serait pas lui. Cela ne se peut pas. "
Les faux semblants, les mensonges, tout s'emmêle, tout déborde, tout s'entrechoque. La colère et la tendresse.
p. 296 : " [...] je sais que ma vie avec Christophe est indestructible. Les enfants, nos souvenirs, notre façon d'être en couple, et aussi d'être seuls, nous relient l'un à l'autre, il faudrait casser trop profond pour nous détacher l'un de l'autre. Nous sommes usés, comme une vieille paire de bottes qui a si bien pris la forme des pieds qu'elle en devient irremplaçable malgré ses semelles défoncées. "
Comment ce couple, que pourtant rien ne semblait ébranler, pourrait-il se relever ? Que deviendrait cette famille si chacun suivait ses propres désirs ? Sinon, comment pardonner à l'autre ?
p. 326 : " Que les choses sont fragiles et ce qu'il faut de volonté pour poursuivre le chemin que l'on s'est fixé. Qu'il est ardu et douloureux de lutter contre ses émotions qui vous prennent en traître. "
Ce premier roman d'Adèle Solann aborde le délicat sujet de la pérennité du couple, de ses difficultés à résister aux dangers des désirs et du piège de la routine, illusion d'équilibre et de bonheur. En utilisant une narration à double voix - celle de Justine et celle de Christophe - l'auteure rend la prise de position pour l'un ou pour l'autre des personnages impossible. Le lecteur ne peut s'attacher, puisque chacun est responsable. Ce couple en perdition est paradoxalement empli de tendresse. Malgré quelques longueurs et quelques scènes un peu tirées par les cheveux, c'est un premier roman prometteur, écrit avec justesse, profondeur et sans mièvrerie.
p. 323 : " ceux-là mêmes qui prétendront n'avoir rien vu, à la fin, ceux-là précisément devront admettre qu'ils savaient depuis le début. "
C'est l'histoire de Justine et Christophe. Ils forment un couple heureux depuis une vingtaine d'années et ont quatre enfants Léopold 13 ans, Béatrix 8 ans, Albane 5 ans et Vianney 3 ans. Justine est médecin anesthésiste et Christophe est demandeur d'emploi depuis presque deux ans. Ils vivent près de Grenoble.
Les grandes vacances sont là. Justine accompagnée de ses enfants, part pour Saint-Marc, station balnéaire, où ses parents ont un pavillon. Une fois que le train s'est ébranlé, Christophe est pris d'un rire démesuré, libératoire à l'idée de ce mois de liberté. Fabrice, son meilleur ami, l'invite à se rendre à l'Entre-Deux, un cabaret gay où Christophe va rapidement prendre l'habitude de se rendre et qui va lui permettre de trouver un poste de réceptionniste à l'hôtel de Paris.
La découverte de cet univers gay va marquer un tournant dans sa vie et modifier son comportement. Il se sent enfin en accord avec lui-même, c'est une révélation.
Justine, elle, si elle est contente de retrouver des souvenirs d'enfance, doit, la plupart du temps, supporter ses parents qui ont tendance à l'infantiliser d'autant qu'ils n'ont jamais apprécié son mari et ne se gênent pas pour le lui répéter. Aussi est-elle heureuse lorsqu'elle retrouve grâce aux enfants un ancien copain d'enfance.
Adèle Solann, dans ce premier roman, se livre à une véritable étude psychologique de ces deux personnes Justine et Christophe, ce couple follement épris l'un de l'autre. Cette séparation et ces rencontres vont les amener chacun à se questionner sur ce qu'est devenu leur grand amour, sans qu'il soit vraiment remis en question. La vie quotidienne, les habitudes pourraient être la cause de cet éloignement.et de cette incompréhension. les non-dits ne feront qu'aggraver le malaise.
Savoir si l'amour peut survivre au temps et à la routine et d'autre part, se connait-on vraiment personnellement et connait-on réellement la personne aimée même après de longues années de vie commune telles sont les principales questions soulevées par l'auteure. Un sujet banal pourrait-on penser, mais Adèle Solann réussit par sa sensibilité à éviter la mièvrerie et le roman à l'eau de rose.
De plus l'intrigue est bien menée, peut-être un peu longue et parfois à la limite du vraisemblable, mais on ne s'ennuie jamais. J'ai bien aimé les scènes avec les enfants que ce soit avec les plus jeunes ou avec l'ado, je les ai trouvées très réalistes de même que certaines scènes de la vie courante. Ce premier roman que j’ai pu découvrir grâce à Babelio et aux éditions du Seuil, se révèle en fait comme une analyse assez fine de la vie en général et de la vie en couple, en particulier.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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