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J’ai commencé ce roman en me disant que j’avais l’impression d’assister à un téléfilm sentimental. Je savais que l’auteure le faisait exprès, justement pour insister sur le couple heureux avant grossesse. Mais tout de même, c’était très fleur bleue. Un homme et une jeune femme plus heureux que jamais dans tous les domaines, au travail, en amour, au lit… Deux personnes qui se marient et qui achètent une magnifique demeure (l’homme est avocat et a beaucoup d’argent, tout comme ses parents). Un couple plus heureux que jamais. Bloup, bloup, on nage dans un bonheur sans faille. Vous voyez ?
Et puis Jessica tombe enceinte, une heureuse surprise, une grossesse so exciting. Jusque là, rien de bien extraordinaire donc. J’avais hâte d’en arriver au moment intéressant de l’histoire, celui où tout fout le camp. Non pas que je surfe sur une tendance machiavélique, mais le tout beau tout rose finit par m’ennuyer et surtout il ne reflète pas la vérité de ce que vivent beaucoup de personnes ici bas. Et c’est justement le sujet abordé dans le résumé qui m’a réellement attirée dans ce roman. La difficulté d’être mère. La dépression postnatale. Un thème important pas assez abordé selon moi en règle générale.
Il y a donc 20% du roman qui pose le décor du couple idyllique et qui fait en sorte de nous convaincre que cette maladie peut toucher les personnes tout à fait heureuses et impatientes d’accueillir leur nouveau-né. Puis la naissance chaotique de cette petite fille arrive et à partir de ce moment-là, le couple ne réagit plus de la même façon. La symbiose se brise pour ne faire briller que l’éclat de joie et de plénitude de Matthew, a contrario de la platitude de Jessica envers son bébé. Elle ne ressent rien, pas l’amour maternel immédiat dont sa mère lui a parlé. Jessica ne comprend pas pourquoi elle ne réagit pas « normalement ». Elle n’aime pas son enfant, pas immédiatement et pas non plus après. Elle sombre. Elle se sent seule et incomprise de son entourage. Et pendant que son mari se démène pour tout gérer tout en babillant avec son nouveau trésor, elle éprouve tous les sentiments qu’elle ne devrait pas à ce moment-là : la jalousie, la colère, l’indifférence… Pourquoi ?
Comment peut-on passer du bonheur absolu à cette infinie tristesse ?
« Elle avait beau essayer de se rassurer, ou de se répéter à voix haute que tout ce qu’elle avait à faire était de rester à la maison, dans leur magnifique demeure, et de s’occuper de leur bébé en bonne santé, cela ne changeait rien. Cela n’apaisait pas le moins du monde le désespoir qui l’emplissait comme de la glu noire. »
Le roman prend alors toute sa consistance. Les sentiments de ses personnages sont étoffés, crédibles, réalistes. Certains passages nous effarent tandis que d’autres nous émeuvent. L’auteure ne lésine pas pour nous faire ressentir le désespoir de cette femme qui est mère uniquement par le titre. Sa descente aux enfers est ici parfaitement bien épluchée mais sans trop en faire. Les pages se tournent toutes seules, nous avalons les chapitres pour connaître le dénouement de toute cette histoire.
« – Je déteste être mère. Je déteste ! Je ne sais pas le faire, et je n’y comprends rien. Je suis complètement nulle. Je ne sais même pas tenir la tête du bébé comme il faut ! Je regrette de ne pas avoir su ce que j’éprouverais, parce que franchement, j’aurais fait plus attention à ne pas tomber enceinte. Je hais chaque minute de mon existence désormais, et je veux retrouver ma vie d’avant ! »
« – Je déteste son putain de prénom et je déteste sa chambre dans ma maison. Je déteste voir ses affaires dans ma cuisine, et je ne veux pas passer de temps avec elle, pas une minute ! Et je me déteste de dire une chose pareille, de la penser même, mais c’est la vérité. »
Chaque fin de chapitre est ponctuée des écrits de Jessica dans son journal intime sur plusieurs années, ce qui rythme merveilleusement bien le récit et apporte du suspens.
J’ai été transportée, je me suis demandée comment tout cela allait finir, comment on pouvait en arriver là. J’ai été plongée dans cette maladie un peu trop tabou et je suis heureuse que l’auteure nous en ai si bien parlé. Nous passons par toutes sortes de sentiments à la lecture de ce roman et j’adore ça. Le rythme est parfait et l’écriture fluide nous permet de rentrer complètement dans l’histoire.
« Je me demande, si j’avais su combien c’est commun, est-ce que ça m’aurait aidée ? Je pense que oui. Je pense que j’aurais trouvé les choses plus faciles, sachant que je faisais partie d’un club de plusieurs milliers de personnes, et non d’un club dont j’aurais été l’unique membre. Le plus terrifiant, ça a toujours été la façon dont la souffrance m’a assaillie en rampant, jetant sur ma tête sa cape sombre, si bien que je ne me rendais pas compte de ce qui se passait. »
Je vous le conseille chaudement !
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/10/22/lecture-histoire-dune-mere-damanda-prowse/
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