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Histoire de la musique à travers celle d'un de ses genres instrumentaux les plus prestigieux, ce deuxième volume de l'Histoire du quatuor à cordes étudie l'évolution de son langage et de ses sonorités, de ses formes et de son esthétique à partir du moment où, sous l'impulsion de courants nationaux, certains compositeurs cherchent à s'affranchir du modèle viennois qui avait dominé le quatuor depuis sa fondation par Haydn.
Commencé en Tchécoslovaquie avec Smetana et Dvorák le mouvement des écoles nationales imprègne fortement la production de quatuors russes (Borodine, Tchaïkovski) et scandinaves (Sibelius). En revanche dans une France à l'écart de ce courant et jusqu'ici assez peu ouverte à la musique de chambre, Franck qui embrasse l'idéal beethovénien entraîne dans le sillage de sa conception cyclique toute une école française de quatuors ; Debussy et Ravel s'en émanciperont en en allégeant le cadre et en l'éclairant de sonorités neuves.
Mais c'est de Vienne encore que viendra le véritable renouveau avec cette langue nouvelle dont Schoenberg pose les premières bases, bientôt suivi par Berg et Webern. Témoin lucide et angoissé de son siècle blessé, Bartok réalise une synthèse admirable de la modernité beethovénienne et de celle de son temps en intégrant à ces styles savants un style populaire transcendé en «folklore imaginaire». Autre phare de la modernité de cette première moitié de xxe siècle, Janácek invente lui aussi, mêlant musique de la langue et musique de la vie. Ces compositeurs ont en commun d'avoir fait de leurs quatuors des chefs-d'oeuvre "expressionnistes" dans leur tension entre une subjectivité exacerbée et une discipline formelle exigeante.
A côté de ces oeuvres qui dominent leur époque, la littérature pour quatuor de ce premier demi-siècle foisonne de partitions admirables par leur invention ou la qualité de leur facture, leur force expressive ou tout simplement leur charme. Dans la mouvance d'un expressionnisme anti-romantique, certains compositeurs (Hartmann, Honegger) disent la douleur du monde, d'autres s'échappent dans un impressionnisme hédoniste, d'autres (Hindemith ou Milhaud) découvrent les effets roboratifs du néo-classicisme, d'autres enfin expérimentent des possibilités techniques nouvelles comme Charles Ives avec la polyrythmie ou Darius Milhaud avec la polytonalité. Ce répertoire de qualité, aussi abondant que divers, reste trop souvent méconnu ; cette histoire nous le fait découvrir.
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