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Hegel ou le festin de Saturne

Couverture du livre « Hegel ou le festin de Saturne » de Romain Deblue aux éditions Beauchesne
  • Date de parution :
  • Editeur : Beauchesne
  • EAN : 9782701022765
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Saturne, c'est ici l'Absolu de Hegel, un Absolu pensé si seul qu'il ne vit que de la perpétuelle dévoration de ses propres enfants, craignant d'être détrôné de son absoluité s'il n'absorbe pas, à mesure qu'il la produit, sa propre altérité. C'est cette solitude de Dieu qui est ici interrogée, en... Voir plus

Saturne, c'est ici l'Absolu de Hegel, un Absolu pensé si seul qu'il ne vit que de la perpétuelle dévoration de ses propres enfants, craignant d'être détrôné de son absoluité s'il n'absorbe pas, à mesure qu'il la produit, sa propre altérité. C'est cette solitude de Dieu qui est ici interrogée, en suivant au sein de l'oeuvre hégélien l'évolution, puis le plein déploiement conceptuel de la notion de Singularité, qui n'est autre que le nom divin par excellence. Si Dieu, l'Absolu, est pour Hegel la Singularité même, ce n'est que parce qu'il est le mouvement de réflexion réciproque de l'Universel et du Particulier : l'Esprit est la réflexion du Logique dans la Nature, et de la Nature dans le Logique.

Hegel ou le festin de Saturne se présente alors comme une enquête destinée à dévoiler le meurtre rituel dont la Singularité est le nom dans le Système hégélien. Or, cette Singularité, que nous sommes habitués à entendre individuelle, s'y révèle être boulimique ou, justement, saturnienne. S'ouvrant sur la faillite spéculative des singuliers sensibles au début de la Phénoménologie de l'Esprit, le présent ouvrage ne pourra se conclure qu'avec le triomphe de la Singularité dialectique ne laissant rien - pas même ou surtout pas - son Autre hors d'elle-même, lorsque ce triomphe sera mesuré à l'aune de la conceptualité chrétienne dont se revendique le protestant Hegel, mais qu'il trahit sur un point capital en voulant l'accomplir.

Mais Saturne, c'est aussi le « soleil noir » des alchimistes, que l'on a pu associer au soleil obombré au moment de la mort du Christ : quoi de plus naturel, dès lors, que d'en faire l'astre tutélaire d'un système qui se construit tout entier autour d'un « Vendredi-saint spéculatif » ? Car, comme Dante dut traverser les neufs cercles de l'Enfer avant d'espérer pouvoir s'élever au Purgatoire, puis au Paradis, l'homme pensant doit traverser le Système de la Science, en subir peut-être les glaçantes tentations, en méditer en tous cas la fascinante rigueur conceptuelle, pour pouvoir ensuite espérer voir scintiller devant lui les lueurs matinales d'un inattendu « dimanche de Pâques spéculatif ».

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