Cette biographie aussi brillante que divertissante est le fruit de vingt ans de recherches.
Kevin Bazzana porte un éclairage nouveau sur la vie devenue quasi mythique de Glenn Gould (1932-1982), sur sa personnalité, les multiples facettes de son travail de pianiste, sur le réalisateur radio qu'il fut pendant de nombreuses années et sur le compositeur qu'il tenta d'être. Détruisant la légende de l'autodidacte reclus et fragile qui, au milieu des années 50, surgit de nulle part sur la scène musicale internationale, il propose un portrait exhaustif démontrant que ce personnage complexe, doué à l'excès et
naturellement excentrique est aussi un produit de son époque et de son milieu. Il explicite aussi la philosophie musicale très particulière de Gould concernant les compositeurs qu'il affectionnait, notamment J.S. Bach et Arnold Schoenberg, et la façon dont son jeu mariait de façon hautement personnelle romantisme et modernité.
L'auteur expose ici avec réalisme la vie professionnelle de Gould : sa carrière si brève et si étonnante de concertiste (celle-ci dura à peine cinq ans et subit de nombreux aléas bien que l'artiste fut adulé dans le monde entier autant par le public que par les plus grands chefs et compositeurs de l'époque); la façon dont il se retira de la vie publique alors qu'il se trouvait au sommet de la gloire; comment il préféra au concert l'enregistrement solitaire en studio et ses subtilités techniques. Bazzana brosse le portrait du musicien en évoquant les souvenirs de ses amis - beaucoup sont interviewés ici pour la première fois - et en analysant nombre de ses documents personnels. Il pose un regard fascinant et original sur le développement intellectuel et musical de Gould, sur ses légendaires excentricités, (hypothermique, Gould ne supportait pas de vivre au-dessous d'une température de 27°centigrades; il ne pouvait jouer que sur une chaise - la fameuse "chaise" - pliante, très basse et rotative fabriquée par son père et qu'il traîna partout son existence durant malgré les grincement qu'elle faisait entendre, entrait en scène avec une bouteille d'eau, un flacon de calmants et une partition miniaturisée; et surtout, il ne pouvait jouer sans s'accompagner de la voix, en sorte que ses digressions
vocales s'entendent aujourd'hui encore sur tous les enregistrements et font partie du "style Gould). Bazzana évoque aussi son style de vie, ses croyances et ses certitudes, sa vie sexuelle demeurée rigoureusement secrète, son hypochondrie et sa santé mentale souvent mise en cause.
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