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Gazoline Tango ou la chronique intime et percutante d'une banlieue disparue, quand la poésie et la fantaisie s'inventaient encore.
- Né d'une mère batteuse punk dans un groupe de filles, dans la banlieue d'une grande ville française des années 1980, Benjamin Granger souffre d'hyperacousie extrême : il ne supporte aucun son...
- Réduit à vivre avec un casque antibruit, il est élevé par une communauté de bienveillants Pieds-Nickelés : le père Germain, alcoolique et toxicomane, Isidore, poète sans papier, et les membres du groupe comme autant de tantes délurées.
- Gazoline Tango se présente comme la chronique douce-amère d'une banlieue disparue où la poésie s'inventait encore, par obligation et instinct de survie, à chaque coin de rue.
Une belle galerie de personnages tous plus barrés ou décalés les uns que les autres : les filles du groupe The naked tits, avec Daisy la chanteuse dont la poitrine souvent découverte -le nom du groupe annonce la couleur- ne laisse pas le jeune Benjamin insensible, Lucienne qui débloque à fond, le père Germain défoncé. Tous ces gens-là cohabitent, se côtoient, même Sofiane le dealer local est plutôt bien accepté. Le roman débute très bien avec la naissance pas banale de Benjamin qui ne veut pas crier et qui ne le fait que parce que la sage-femme "s'était acharnée sur ses fesses" (voir ci-dessous). Le ton est drôle, très moderne, une écriture qui oscille entre le récit raconté par un enfant et celui d'un observateur plus âgé. Mais, je dois avouer qu'après une bonne moitié (le livre fait 268 pages), ça ronronne, tourne en rond et s'allonge sans raison. Il y a bien ici ou là des moments ou des faits qui font que je me raccroche mais pour peu de temps replongeant invariablement dans un certain ennui. Il me faut pas mal de persévérance pour aller au bout et reprendre le fil de la vie de Benjamin, qui sur la dernière partie est de nouveau plus intéressante.
"Il y a des vies ratées d'avance. C'est, sans doute, ce qu'avait pensé Benjamin Granger (s'il avait été en mesure de déjà penser à cet âge), le lundi 11 juillet 1983, jour de sa naissance, au sortir de sa mère, à treize heures quinze précises, lorsqu'il avait été question, toute affaire cessante, de pousser son premier cri pour indiquer à la sage-femme, sous ses claques répétées, qu'il était en vie." (p. 6)
Mon livre coup de coeur de la rentrée parmi les mastodontes de la littérature qui envahissent les librairies, le voici: place à Gazoline Tango de Franck Balandier, si vous avez un petit coup de mou en retournant au travail et bien je peux vous assurer que ce bouquin désopilant va vous donner un sérieux coup de gazoline dans le turbo , même si l'histoire se passe dans une banlieue ou franchement personne n'a envie d'aller voir. Vous serez surpris de découvrir que de l'amour il y en a, et même beaucoup additionné d'aventures à gogo dotées d'un humour à vous fendre de rire, dans ce déluge litteraire ou on ne sait plus qui écrit sur quoi, ou sur qui. Croyez moi vous allez prendre un sacré coup de candeur pas naïve, loin de là; juste de quoi vouloir retomber en enfance le temps de la lecture pour faire les 400 coups avec Benjamin.
Franck Balandier, fait partie des auteurs que je retrouve avec plaisir.
Sa palette est vaste et ce roman va emmener ses lecteurs dans un monde particulier, hors-normes.
En effet le narrateur est un bébé qui va nous faire vivre sa vie de la première minute de sa naissance jusqu'à l'âge de l'envol.
Benjamin Donald Granger nait sans avoir été désiré d'une mère rockeuse n’ayant pas vraiment l’instinct maternel, trop occupée à vivre sa vie d’adolescente attardée et de père inconnu. Mais sa mère l'appelle Benjamin, car en le voyant elle peut attribuer sa naissance à l'un de ses amants de passage.
Ce bébé est hyperacousique avec ce que cela comprend d'adaptation au monde qui nous entoure. Sa différence il l’affichera en portant un casque antibruit sur les oreilles.
Qu'importe ce n'est qu'une facétie du destin parmi tout ce qu'il doit endurer.
Il sort de la maternité pour vivre dans une cité, "la cité des peintres" et la couleur n'est pas que dans les noms évoqués.
C'est un monde que les habitants de cette cité : un prêtre pas comme les autres, une grand-mère toujours là prête à aider, un poète africain qui lui fera découvrir La Fontaine…Car dans cette cité tout le monde est là pour l’autre, chacun a son quelque chose à offrir. Benjamin de moqueries en systèmes D va nous promener dans sa vie.
C'est un homme en marche qui a fait sienne cette maxime "Quand on pense négativement on voit des problèmes partout, quand on pense positivement on voit des solutions partout."Le sait-il qu'il a intégré dans son être cette façon d’avancer ?
Mais un jour il y aura Noémie, jolie sourde-muette...
Surtout Benjamin est persuadé que sa vie s'arrêtera le 11 juillet 2016 à l'âge de 33 ans.
Si vous voulez savoir, si cette prédiction est exacte, promenez-vous dans ses pas et regardez la vie à travers son regard. Sa poèsie, sa gouaille vous enchanteront.
L'auteur nous embarque dans une histoire foisonnante de vies, d'anecdotes drôles et graves à la fois, qui en dit long sur la vie en lisière.
Il y a même une intrigue pour les amateurs de mystères et de jolies révélations.
Benjamin est un personnage haut en couleurs et tendresse tel Momo dans "La vie devant soi" de Romain Gary/ Emile Ajar.
Tout est là, le regard, le parler, cette façon de vagabonder dans la vie, une belle imagination rythmée par la musique de JS Bach, qui n'est pas le seul à maîtriser l'art de la fugue.
Franck Balandier a du talent, si vous ne les avez pas lus je vous recommande : Le silence des rails, Le corps parfait des araignées et celui-ci, cela vous donnera une idée de son registre littéraire, de plus c’est un spécialiste d’Apollinaire.
Je crois que le fil conducteur de son œuvre est la tendresse.
Pour illustrer mon propos je terminerais par cette citation de Jens Christian Grondahl : « Il lui avait fallu longtemps avant de comprendre que l’ironie n’était pas une réserve, mais une extension de sa tendresse, l’expression pudique de celle-ci ».
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 15 août 2017.
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