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Avec son petit-fils Frédéric II, Barberousse (1125 ou 1126-1190) est assurément la plus haute figure du Moyen Age allemand. Lorsqu'il fut élu empereur (1152), le temps était loin où la dynastie ottonienne avait fait du Saint Empire (Allemagne et Italie) la puissance dominante du continent. L'indépendance de fait de nombreuses contrées germaniques, en Italie la volonté pontificale d'abaisser l'empereur avaient grandement affaibli sa puissance et même son prestige. Enfin, le principe électif ne contribuait pas peu à entraver la recherche d'une plus grande stabilité dans le gouvernement et la mise à la raison de la féodalité.Lorsqu'il mourut (par suite d'un banal accident lors de la croisade), Frédéric Ier avait accompli une oeuvre considérable: le pouvoir monarchique était solide et respecté, la dynastie concurrente des Welf éliminée, les princes allemands collaboraient loyalement avec le monarque. En Italie, les villes et les seigneurs acceptaient enfin la souveraineté impériale et la papauté se trouvait confinée à un territoire réduit; enfin, l'Empire avait indirectement mis la main sur la Sicile. Tout cela, bien sûr, ne s'était pas fait sans drames, sans de terribles luttes, sans revers cuisants pour un empereur plaçant au-dessus de tout la dignité de son trône et l'amour de la gloire, et doué d'une remarquable intelligence pratique.Si son oeuvre ne porta pas de fruits vraiment durables, sa mémoire a laissé chez les Allemands une empreinte très forte. Son souvenir eut tôt fait de se mêler à la légende: Frédéric Ier incarna les vertus " courtoises ". Des poèmes _ et parmi eux les Nibelungen appelés outre-Rhin à un si grand avenir _, cultivèrent le thème impérial et germanique, l'amalgamant plus tard à l'exaltation de Frédéric II _ plus italien qu'allemand à vrai dire. Les échecs ultérieurs de plusieurs souverains du Saint Empire romain germanique firent rêver d'un empereur universel qui ramènerait l'âge d'or. Frédéric Barberousse était désormais lié au nationalisme germanique.Professeur d'histoire à l'université de Lyon II, Marcel Pacaut, spécialiste des XIIe et XIIIe siècles, a beaucoup travaillé sur la politique pontificale et sur les structures et mentalités religieuses en Occident. Il a publié en dernier lieu l'Ordre de Cluny (Fayard, 1986).
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