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Associant des registres croisés (prose poétique, récit autobiographique, fiction, analyse réflexive), Finir les restes a pour fil rouge la « plainte » dont le modèle lointain et matriciel est peut-être à chercher du côté du Livre de Job. Finir les restes interroge l'humaine impossibilité de se conformer à la mort et démythifie souvent, de manière émouvante ou humoristique, les subterfuges ou les constructions sociales qui visent à la rendre tolérable. Dans un style le plus souvent simple et direct, ce «tombeau» se réapproprie les grands questionnements qui touchent à la mort. Par ses accents et variations, il s'inscrit dans un éventail qui va de Quelque chose noir de Jacques Roubaud et Nous deux encore de Michaux au Livre de ma mère d'Albert Cohen et Le premier homme d'Albert Camus.
Incontournable, « Finir les restes » bien au-delà du mot livre est ce culte qui persiste et assigne l’œuvre de renom. Arrêtez-vous sur le seuil de l’incipit. Laissez monter la sève. Attendez, ne bougez plus. « Finir les restes » va frémir, entrouvrir subrepticement la transcendance d’une écriture belle à couper le souffle. Je l’ai relu trois fois. Je le relirai encore demain jusqu’à la nuit des temps. J’aurai voulu tout recopier, graver sur le socle ce grand texte. Je n’ai plus peur, les myriades sont là, salvatrices, plus qu’un sceau, l’infini à portée des sens. Il est de ces littératures qui immigrent dans le cœur. « Les miens sont morts à la guerre de la vie. Ni faite ni à faire. Ils ont été tués à l’ennemi. Et ils m’ont laissé bête. Ignorant. J’ai droit à un second tour d’école gratuite. A une bourse de lumière. Tu croyais quoi au juste ? Que les pierres chantent ? Que l’âme des morts flotte le soir au-dessus des hortensias ? » Frédéric Fiolof conte les siens ; son père et sa mère disparus. Il attise les braises générationnelles. Il regarde le passage roi d’une résilience théologale. « On dirait que les mots se tiendraient au chaud, blottis les uns contre les autres comme des chiots dans la neige. « « Que peuvent les mots ? Retourne-les comme un gant, écarte la fable qu’ils instruisent et touche enfin du doigt le vide qui s’y cache. L’exercice est plaisant. » Frédéric Fiolof régénère ce qui fût, ce qui sera après ce livre, laissé dans le désert, à mille mille des pas des hommes. Les siens, couronne et rappels, ancre et corne de brume. L’évangile des mains qui signent ce que la beauté matrice encercle et propulse. Chacune des chapelles dévoilées ici certifient les racines à perte de vue. « Parler la langue qu’ils parlaient pour moi » La profondeur intrinsèque d’un alphabet myriade, Frédéric Fiolof affronte la mort, s’abandonne. Il n’y a pas de souvenirs, c’est le plein de midi qui résiste. Le deuil sera blanc, lumière et essentialisme. Que voulez-vous, j’ai pleuré, chavirée par cette lecture venue de si loin qu’elle est don, outil et vertueuse. Cette voix qui dit « La mort » est l’annonce d’une rédemption universelle. « Tu te rappelles, petite mère ? Tu disais : il faut finir les restes. » Symbole lierre et murmure de cette mère nourricière. L’amour dans chaque bouchée, becquée maternante et hédoniste. On imagine cette mère « aura » qui a tout compris. Respecter le grain, le regain, l’assiette comble de ces restes d’Olivier. Parabole et parole d’une mère qui essuie la dernière larme sur la joue de l’enfant. Revivre, et finir les restes. Renaissance jusqu’au prochain repas en advenir sans elle et avec elle. « Réaliser que tes souvenirs, à présent, ne seront plus jamais les miens. » « Que faire de tout ce que la vie met autour de la mort ? » Prenez soin de la page 59, ne craignez pas vos larmes sous la splendeur des délivrances. « Vous étiez des manadiers du temps. Les gardiens discrets du troupeau de mon cœur. J’avais la peau de vos doigts sur la peau de mes doigts. Quelque part. En moi et hors de moi. » Frédéric Fiolof écrit d’une voix douce sur le lac salé, vous savez celui dont on étreint les mirages. « Le soleil me pique les yeux et je ne sais pas où les visages s’en vont. Où vont les vies parjurées. » Je regarde au-delà de la fenêtre, ce qui résiste au point final. Ce trop-plein verbal si magistral. Écrire ainsi est digne d’un génie évident. Je vois ces vies enlacées, la mort maîtresse et le néant arc-en-ciel. Frédéric Fiolof finit les restes et peint la voûte lactée. « Dormez tout votre soul. Je ne suis pas nu. Vous m’avez vêtu. » Un chef-d’œuvre infini. Publié par les majeures éditions Quidam Éditeur.
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