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Un vol de tableaux au domicile de Catherine et Audrey Lambert tourne mal. Catherine, l'aînée est agressée et transportée à l'hôpital. Elle refuse cependant d'alerter la police et d'évoquer le sujet avec sa soeur. Celle-ci, intriguée, va découvrir un curieux numéro d'inventaire au dos d'une oeuvre de Seurat appartenant à la famille, que les voleurs ont curieusement laissé derrière eux.
Le lien trouble entre Jean Darrieux, ami de la famille et ancien secrétaire du père, et sa soeur Catherine accroît ses soupçons et va la pousser à investiguer sur le trafic d'oeuvres d'art spoliés par les nazis. Cette douloureuse enquête sur l'origine des biens familiaux conduira Audrey à assumer la lente déconstruction de ses rapports avec sa soeur, jusqu'à la révélation finale.
Anne-Laure Thiéblemont (1963-2015) était une journaliste spécialisée dans l'art et notamment dans le trafic d'art, elle a écrit deux autres romans chez Liana Levi.
Sur fond de spoliation des biens juifs, l'autrice écrit un roman à la fois passionnant et un tout petit peu frustrant. Frustrant parce que j'ai eu l'impression d'un roman inachevé, un peu comme un plan très très détaillé de ce qui aurait fait un livre plus dense, plus épais. Pas mal d'ellipses qui parfois surprennent et déroutent, à nous lecteurs de faire le travail de tout raccorder, mais surtout des passages -et notamment les portraits des deux sœurs- qui auraient sans doute mérité plus de profondeur, d'explications, de densité. Disons que l'intrigue et le contexte sont plus importants que les personnages qui ne sont que des faire-valoir. Néanmoins, pour tempérer et même carrément réchauffer mon propos, ce contexte de la spoliation des biens juifs est passionnant, AL Thiéblemont le racontant avec des détails par le biais des sœurs Lambert et de la collection familiale. Et elle ne s'arrête pas à cet aspect mais le prolonge avec la difficulté des familles à récupérer leurs biens souvent peu ou pas ou mal inventoriés. Et la loi, l'état et les musées français n'ont pas toujours joué le jeu des retours des œuvres à leurs propriétaires. Si l'autrice s'attarde sur les biens artistiques puisque c'était son domaine, au détour d'une phrase, elle l'étend : "On parle volontiers de la spoliation des collections artistiques de valeur, telle celle des Rotschild que vous avez sous les yeux. [...] Mais les juifs de France pendant l'Occupation étaient de condition très modeste, d'où la nécessité de regarder aussi ce pillage comme un acte symbolique, d'une radicalité sans précédent." (p.163)
J'aime la collection des romans noir autour de l'art de chez Cohen&Cohen. Quand en plus, ils se basent sur une sordide réalité qu'ils illustrent, le plaisir est doublé.
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