Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
Le temps nous ramène à nous. Quand on a vingt ans, on veut sortir de soi. Se jeter dans le monde. Le connaître. Le transformer. Le sauver, peut-être, ne serait-ce que pour s'oublier dans cette oeuvre. Se dépasser, de cette façon. Se dilater. Puis le temps fait son oeuvre. Le corps par exemple reprend ses droits. Se rappelle à l'ordre. On avait amnésié son existence tant il était là, évident, sans poser problème.
On n'y pensait pas, voué, comme on l'était, au corps du monde souffrant. Mais un jour, il fatigue. Il faillit. Ce n'est pas le corps seul qui fait alors ainsi retour, mais l'être en son entier. On n'est pas immatériel, découvre-t-on. On a accumulé. Sédimenté. Cet être que nous sommes a pris de l'expérience. Des coups. De la graisse. A tant penser au monde, nous sommes-nous souciés de discerner quel monde, nous-mêmes, nous étions devenus ? Jusqu'à un certain âge, le temps nous a fait savoir, surtout, qu'il nous a mûris, nous pourvoyant de dimensions qui au départ n'étaient pas nôtres.
Ce qu'il nous apprend maintenant, c'est qu'il va nous prendre. C'est que ce qu'il nous a offert, il va le reprendre. Alors, oui, il est impératif de se demander qui se tient là, face au monde tant qu'il s'y tient. De se demander qui s'est tenu là, jadis, lorsqu'il tenait sa propre présence pour évidente. Commence alors le récit d'une vie, le récit de la vie, qui tente de se ressaisir à travers autant d'escales de la mémoire.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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