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À la fin du XIXe siècle, Émile voit le jour dans une campagne où la vie semble figée depuis des lustres. Passionné par les abeilles, il s'intéresse à leur avenir dans un paysage en rapide mutation, façonné par les ravages des guerres et les avancées technologiques. Le désir de progrès pousse les hommes à s'éloigner inexorablement de la nature, et au fil du temps, Émile constate avec impuissance la multiplication des dangers qui menacent les abeilles. Il est témoin de la destruction de l'environnement, une situation qui l'attriste profondément.
Passionné depuis toujours par les abeilles et auteur d’un précédent ouvrage intitulé Les abeilles - Biologie et comportement paru aux éditions Frison-Roche, Daniel Quendolo, revient à son sujet de prédilection avec Emile et les abeilles.
Ce roman ancré dans la campagne creusoise se révèle comme un véritable plaidoyer pour les abeilles, mais aussi pour toutes les espèces animales et végétales que les activités humaines menacent de disparition.
C’est avec le personnage d’Emile, cinquième enfant d’une famille paysanne et né à la fin du XIXe siècle que Daniel Quendolo, ancien médecin creusois, apiculteur à ses heures et aussi écrivain, tout en rendant hommage à travers lui à son grand-père, nous permet de revivre toute cette grande première moitié du XXe siècle.
Emile était un enfant épris de liberté et de grands espaces, bien décidé à n’accepter aucune contrainte.
La vie à la campagne est rude, les repas frugaux, mais le petit garçon aime se promener dans le bois autour de la ferme et observer la nature, son plus grand plaisir étant d’écouter le bruissement des abeilles qui viennent récolter le doux nectar des tilleuls et des châtaigniers.
Sa mère décède, il a à peine sept ans. Ses frères étant partis, il reste seul avec son père et va de moins en moins à l’école, aidant celui-ci dans les activités quotidiennes à la ferme. Quand il a trop de chagrin, il se fraye un chemin dans les orties pour aller voir les ruches prenant plaisir à regarder les abeilles aller et venir, à les voir rentrer dans la ruche avec leurs grosses boulettes de pollen accrochées à leurs pattes postérieures.
Sa curiosité est aiguisée en voyant des petites abeilles sortir de petits trous dans le sol et il attendra des années, avant d’apprendre qu’il existe une multitude d’abeilles, beaucoup plus nombreuses que les abeilles mellifères, pas moins de 20 000 espèces.
Bientôt ce sera le conseil de révision, le service militaire. Un service militaire de plus en plus dur car il faut former des hommes prêts à combattre pour venger la défaite en 1870. Emile n’a d’ailleurs pas encore fini son temps sous les drapeaux quand la guerre se déclare.
Démobilisé un an après la fin des combats, Emile revient à la ferme familiale, près de Bourganeuf, épouse Hortense dont le mari, son premier amour, est mort à la guerre. Tous deux tenteront d’oublier…
Peu à peu le tableau bucolique des premières années de vie d’Emile, au milieu d’une nature que l’homme n’avait pas encore dénaturée et dont l’auteur nous fait d’admirables descriptions, va se modifier. La guerre sera un moment décisif à ce changement et Emile, devenu l’Emile, comme une sorte de titre de noblesse dû à sa sagesse, va assister aux avancées de ce qu’on nommait alors le progrès. Le paysage qui était resté immuable durant des siècles va profondément changer de par la mécanisation agricole, les révolutions technologiques et la disparition des champs de petite taille avec l’arrachage des haies pour d’immenses parcelles afin de permettre aux machines démesurées de se déplacer.
Pour produire sans cesse plus, apparaissent les engrais, les insecticides, puis les fongicides et enfin les herbicides. Pour gagner du temps, pour s’épargner un peu de fatigue, les paysans utilisent ces produits vantés par les firmes sans comprendre les ravages qu’ils vont causer à la nature. L’anthropisation galopante se fait alors au détriment des espèces sauvages, Emile ne peut que constater, impuissant, la multiplication des dangers qui menacent les abeilles et cette détérioration inexorable de son environnement.
J’ai trouvé parfois longs et répétitifs certains passages et aurais apprécié un peu plus d’action pour apporter du rythme au roman.
Abstraction faite de cela, c’est avec nostalgie mais plaisir que j’ai revécu des scènes de la vie paysanne que j’avais maintes fois entendu raconter par les anciens.
J’ai trouvé très pertinent de mettre en opposition Emile, ce chantre de la nature et de la sobriété et un de ses voisins, Fernand, qui, lui, est un fervent défenseur du progrès et le champion des utilisateurs de pesticides. Quant à l’astuce trouvée par l’Emile pour faire fuir les Allemands installés dans la cour de la ferme lors de la Seconde guerre mondiale, lui seul pouvait y penser !
Daniel Quendolo analyse très justement cette révolution technologique et ce désir de progrès qui ont conduit les hommes à s’éloigner de la nature. Avec des chapitres courts, des mots justes bien adaptés à la vie que mène Emile, préoccupé et impuissant devant les dangers qui menacent ses abeilles, l’auteur lance un cri d’alarme face au désastre qui est en train de survenir.
Si les abeilles sont le fil rouge du roman, et si l’auteur a centré ce livre sur elles, « c’est avant tout une métaphore sur l’ensemble du vivant, nous compris », comme il le dit lui-même.
Lire la suite et la chronique illustrée ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/10/daniel-quendolo-emile-et-les-abeilles.html
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