Essentiel, sensible, « Elles m’attendaient » est une rencontre génératrice avec une famille. Pas n’importe laquelle. Avant de franchir le seuil subrepticement, être en écoute vibrante d’humanité. Retenir l’ampleur à venir à pleines brassées. Corbeille d’une trame qui se laisse aller et délivre...
Voir plus
Essentiel, sensible, « Elles m’attendaient » est une rencontre génératrice avec une famille. Pas n’importe laquelle. Avant de franchir le seuil subrepticement, être en écoute vibrante d’humanité. Retenir l’ampleur à venir à pleines brassées. Corbeille d’une trame qui se laisse aller et délivre une fresque belle à couper le souffle. Max est un homme fragile, au passé alourdi qui encheville ses élans. Une enfance compliquée, chaotique. Les coups étaient le fleuve du quotidien. La tendresse, la sécurité avérée d’une stabilité, anéanties par la multitude des familles d’accueil. Séparé de son frère, fuyant ce dernier, son double de souffrances. Reflet d’un miroir, nuit noire. Comment construire une vie dans cette orée triste et démunie d’amour ? Max va rencontre Halley, intègre et volontaire. Aimer cet homme, ses fragilités et son regard bleu translucide. Maçon côté ville, ivre de travail. Combler le manque pécunier par des heures lourdes et opératives. S’acharner à cacher les fissures par un trop plein de labeur. Attentionné à Halley, le relationnel semble le calme olympien. Cette dernière est le socle, le pilier. Rien ne vacille par sa force altière et incommensurable. Rosie, leur enfant à l’aube née est l’espérance et lumière pour lui. Pour Halley, cette petite fille est plus que ce lien entre eux. Elle est le passage du raisonnable et le levier pour attendre la rive de la normalité. Cette famille en dérive sur les flots des questionnements existentialistes va se heurter aux rochers du conventionnel. Max est le péril de ses propres doutes. La trame n’est plus. Le style est si juste, si réel qu’il emporte avec lui cette part de fiction. L’authenticité creuse ses sillons. Il n’y a pas de pathos. La lumière venue des profondeurs rayonne dans les pages qui se tournent à l’instar des évènements qui surgissent, et c’est beau. La marginalité n’est pas un écueil. Ici, nous sommes dans les possibilités qui se serrent les coudes et affrontent les regards baissés et les silences venus du monde des vivants. Max est le Diogène, des Cyniques avérés. On aime plus que tout sa persévérance, ses habitus, grotte matrice et protectrice. La liberté gorge les voiles de ses jours. Albatros, libre, immensément libre. Ses fragilités sont des épreuves. Son cheminement qui fait un pas de côté est le courage des humbles, des démunis. L’amour qui surpasse le conformisme est une vertu théologale. Il faut ouvrir les tiroirs qui laissent passer les degrés de lecture qui chuchotent la soie lasse, les babillements fédérateurs, les endurances salvatrices, les sourires qui résistent. La certitude de l’amour, celui qui surpasse le charme fou de la rose rouge. « Elles m’attendaient » de Tom Noti est un récit poignant, loyal, intègre, encerclé de sentiments salutaires. Publié par les majeures Editions La Trace.
L'émotion est à son comble, tout est jeté, étalé pèle mêle comme cela devant nous, une abondance de sentiments troubles et profonds, dont on sait à l'avance qu'ils ne seront pas forcément compris. Ce roman écorche au fil de la lecture. On se reconnaît quelque part bien évidemment sans vouloir se l'avouer, les mots retracent plusieurs situations, dont une, pourrait bien nous interpeller dans un confort semblant bien établi. Un grand coup de coeur garanti.