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Deux adolescents que tout oppose : l'un suit ses parents au fil des mutations de son père et ses relations familiales sont difficiles, l'autre est ancré dans la ferme paternelle et très proche des siens. Le premier cherche le bonheur dans l'adversité, le second grandit dans la sérénité. Une amitié puissante et exclusive unit pourtant les deux garçons.
Mais quand de l'affection naît l'emprise, le drame n'est jamais bien loin. Sans savoir exactement où il plante ses racines ni s'il adviendra, la tension monte. Car la manipulation est une arme dangereuse et l'amour, le désir, la jalousie en sont des détonateurs instables.
Une belle découverte cet auteur.
Une lecture très intéressante, originale, déroutante aussi bien par l'histoire que l'écriture. Elle est belle cette plume. Belle ne veut pas dire inaccessible.
Heureusement, avec la liseuse, nous avons un dictionnaire à portée de main. J'ai découvert de nouveaux mots et j'en suis ravie.
J'ai aimé suivre ces deux garçons sans me sentir proche d'eux.
La construction du roman m'a surprise aussi. J'ai été obligée de relire (rare) le chapitre 1 pour tout comprendre.
Lecture numérique
Ma chronique complète : https://vie-quotidienne-de-flaure.blogspot.fr/2017/11/Droit-devant-toi-Henri-GIRARD.html
Note : 8/10
Droit devant toi est un roman qui laisse un arrière-goût d’étrangeté sur son passage.
Nous rencontrons notre narrateur, alors que son père est une nouvelle fois muté et que sa famille atterrit dans un village. Fils de bonne famille, il se sent captivé par Gilles, un fils de fermier et tous deux deviennent vite inséparables. C’était sans compter sur l’apparition de Marie-Fleur, la belle-mère de Gilles à l’allure fascinante.
J’ai apprécié ma lecture de Droit devant toi-même si le début a été un peu compliqué. En effet, j’ai été quelque peu déroutée par le choix de narration de l’auteur. L’histoire se déroule à la première personne, à l’intérieur de l’esprit d’Harold et c’est très bien. Cependant, le langage utilisé est soutenu ce qui est peu commun de nos jours. Alors certes, l’histoire se déroule en 1989, néanmoins, je doute qu’une personne de l’âge de notre narrateur parle de cette manière. Heureusement, plus j’avançais dans ma lecture, plus je me suis adaptée à ce langage élevé, parfois désuet dans ses expressions en me rendant compte qu’il permettait une immersion plus importante dans l’histoire.
J’ai apprécié que l’on nous plonge dans l’esprit d’Harold par la narration. On remarque en effet les rouages de ses réflexions, ses objectifs et les moyens qu’il est prêt à utiliser pour y parvenir. On se rend ainsi compte du changement qui opère en lui de sa rencontre avec Gilles à un âge plus avancé.
J’ai trouvé que la relation entre Gilles et le narrateur était très bien mise en place. Le livre se lit comme une sorte de miroir où la fascination commence d’un côté et finit de l’autre avec un pallier égalitaire entre les deux. La relation de Gilles et Harold est assez captivante puisque sujette à des tensions internes et des ambitions personnelles. Paradoxalement, l’hypocrisie et la sincérité jouent un rôle tout aussi important l’une que l’autre et c’était intéressant de voir les deux entrer en action, cause à effet de chacune, action et réaction.
Ce qui est au cœur du sujet, c’est aussi la libido et la fascination pour la femme, incarnée par le personnage presque mystique de Marie-Fleur. L’amitié est solide entre nos deux protagonistes, mais dès lors que le personnage de Marie-Fleur entre en scène, elle se ponctue de sournoiserie et d’ambition intime. On constate avec intérêt que la libido est à l’origine mais aussi au dénouement de tout. J’ai d’ailleurs apprécié la fin du roman, qui arrive avec fracas, bien que l’on s’en doute un peu au vu des événements précédents.
En définitive, si je n’ai pas été fascinée, je salue cependant le travail psychologique fourni pour écrire ce roman. Les relations entre les uns et les autres sont complexes et le récit exploite tous les sentiments humains sous le joug de l’intérêt, de la spontanéité ou de la manipulation. A découvrir.
Autant le premier roman de Henri Girard passé entre mes mains était gai et positif (Les secrets du club des six), autant celui-ci est sombre. C'est à nouveau une histoire d'adolescents qui grandissent et qui se retrouvent vite confrontés aux changements de leurs corps, de leurs activités, au désir sexuel et à l'amour. C'est Marie-Fleur, la belle-mère de Gilles qui sera la première, à son insu, à être l'objet de leur désir. Il faut dire qu'elle est belle Marie-Fleur, qu'elle est proche des garçons, très amoureuse de son mari et que Gilles est assez malin et bricoleur pour pouvoir l'observer -et partager ses observations avec son copain- en toute sécurité. Tout paraît beau et simple, bucolique voire coquin, mais le grain de sable bientôt viendra gripper cette belle mécanique.
Habilement, Henri Girard décrit les relations entre les deux garçons, cette amitié puissante et exclusive. Il parle bien également de la sérénité au sein de la famille de Gilles et des relations conflictuelles dans l'autre maison. Tout au long de son roman, il nous balade, on ne sait jamais lequel des deux garçons s'en sortira le mieux, lequel vivra au mieux sa vie d'adulte. Lequel manipule l'autre ? Et les filles là-dedans, comment s'en sortent-elles ? Sont-elles, elles aussi manipulatrices ? Marie-Fleur, mais aussi Martine la cousine du narrateur, sa première expérience amoureuse et sexuelle, une jeune femme libre. Car l'on sent bien que quelque chose se trame et que la belle entente risque de se fissurer. Au fil des pages, on ne sait plus trop quoi penser de tel ou tel, et c'est donc un peu contraint mais ravi que l'on cède à la superbe écriture de l'auteur, à sa manière de nous promener et de nous raconter ces vies. Car, Henri Girard fait montre d'un talent littéraire évident : une langue riche, châtiée, d'une élégance rare et plus qu'agréable. J'aime son style classique émaillé de mots parfois peu usités ; j'aime aussi sa manière de raconter en peu de mots, par exemple cet extrait de son prologue où l'un des ados devenu adulte s'exprime :
"Au dispensaire où je fus soigné d'un vilain tétanos dû à l'usage de lames de rasoir pas trop propres, l'infirmier qui me changeait mes pansements aux poignets me prit en sympathie." (p.11)
Élégance, concision, je vous avais prévenus. Auteur et éditrice à découvrir absolument. L'été est propice aux lectures...
Ce n’est pas le premier livre d’Henri Girard que je lis et une fois de plus son style « classique » dans le noble sens d’élégance, de recherche dans le vocabulaire le tout au service d’une belle histoire.
A notre époque où les livres sans style n’y vocabulaire font florès et tiennent le haut du pavé, c’est rassurant de se laisser porter par une écriture raffinée, poétique et précise.
Vous qui lisez ma chronique ne croyez pas que l’histoire, celle de deux adolescents l’un fils de directeur d’entreprise, milieu bourgeois et l’autre fils de paysan, attaché à la terre et à sa famille, soit une bluette bucolique.
Le premier s’attache au second comme à une bouée de sauvetage.
Les premiers émois, les expériences qui façonnent, les rivalités, les adultes qui vivent leur vie et dans laquelle les adolescents doivent se couler sans rechigner, tout cela forme la trame du roman.
Mais l’on sait parce que le prologue commence le 8 novembre 1989, que le narrateur nous parle de quelque chose qui s’est passé il y a vingt ans.
Un récit en deux parties, maitrisées où la tension monte de façon inéluctable et irrémédiable, c’est la seule certitude du lecteur. Car l’auteur nous mène de la première à la dernière ligne par le bout du nez.
Que s’est-il passé ?
Henri Girard ne nous avait pas habitué à cette noirceur.
Ce roman nous entraîne loin dans le jeu de l’emprise mais à aucun moment nous ne pouvons en prévoir le dénouement, seule l’arme du crime nous est connue : la manipulation.
Un roman magistral et des écrits de cet auteur mon préféré, des portraits saisissant de vérité, un contexte sociologique bien appréhendé, une écriture limpide qui nous leurre jusqu’à l’apothéose finale.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 13 mars 2017.
"Droit devant toi",changement d'environnement,changement d'ambiance!
Stupeur.J'ai découvert qu'il était possible de lire deux-cents pages écrites par Henri Girard sans rire!
Il faut dire que j'ai joué dans le désordre." Jubilé",suivi de "La maison d'en face",puis "l'Arlésienne de Tidbinbilla".Quelques nouvelles entre temps avant de tomber en dernier dans ce livre qui met,pour moi, une surprenante et néanmoins intéressante facette de sa plume à jour.
Je me suis délectée de cette lecture aussi...Différemment.
Parce que si j'aime la tendresse,les bons sentiments et m'esclaffer au gré de ses facéties littéraires,particulièrement quand il dénonce les travers de ses personnages,je constate que j'apprécie aussi quand il explore la noirceur,la complexité et la profondeur abyssale de l'âme humaine.
Dans "Droit devant toi"le ton est dans l'ensemble plutôt sombre,sérieux.On bascule dans le roman psychologique et dramatique.
Sans vouloir trop en dire,tout commence si bien!La rencontre et l'amitié entre deux adolescents que tout oppose,les premiers émois amoureux,entre autres,partagés...
Malgré tout,on a très vite la sensation que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire et la possibilité d'un drame,que l'on pressent parce qu'il est amené subtilement tout au long du livre avant d'éclater(de manière complètement inattendue d'ailleurs),laisse le lecteur dans un climat particulier,limite inquiétant par moments et c'est ça qui est bon!
Forcément,on est happé par cette intrigue étalée sur fond de manipulation mentale sournoise et servie par une écriture de haute qualité,comme toujours.
Il n'y a pas que du drame dans ce roman,on retrouve aussi des passages qui oscillent entre poésie et sensualité.
Pour avoir fait le tour de son univers,je trouve que cet auteur excelle dans tous ses écrits et de façons variées.Son dernier livre "Les secrets du club des six ne fait pas exception à la règle.
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