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Dora Bruder

Couverture du livre « Dora Bruder » de Patrick Modiano aux éditions Folio
  • Date de parution :
  • Editeur : Folio
  • EAN : 9782070408481
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

« J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que... Voir plus

« J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l'Histoire, le temps - tout ce qui vous souille et vous détruit - n'auront pas pu lui voler. »

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Avis (13)

  • M. Patrick Modiano nous propose avec « Dora Bruder » une enquête, une investigation sur une disparition.

    « PARIS. On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport...
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    M. Patrick Modiano nous propose avec « Dora Bruder » une enquête, une investigation sur une disparition.

    « PARIS. On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris. » Le livre s’ouvre sur cette petite annonce, et rapidement l’auteur nous invite à sa suite sur les traces de la jeune fugueuse, recomposant à sa manière le tragique destin de la jeune Dora Bruder. Car après les Tourelles, Drancy, ce sera finalement, le 18 septembre 1942, la déportation vers Auschwitz. Au-delà de ce poignant récit, l’intérêt du livre est aussi dans le parallèle qu’effectue l’auteur avec sa propre destinée. Toujours nous retrouvons dans les strates des époques qui se mêlent des semblants d’indices et de rencontres hasardeuses, qui lient mystérieusement M. Modiano à la jeune Dora. Et que dire de la peinture de Paris, à nouveau parfaitement réussie, par l’effet de superpositions des temps, où le Paris du père de l’auteur, celui de 41-42, à l’époque de Dora Bruder, se retrouve dans celui de la jeunesse de l’écrivain, et dont les échos piégés dans une brume nostalgique subsiste jusqu’à l’époque de la rédaction du livre.

    Recomposition magistrale où l’imagination de l’auteur tente de combler les lacunes de ces rapports qu’on a fait disparaître, pour éviter l’oubli. Et où l’on croise de multiples personnages marquants, qui passent fugacement, comme Friedo Lampe, un écrivain allemand, dont Modiano se rappelle l’impression qu’avait provoqué en lui la découverte de son ouvrage « Au bord de la nuit ». Avant même de le lire, il avait déjà senti le ton et l’atmosphère, comme « des fenêtres éclairées dont vous ne pouvez pas détacher le regard ». La petite musique modianesque est bien là, mais plus que jamais dans ce livre plane l’ombre de la grande Histoire, qui rend cette quête inachevée inoubliable.

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  • C’est toujours un plaisir de se balader dans le petit monde fort particulier de Patrick Modiano, qui est pour moi non sans rappeler le foisonnement d’un jardin anglais où chaque pas réserve une surprise… ici il s’agit de la quête inlassable voire obsessionnelle pour une jeune fille disparue … un...
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    C’est toujours un plaisir de se balader dans le petit monde fort particulier de Patrick Modiano, qui est pour moi non sans rappeler le foisonnement d’un jardin anglais où chaque pas réserve une surprise… ici il s’agit de la quête inlassable voire obsessionnelle pour une jeune fille disparue … un univers où le temps perd ses repères …

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  • J'aime à me rappeler des chemins qui me mènent à certains livres, surtout lorsque se crée une chaîne complice entre deux oeuvres qui ont résonné en moi. C'est le magnifique 209 rue Saint-Maur, autobiographie d'un immeuble, de Ruth Zylberman qui m'a conduit à Dora Bruder par la magie d'un...
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    J'aime à me rappeler des chemins qui me mènent à certains livres, surtout lorsque se crée une chaîne complice entre deux oeuvres qui ont résonné en moi. C'est le magnifique 209 rue Saint-Maur, autobiographie d'un immeuble, de Ruth Zylberman qui m'a conduit à Dora Bruder par la magie d'un commentaire.

    Celui d'Enjie77. Et elle a raison de faire le parallèle entre les deux livres, la façon qu'a Ruth Zymberman de partir à la recherche des enfants juifs qui ont vécu dans un immeuble anonyme parisien durant l'Occupation fait écho à l'enquête de Patrick Modiano pour retrouver des traces de Dora Bruder, jeune juive dont il découvre l'existence par le biais d'une petite annonce paru le 31 décembre 1941 dans le journal Paris-Soir : ses parents la recherchent, elle a fugué.

    Ceux qui sont sensibles à la prose de Modiano le seront à ce magnifique roman tant il exhale toute la quintessence du charme modianesque. On retrouve toutes les obsessions de l'auteur pour Paris, la période de l'Occupation, sa nostalgie, sa mélancolie. Sauf que là, sa topographie personnelle se double de celle d'une autre, Dora Bruder, et même culmine en une troublante psychogéographie à double face. Ce qu'il devine d'elle s'immisce en lui au point de le hanter. Lui aussi a fugué, lui aussi à un père juif qui s'est fait raflé ( mais qui en a réchappé ) à Paris en 1942, peut-être en même temps extrapole-t-il. Modiano et Dora semble fusionner comme le font les périodes évoquées en un tourbillon temporel pleine de douceur et de poésie.

    « Il faut longtemps pour que resurgisse à la lumière ce qui a été effacé ». Et c'est vrai qu'au gré des déambulations parisiennes de Modiano sur les traces de Dora Bruder, c'est surtout le vide et l'absence qui m'a saisie, l'empreinte de Dora est là, en creux, difficile à appréhender même si l'auteur parvient, entre recherches archivistiques et coup de pouce de Serge Klarsfeld, à reconstituer un petit peu de la vie de cette inconnue qui a vécu au 41 boulevard d'Ornano tout près de la porte de Clignancourt ( 18ème arrondissement ) avant d'être déportée à Drancy puis Auschwitz neuf mois après sa fugue de l'école religieuse Sainte-Coeur-de-Marie.

    Le roman se termine par ces mots superbes: «J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, L Histoire, le temps - tout ce qui vous souille et vous détruit - n'auront pas pu lui voler.»

    En abordant la grande Histoire sous l'angle d'un destin individuel, Patrick Modiano ressuscite des fragments d'une vie volée, tirée de l'oubli avec élégance qui avance à pas feutrés, avec une sensibilité qui frémit entre les mots et explore les subtilités de la mémoire et la complexité de l'identité.

    En 2015, a été inaugurée une promenade Dora-Bruder : pas de plus bel hommage pour cette éternelle jeune fille et pour un auteur qui vibre Paris et s'y voit ainsi inscrit pour toujours.

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  • En 1988, Patrick Modiano tombe sur un article de journal daté du 31 décembre 1941 dans lequel est publié un avis de recherche, celui de Dora Bruder. Une courte description de la jeune fille y figure.
    Modiano se met en tête de retracer l'histoire de cette jeune fille dont on ignore presque tout...
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    En 1988, Patrick Modiano tombe sur un article de journal daté du 31 décembre 1941 dans lequel est publié un avis de recherche, celui de Dora Bruder. Une courte description de la jeune fille y figure.
    Modiano se met en tête de retracer l'histoire de cette jeune fille dont on ignore presque tout sauf le nom et l'apparence physique. Grâce aux archives, il parvient à retrouver la trace de ses parents habitant au 41 boulevard Ornano, a retrouver le couvent catholique dans le XIIe arr. dans lequel Dora séjourna. Pour combler les vides, Modiano imagine ce qu'aurait pu être la vie de cette Dora Bruder. Il va sur places, refait les trajets, suppose, imagine, déduit. C'est l'occasion pour Modiano de parler de son histoire personnelle, des souvenirs de son père, juif, arrêté comme Dora par la police, et de retracer l'histoire de Paris et de l'Occupation pendant les années 40, 41 et 42.
    L'attachement de Modiano est Paris est palpable dans ce roman : il se plait à décrire les lieux, les rues de la capitale et imagine ce qui a pu exister en tel ou tel endroit. L'histoire est très plaisante à lire et donne à Patrick Modiano l'opportunité d'entremêler le récit de la guerre, de Paris, et de son histoire personnelle.

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  • Une version romancée du tragique destin d’une jeune juive sous l’Occupation. Une nouvelle fois Modiano revient sur ses obsessions, mais cette-fois avec encre plus de tendresse.

    Une version romancée du tragique destin d’une jeune juive sous l’Occupation. Une nouvelle fois Modiano revient sur ses obsessions, mais cette-fois avec encre plus de tendresse.

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  • Ce Prix Nobel de littérature, aussi inattendu que flatteur, a motivé cette lecture car, à notre grande confusion, nous n’avions encore jamais dévoré un livre de Patrick Modiano… Cette lacune regrettable est maintenant réparée grâce à "Dora Bruder", récit d’une quête bien dans le style de...
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    Ce Prix Nobel de littérature, aussi inattendu que flatteur, a motivé cette lecture car, à notre grande confusion, nous n’avions encore jamais dévoré un livre de Patrick Modiano… Cette lacune regrettable est maintenant réparée grâce à "Dora Bruder", récit d’une quête bien dans le style de l’écrivain nobélisé.

    Tout part d’une annonce parue dans le journal Paris-Soir du 31 décembre 1941 : « On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1m55, visage ovale…Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41 boulevard Ornano, Paris. » et voilà Patrick Modiano lancé dans son exercice favori, la redécouverte de lieux familiers et des traces laissées par ceux qui y ont vécu : « On se dit qu’au moins les lieux gardent une légère empreinte des personnes qui les ont habités… Ce quartier du boulevard Ornano, je le connais depuis longtemps. »
    « Je me souviens »,écrit-il à propos du boulevard Barbès où il revient en 1996 après avoir écrit aux écoles où Dora a pu être scolarisée. Sa patience n’a pas de limites. Il lui a fallu 4 ans pour découvrir la date de naissance de son héroïne, le 25 février 1926, 2 ans de plus pour trouver dans quelle mairie elle a été enregistrée. Comme on refusait de lui communiquer l’acte de naissance, il a dû aller au Palais de justice, se perdre, se faire rabrouer et… voir remonter encore des souvenirs très personnels.
    Le père de Dora, Ernest Bruder, est né à Vienne (Autriche) en 1899, une ville où il a vécu en 1965 : « Je me souviens des soirs d’été à Sievering et à Grinzing et dans les parcs où jouaient des orchestres. » Cécile Bruder, la mère est née dans une famille juive arrivée de Budapest et, après leur mariage, ils ont toujours vécu dans une chambre d’hôtel. Patrick Modiano retrouve même des photos de Dora à 2 ans, à 9 – 10 ans, à 12 ans et à 13 – 14 ans. Il n’a pas son pareil pour détailler ces clichés. Une cousine lui affirme que Dora était rebelle, indépendante, cavaleuse.
    En 1940, Dora est inscrite dans un internat religieux, rue de Picpus. L’auteur reconstitue le décor, retrouve une ancienne élève, parle de ses dimanches en famille et du retour au pensionnat : « C’était comme de retourner en prison. » Obligés de se faire recenser comme juifs, ses parents ne déclarent pas Dora dont les journées sont rythmées par dortoir, chapelle, réfectoire, cour, salle de classe, chapelle, dortoir.
    Plongés dans une des périodes les plus noires de notre Histoire, Patrick Modiano rappelle les conditions imposées aux juifs, dans Paris, en 1941. Si Dora a fait une fugue, lui-même en a fait une, le 18 janvier 1960, en plein hiver. Même le panier à salade qui l’emmène au commissariat est du même modèle que celui utilisé en 1941 – 42 pour les rafles perpétrées par la police française : « À seize ans, elle avait le monde entier contre elle, sans qu’elle sache pourquoi. »

    Après un hommage aux femmes déportées, et la lettre intégrale de Jean Tartakovsky écrite au camp de Drancy avant le départ, c’est celui de Dora et de son père «… le 18 septembre, avec mille autres femmes et hommes, dans un convoi pour Auschwitz. »

    Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/

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  • Les recherches que Modiano fait à partir d'une petite annonce qui est le point de départ du roman s'entremêlent avec ses propres questionnements concernant sa vie mais aussi comment la France a pu être ainsi en 1940. Une véritable tache de notre Histoire. Nous ne pouvons que souhaiter que cela...
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    Les recherches que Modiano fait à partir d'une petite annonce qui est le point de départ du roman s'entremêlent avec ses propres questionnements concernant sa vie mais aussi comment la France a pu être ainsi en 1940. Une véritable tache de notre Histoire. Nous ne pouvons que souhaiter que cela ne se reproduise jamais...

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  • La découverte d'un avis de recherche datant de 1941 conduit le narrateur à entamer une quête sur la vie de Dora Bruder, l'adolescente fugueuse. En tentant de retracer l'itinéraire de cette jeune fille inconnue, il nous emmène dans une déambulation où les lieux, les temps, les vies semblent se...
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    La découverte d'un avis de recherche datant de 1941 conduit le narrateur à entamer une quête sur la vie de Dora Bruder, l'adolescente fugueuse. En tentant de retracer l'itinéraire de cette jeune fille inconnue, il nous emmène dans une déambulation où les lieux, les temps, les vies semblent se superposer sans que jamais une strate efface complètement la précédente. Car le souvenir et les mots qui permettent de l'exprimer gardent trace de ce palimpseste temporel où se mêlent l'Histoire et les histoires. Le destin de Dora Bruder devient emblématique de toutes les vies qui se sont évanouies dans les camps d'extermination. En inscrivant sa propre vie sur les lieux qui ont vu passer la jeune fille, le narrateur trace subtilement les contours flous et mouvants de ce qu'est la mémoire. Réminiscences personnelles mesurées au regard de la mémoire historique, elle-même constituée de destins individuels.
    J'aime l'écriture de Modiano et j'admire son apparente transparence de dentelle précieuse. Mais, paradoxalement, j'attends toujours plus de ses livres que ce qu'ils me donnent. C'est le cas pour "Dora Bruder" : j'aime bien mais il me semble que ce roman parle davantage à ma tête qu'à mon coeur. Je préférerais qu'il s'adresse aux deux !

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