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Branko sait comment on embrasse les filles, rêve de gagner le Tour de France et aime fouiller dans les affaires de son petit frère Joe. Qui joue aux billes, invente des langages farfelus et collectionne les coupures de presse sur son idole Mohamed Ali. Même si dans cette famille sud-africaine blanche des années 70, leur père refuse d'appeler le mythique boxeur autrement que Cassius Clay.
Quarante ans plus tard, Joe décide de s'inspirer de ses collections de coupures pour son nouveau roman. À l'aide de Branko, il va se rappeler leur passé commun tel qu'il était vraiment.
Aux extraits de presse, qui donnent à lire le langage flamboyant des reporters sportifs, répond alors la narration, tour à tour assumée par Joe et Branko, regorgeant des sensations de l'enfance et de l'esprit des seventies.
Impression à la page 100 :
Déroutée par cette fascination pour Mohamed ALI mais je m’accroche car au-delà de cela, il y a du potentiel. C’est une autre vision de l’Afrique du Sud que celle qui m’a été donnée par les ouvrages d’André BRINK.
Distance est-il un ouvrage autobiographique ? Si tel n’est pas le cas, alors Ivan VLADISLAVIC, possède un sacré talent d’écrivain. Il réussit à nous emmener dans ses souvenirs d’enfance, celle de sa fratrie, la vie de sa famille blanche de la classe moyenne sud-africaine dans les années 1960-1970 avant les évènements de SOWETO en 1976.
Ivan VLADISLAVIC a écrit un roman à deux voies : celles de deux frères, Joe, écrivain et frère cadet de Branko, monteur de films.
Joe adulte, écrivain reconnu souhaite que Branko participe à son nouveau projet de livre qui lui tient particulièrement à cœur. Il souhaite écrire sur Cassius CLAY alias Mohamed ALI, héros boxeur noir qui l’a passionné et le fascine encore au point qu’il n’arrive pas à trouver la distance pour lui permettre d’écrire son livre.
Les deux frères se découvrent sous de nouveaux jours. Enfant, nous nous construisons et ne prêtons que peu d’attention à nos frères et sœurs. Nous les classons dans telle ou telle catégorie, nous nous aimons en même temps que nous pouvons nous détester. Nous ne savons que peu mesurer ce qui nous lient.
Ivan VLADISLAVIC évoque la distance prise entre l’enfance et la vie d’adulte, celle qui nous permet de nous découvrir d’autres facettes les uns et les autres. Nous nous éloignons du cocon familial en devenant adulte. La distance que nous mettons avec la famille, cette absence, nous permet d’identifier « nos manques » et nous commençons alors à reconnaître la place de chaque membre de la famille et son importance.
Distance c’est aussi une chronique de l’Afrique du Sud avant 1976 et de celle d’après. Distance, c’est la question de la distance sociale entre noirs et blancs et la légitimité pour un blanc de s’approprier le vécu d’un héros noir et vice-et-versa pour le rendre immortel.
J’ai aimé lire Distance même si je n’ai que peu ou pour être exacte pas d’affinité pour la boxe.
« Distance » nous fait suivre deux frères, Branko et Joe vivant de nos jours en Afrique du Sud. Branko travaille pour la télévision et a en quelque sorte coupé les ponts avec son petit frère. Celui-ci, écrivain, entreprend la rédaction d’un livre entrecroisant les souvenirs de son enfance et les combats du boxeur Mohammed Ali, dont il était un admirateur dans sa jeunesse, allant même jusqu’à collectionner tous les articles de journaux qui lui étaient consacrés. Ce projet ne va pas laisser les deux frères et leurs relations distendues indemnes.
L'idée d’associer l’histoire et le sport apparait très originale. L’histoire personnelle des deux narrateurs, et par extension celle de l’Afrique du Sud qui alterne des années 1970 à nos jours transparait en filigrane de la carrière de Mohammed Ali comme si celui-ci constituait le prisme permettant de les appréhender dans toutes leurs dimensions. La construction de roman alternant la narration des deux frères est déroutante car elle semble échapper à toute logique d’ensemble. Cependant, elle trouve sa signification, sa cohérence dans son incohérence si l’on peut dire, dans le cœur même de l’intrigue. Au travers de cette construction c’est la relation entre les deux frères qui transparait et s’affine tout au long du roman. Entre rivalité et solidarité, passé commun et distance, différences de caractère, de parcours et persistance d’un lien familial, la rédaction de l’ouvrage de Joe va être l’occasion pour les deux frères de réexaminer leur passé commun et de renouer ce lien qui les unit. Ce lien qui s’avèrera au final plus fort que la mort…
Un livre touchant qui nous fait découvrir l’histoire de l’Afrique du Sud par un biais très original et qui décrit avec beaucoup de finesse les relations et les liens qui peuvent exister entre frères.
Mon avis de la page 100:
La narration alterne entre les points de vue de deux frères, élevés dans l'Afrique du Sud des années 70. Leurs souvenirs d'enfance donnent une idée de l'ambiance et du mode de vie de l'époque.
Le plus jeune de la fratrie est obsédé par Cassius Clay (Mohamed Ali), ce qui permet en parallèle de rappeler qui était cet illustre personnage.
C'est assez plaisant à lire jusque là! Hâte de savoir où va nous mener l'auteur...
Avis final: La narration alterne entre les points de vue de deux frères, élevés dans l'Afrique du Sud des années 70. A travers leurs témoignages et leurs souvenirs, on découvre deux versions de cette époque et de ses évènements.
Branko semble se souvenir d’une multitude de moments d’adolescence aux côtés de sa famille, il raconte ses copains, ses amours, ses parents, son frère. Toutes ces histoires d'enfance donnent une idée de l'ambiance et du mode de vie de cette période.
Joe, lui, est beaucoup plus monomaniaque. En effet, le plus jeune de la fratrie voue une obsession sans borne à Cassius Clay, l’homme qui est devenu le grand Mohamed Ali. Lorsque celui-ci décide de parler de son idole, il utilise un style journalistique. Il décrit avec détails ses voyages, ses coups d’éclat et surtout ses combats.
J’ai trouvé cette histoire à tiroirs intéressante parce qu’elle permet de rappeler qui était cet illustre personnage. Elle met surtout le doigt sur l’impact extra sportif et sur le message porté par le champion. Plus qu’un homme physiquement fort, il apparaît comme un homme de conviction, prêt à toutes les provocations, pour marquer les esprits.
Le livre est agréable à lire mais malheureusement à la longue, il devient rébarbatif. Je peux même dire que je me suis vraiment ennuyé dans la deuxième moitié de l’aventure. La partie sur la vie quotidienne n’a rien de vraiment passionnant (attractif est un anglicisme) et n’est finalement qu’une succession de scènes sans importance, dont je n’ai pas vraiment compris la pertinence. La partie sur la boxe est en revanche passionnante. J’ai appris beaucoup de choses sur le destin de Cassius Clay et sur ce qu’il a représenté dans l’Histoire de l’homme noir. Mais malheureusement, le côté factuel et conventionnel du récit a lui aussi, mis à mal ma patience. En conclusion, c’est une biographie de Mohamed Ali, qui perd en efficacité par son angle de narration. Dommage !
Ma chronique explorateur rentrée littéraire 2020 :
Ce roman m’a plu à plusieurs niveaux : son style plein d’humour, sa narration alternée (Joe et Branko prennent la parole à tour de rôle), le sujet fil-rouge, dédié à la carrière du champion Mohamed Ali, qui jalonnera les souvenirs des deux frères dans cette autobiographie. La relation de ces deux frères au sein d’une famille d’Afrikaners dans les années 1970 en pleine politique d’apartheid, l’un, Joe, « amoureux » d’Ali, le champion de boxe, celui que son frère aîné Branko et son père appellent « la grande gueule ». Cette différence d’appréciation au sujet du boxeur sera distillée tout au long du récit, comme une manière de montrer les différences qui existaient dans ce pays entre les différentes populations. Joe, ce jeune fan d’Ali, entretiendra même cette différence, en page 97 : « L’antipathie de mon père envers Ali me plaisait. Je comprenais que j’avais fait allégeance à un mauvais héros, et que cela me donnait une certaine influence. » Envie de s’affirmer, face à ce père passionné de voitures ?
L’originalité de ce roman tient précisément dans l’évocation, à travers les coupures de journaux et de photos, de la carrière du célèbre champion poids lourds au plus fort de sa gloire. J’ai souvent posé le roman pour aller taper sur Google les noms des adversaires du boxeur, comme Joe Frazier. Telle description d’une photo, comme celle d’Ali à l’âge de dix ans, me rendant trait pour trait la description faite par Ivan Vladislavic sur Google images. J’ai été saisie par cette description en page 175 : « Il regarde directement l’objectif, une expression interrogative sur le visage. Comme ça ? semble-t-il dire ». En regardant la photo sur le net, j’ai retrouvé cette interrogation dans les yeux du boxeur. La description des photos d’archives sont si précises qu’elles se suffisent à elles-mêmes, et c’est ce qui m’a semblé prodigieux. J’ai particulièrement aimé les parallèles que Vladislavic dresse entre la littérature et la boxe. « Au sommet de leur art, la littérature et la boxe exigent la même concentration, l’autodiscipline et une aspiration supérieure ». (p 248). Le titre du roman est très bien trouvé, et le mot « distance » se retrouve à plusieurs passages, comme ici en page 251 où Branko raconte : « La boxe n’a jamais été mon sport favori, mais ces combats semblent meilleurs au passé composé ; cette distance leur donne un charme, du glamour ». Distance entre deux boxeurs sur un ring, entre Joe et Branko, entre les différentes populations d’Afrique du sud. C’est un hommage à ceux qui luttent, que ce soit pour remporter une victoire, pour faire valoir des droits, ou simplement une place dans une famille.
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