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Quarante ans après leur rencontre, Thérèse et Toussaint se retrouvent, empotés du coeur et du corps, comme lors de leur premier slow d'adolescents. Ces deux enfants fiévreux sont-ils devenus, chacun de leur côté, de meilleurs parents que ceux qu'ils ont combattus ? Les familles ne font pas de cadeau. L'histoire et le rêve non plus.
Quarante ans après leur rencontre, Thérèse et Toussaint se retrouvent, empotés du coeur et du corps, comme lors de leur premier slow d'adolescents. Ces deux enfants fiévreux sont-ils devenus, chacun de leur côté, de meilleurs parents que ceux qu'ils ont combattus ? Les familles ne font pas de cadeau. L'histoire et le rêve non plus.
En suivant le parcours de ses émouvants anti-héros, Charles Nemes dépeint une société française avec des finesses et une maîtrise de pointilliste. Il entraîne le lecteur dans ce demi-siècle que l'on sent glisser dangereusement d'un après-guerre encore frileux à un xxie siècle toujours plus radical.
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.fr/2017/02/deux-enfants-du-demi-siecle-charles-nemes.html
Toussaint et Thérèse ont quinze ans lorsqu’ils tombent amoureux et s’offrent l’un à l’autre. Mais une relation amoureuse entre un fils de famille bourgeoise et catholique et la fille d’un rabbin n’est pas vue d’un bon œil par les familles respectives dans cette France d’après-guerre. Par la force des choses, les deux tourtereaux vont être séparés l’un de l’autre.
Thérèse écoutera, un temps durant, les conseils de son père en épousant un juif pratiquant, puis finira par tout plaquer, s’éloigner de toute forme de religion, pour démarrer une nouvelle vie et donner naissance à un fils inattendu. Inattendu comme son destin…
Quant à Toussaint, il va fuir le cocon familial pour se plonger dans sa passion des livres en devenant correcteur pour l’édition, épousé une femme, élevé deux enfants puis divorcé. Car dans ces époques en plein chambardement quels sont les amours qui durent encore toute une vie ?
Toussaint et Thérèse vivront ainsi leur propre vie, avec toujours en eux le souvenir de l’autre et le goût amer d’une histoire inachevée.
Mais lorsqu’à l’aube de sa retraite Toussaint reçoit un courrier de l’administration pour préparer celle-ci, le passé va refaire surface et avec lui Thérèse. Le roman démarre d'ailleurs par cette lettre reçue.
Et si la vie leur donnait une seconde chance ? Peut-on recommencer là où tout s’est arrêté quarante ans auparavant ?
Charles Nemes, dans ce roman à deux voix, nous embarque à travers quarante ans d’histoire, de vie, de transformation. Dans ce monde qui se reconstruit après la seconde guerre mondiale où les générations suivant celle des parents s’émancipent, se libèrent du poids de l’Histoire, jusqu’à manger du jambon (oui et pas n’importe lequel, celui cuit au torchon svp !)
Et c’est là l’une des forces de ce roman, si ce n’est LA force de ce roman, c’est cette faculté qu’à l’auteur à mêler les changements sociaux à l’intime de la vie des personnages centraux. Il décortique avec une précision étonnante les mutations d’une époque, l’évolution des pensées, la montée de la fraction identitaire et de l’intégrisme religieux mais aussi la perte des êtres chers, la maladresse de l’être humain permettant ainsi au lecteur de venir s’intégrer en filigrane au cœur de l’histoire. Tout cela peint sur une toile légère composée de beaucoup de fantaisie qui au fil des pages se fait de plus en plus lourde et sombre comme pour appuyer le poids de notre société actuelle.
Quant à la fin, que bien-sûr je ne vous dévoilerai pas, elle est inattendue, surprenante, détonnante. Elle est digne d’un « The end » cinématographique mais rien d'étonnant lorsque l’on sait que Charles Nemes est un réalisateur du tragique et du burlesque.
Entre mélancolie, humanité et constat par parfois glaçant, Charles Nemes nous emporte dans un tourbillon de rire, de gravité et de sentiments. Et si je devais le rapprocher d’un autre roman ce serait probablement celui de François Roux avec Tout ce dont on rêvait, ces deux-là sont presque complémentaires. Alors évidemment, c’est un roman que je vous conseille chaleureusement tant il est riche malgré ses deux cent pages.
Deux enfants du demi-siècle m’a autant plu que déstabilisée !
Nous faisons la rencontre de Toussaint et Thérèse, alors qu’ils sont adolescents, pleins de fougue et amoureux. Leur premier émoi amoureux reste à vif dans leurs esprits, même quarante ans après, ce que nous constaterons lors de leurs retrouvailles. Mais ce que le roman raconte surtout, ce sont les histoires respectives de Thérèse et Toussaint entre leur première rencontre et la dernière.
Pour commencer, je dois dire que le résumé n’est pas vraiment à l’image du roman. En le lisant on a l’impression qu’il va s’agir de narrer les retrouvailles de Thérèse et Toussaint, après un rapide retour en arrière pour expliquer les circonstances de leur rencontre. Or, il ne s’agit pas vraiment de ça, puisque les retrouvailles s’effectuent dans les dernières pages du roman. Il s’agit surtout de raconter un demi-siècle d’histoires et d’Histoire. On nous raconte la rencontre des deux protagonistes au départ du roman, puis l’on nous narre au gré des chapitres les événements qui ont ponctué la vie de Thérèse d’un côté, et de Toussaint de l’autre avec la grande Histoire en trame de fond.
J’ai adoré tout ça. Les histoires des protagonistes sont assez simples (bien qu’elles contiennent leurs lots d’extravagance) mais si bien écrites, si bien dévoilées qu’elles en deviennent passionnantes. Tout le récit est agrémenté d’ironie, de pointes caustiques qui fustigent les personnages et les soulèvent avec tendresse. Je suis vraiment admirative de l’écriture qui m’a totalement transportée. Le rire que provoque le roman est détendu mais souvent grinçant, et c’est quelque chose que j’aime énormément dans un récit, le genre de comique qui m’emballe.
Le récit contient également des événements assez dramatiques qui apportent une touche de tragédie à cet ensemble. Je pense notamment à l’avenir du fils de Thérèse, mais également à la situation de Gabrielle, la soeur de Toussaint.
Ce qui me fait arriver à un point où le plaisir de la lecture se fond avec un sentiment d’embarras et de malaise, pas forcément désagréable mais qui laisse un goût amer dans la bouche. Il y a des scènes qui m’ont rendue terriblement mal à l’aise dans leur réalisme et paradoxalement surréalisme. Je pense désormais à Gabrielle et Toussaint à un moment précis que je vous laisse le loisir de découvrir. Je pense aussi à toute la fin du roman qui est complètement folle. Je n’arrive pas à trouver d’adjectif tant j’ai l’impression qu’elle est à la fois hors sujet par rapport au fil général du roman et en même temps pleinement intégrée dans la continuité du récit. La fin m’a fait ouvrir les yeux avec un ahurissement permanent, tout paraissait sans dessus dessous, avec toujours du sens, mais complètement incroyable. J’ai ressenti un malaise prégnant, une incrédulité certaine tout en appréciant la folie créatrice de l’auteur.
En définitive, Deux enfants du demi-siècle est un roman indescriptible tant le mélange des tons utilisés par l’auteur provoque des sentiments indescriptibles, à l’image de situations inconcevables et pourtant fabuleuses pour l’intrigue. Un grand roman qui m’a donné envie de lire d’autres ouvrages de Charles Nemes !
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