"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Louise est une élève brillante et de grandes écoles s’offrent à elle. Sa mère y veille tel le Messie. Quasiment tous ses vœux de Parcoursup sont validés. Un bel avenir devant elle. Le rêve. C’est ce que sa mère veut et exige même en dépit des envies de sa fille. Louise désire une toute autre vie. La liberté de choisir. Ne pas rentrer dans une case. Ne pas subir et affronter. En est-elle capable ?
« Aller voir ailleurs comment bat le cœur du monde, sortir de la route, se choisir une autre voie, un autre parcours. Là où personne ne la connaît, là où elle pourrait être une autre. Mille autres. Ou juste elle-même, tout simplement. »
Un roman au goût du jour et qui parlera aux lycéens…ou pas ? L’enfer de Parcoursup ou comment décider de sa vie en cochant simplement des cases. Des choix par conviction, d’autres par intérêts et puis ceux pour faire plaisir aux parents. Il y a de quoi être déboussolé à 18 ans. L’âge entre deux mondes. Celui de la majorité, de la maturité. Celui du choix d’avenir et de liberté.
« Le bac comme un check-point de plus te conduisant là où tu n’as pas vraiment envie d’aller. Le ticket pour aller prendre un train dont elle ne connaît ni la voie ni la destination. Et eux, tous, pressés sur le quai de se choisir sans délai un avenir. »
Louise n’est pas une révolutionnaire, n’allez pas y chercher un texte fort qui dépote. Elle se questionne sur son avenir et sa famille, tournant cela dans tous les sens. L’autrice en joue dans le graphisme du texte. J’ai lu Désorientée comme un journal intime, une expérience unique pour cette gosse de riches. Car il faut bien le dire, il est rare qu’un jeune soit accepté dans toutes les écoles. Un peu trop idéalisé à mon goût. Chacun n’ayant pas autant de facilités que Louise je me demande si le texte reflète vraiment les lycéens d’aujourd’hui. Faisant abstraction de cet effet ‘richou’, la réflexion est intéressante. Prendre des décisions et devenir responsable.
« Tout envoyer
Chier
Vivre
Profiter
Laisser la colère
Grandir
L’idée germer
Assumer
(S’assumer) »
Marine Carteron utilise différents styles d’écriture, ensorcelant la lecture. Elle nous sort des sentiers battus de mise en page classique, et ça j’aime beaucoup. Un livre agréable à lire.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/04/27/38238045.html
Louise a toujours été la petite fille parfaite, invisible, qui ne fait pas de vagues et se laisse porter. Elle ne prend donc aucune décision par elle même et ne sait donc pas vraiment qui elle est et veut devenir. Avec les résultats de parcoursup, elle prend enfin conscience que laisser les autres choisir pour elle c’est à la fois facile et effrayant. Et si ce n’était pas ce qu’elle voulait ? Pourquoi s’enfermer si jeune dans un avenir tout tracé qui s’il fera la fierté familiale ne lui vend pas du rêve ? Mais prendre son destin en main après tout ce temps passé à acquiescer c’est aussi se rendre compte qu’on ne sait pas où on veut aller. Cette prise de conscience entraine des réflexions, des peurs et des changements de comportements qui ne sont pas compris ni par sa famille, ni par sa meilleure amie, Manon. Manon, c’est son opposé, un personnage féminin roux, fantasque, libre, plein de vie… Toutes les réflexions, les étapes de prises de conscience sont très bien retranscrites. Elles sont crédibles et ont un côté universel qui permet de s’identifier. Au départ, l’universalité ne saute pas aux yeux car Louise est issue d’une famille plutôt aisée et sans soucis. On pourrait penser qu’on est dans la complainte d’une pauvre petite fille riche mais cet argument est vite balayé. On passe de « les rêves c’est bon pour ceux qui ont les moyens » à quelque chose de profond sur la vie en général. J’ai beaucoup aimé la dénonciation de parcours sup qui a renforcé l’idée que l’avenir se joue définitivement en terminal, qu’il n’y aura plus de choix, que tout serait décidé jusqu’à la retraite. C’est angoissant, stressant et entraine beaucoup de réflexions sur ce que chacun veut vraiment, le doute n’est plus permis, l’erreur non plus. C’est un sujet d’actualités très bien traité et avec une écriture à la fois soignée et accessible. Les jeux de mise en page, créant des calligrammes participe à rendre vivant ce récit. Il y a un gros changement générationnel qui est mis en mots de manière réussie. Avant si la pression du choix existait, elle cohabitait avec le savoir qu’il y aura toujours moyen de bifurquer, d’essayer, de se tromper, de changer… Maintenant ces chemins détournés semblent de plus en plus inexistants et entrainent une pression supplémentaire qui n’était pas sur les épaules des générations précédentes et qui crée une incompréhension entres elles. C’est un roman contemporain dont le traitement de l’actualité est très bien amené. Il peut aider les lycéens à relativiser mais aussi les personnes plus vieilles à comprendre le malaise de cette génération qui angoisse.
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