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Les cheminot·es occupent une place particulière dans l'histoire des luttes sociales qu'ils et elles ont encore pleinement occupé récemment durant le mouvement pour s'opposer à la contre-réforme des retraites.
Cette combativité s'inscrit dans une longue tradition de luttes qui a secoué le rail depuis le début du siècle. Ce sont certains de ces moments importants qu'a connus la SNCF que nous propose l'auteur.
L'ouvrage s'ouvre sur la grande grève de 1910 où le sabotage a été plusieurs fois pratiqué durant le conflit en écho à des luttes similaires en Italie. L'autre grand rendez-vous historique des cheminot·es sera la résistance contre l'occupation nazie sur lequel l'auteur revient en détail.
En 1947, les luttes du rail reprennent et elles verront encore des pratiques de sabotage durement réprimées avec 1 391 sanctions prononcées pour des faits directement liés à la grève, dont 93 licenciements. Quelques années plus tard, lors de la guerre d'Algérie, ce sont les voies qui sont occupées et les trains bloqués contre le rappel des jeunes sous les drapeaux pour les besoins de la guerre coloniale. En 1962, les conducteurs de train refusent la veille automatique qui supprime le deuxième agent en cabine de conduite.
En 1982, un nouveau mouvement social inédit, qui porte sur les rémunérations, l'emploi et les conditions de travail touche les gares avec la grève de la pince où les contrôleurs et les contrôleuses se refusent à contrôler les billets.
Trois ans plus tard, ce sera une grève de l'astreinte qui oblige certains agents à répondre à tout appel pendant les repos, les journées chômées. Suivra la grève des réservations dont l'auteur, comme les conflits précédents, nous raconte les raisons et le déroulement.
Plus tard, en 1997, ce sont encore des voies qui sont occupées, et des trains bloqués, contre les expulsions de demandeurs d'asile. Christian Mahieux ne raconte pas ici toutes les grandes grèves cheminotes mais explique comment, à travers les générations, se sont transmis un esprit et des pratiques de résistance sociale individuelle et collective, dans un milieu où l'« obéissance passive aux signaux » est la règle de base.
Et cette histoire n'est pas close, à n'en pas douter.
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