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Les Provinciales de Pascal (1656-1657) ont diffusé une présentation hargneuse de Luis de Molina, dont la présente édition tente de donner un portrait plus juste.
Luis de Molina est l'un des principaux acteurs de la résurgence de la scolastique dans la péninsule ibérique. Né en 1535 à Cuenca, il entre dans la Compagnie de Jésus en 1553. Il enseigne la philosophie puis la théologie à Coimbra et obtient une chaire au collège d'Evora.
Molina fut chargé par ses supérieurs de commenter la première partie de la Somme théologique de Thomas.
Cette édition représente la troisième partie « Des secours de la grâce » de la Concordia liberi arbitrii cum gratiae donis. La première édition de ce travail fut publiée à Lisbonne en 1588.
Molina voulait par ce livre essayer de réconcilier, au moins par les mots, les doctrines augustiniennes de prédestination et de grâce avec les enseignements de Michel de Bay alors condamnés par l'Église catholique. En partant du principe qu'un homme est libre de commettre ou de ne pas commettre un acte, Molina avance que les circonstances rendent la grâce de Dieu ni inutile ni impossible : pas impossible, car Dieu accorde toujours sa grâce à ceux qui la demandent avec sincérité ; et pas inutile, car la grâce, bien que pas efficace, est une cause suffisante de salut. Pour Molina, la doctrine de libre arbitre n'exclut pas la prédestination. Le Dieu omniscient, par sa scientia media, ou sa capacité de connaître les évènements futurs, prévoit comment sera utilisé notre propre libre arbitre.
Ces doctrines, bien qu'en accord avec les doctrines dominantes de l'Église catholique à l'époque, et recommandées car en opposition totale avec les enseignements de Martin Luther et Jean Calvin, causèrent de violentes controverses dans certains ordres, en particulier chez les Dominicains, obligeant le pape Clément VIII à intervenir. En premier lieu (1594), il invita simplement les deux parties au silence ; mais finalement, en 1598, il nomma la Congregatio de auxiliis divinae gratiae pour trancher sur la dispute, qui devenait une querelle entre les ordres. La congrégation se révélant incapable de trancher, ses rassemblements furent suspendus en 1607 par Paul V qui, en 1611, interdit toute nouvelle discussion sur cette question.
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