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Jonas Burkel, photographe quadragénaire, mène depuis toujours une vie sans à-coups, sans ambition, sans émotion excessive.
Ses journées ne sont qu'un simple assemblage d'habitudes : le confort de son appartement, ses disques d'Oscar Peterson, ses heures de contemplation ou d'errance solitaire dans les rues de Paris et, surtout, les femmes qui se succèdent, au fil des ans, face à son objectif.
Elles aussi, comme le décor, la musique ou la lumière de ses clichés, le rassurent. Et pour cela, elles se doivent de ne jamais varier : toujours jeunes, grandes, brunes, fragiles, elles sont surtout exceptionnellement belles. Belles comme des anges, pense Jonas.
à la différence que les anges, eux, ne meurent pas.
Jonas Burkel, photographe est passionné par un seul type de femme : brune, longiligne, au bord du précipice. Il aime les photographier dans des usines désaffectées. Un modèle chasse l’autre dans le cœur et le lit du photographe, jusqu’à ce que l’inconnue du Paris-Meaux arrive et prenne toute la banquette.
Jonas est un instable amoureux avec pour point d’ancrage son appartement. Son plaisir : regarder par la fenêtre un verre de Whisky à la main et la musique d’Oscar Peterson dans les oreilles, plutôt sur sa chaîne. Malgré toutes ses conquêtes, n’allez pas penser que c’est un tombeur. Il me parait plutôt ennuyeux dans son refus d’aimer, de donner, son silence quasi permanent, la monotonie de sa vie. Pourquoi Margot fait-elle le pied de grue devant son appartement et note tous ses déplacements ? Pourquoi Emmanuelle ne contient-elle pas sa joie et son orgueil de voir Jonas s’installer chez elle ?
« Assise droite comme un i sur une banquette orange, elle lit. Et c’est en la découvrant ainsi, absorbée par des mots, indifférente au monde, inconsciente du pouvoir qu’elle exerce, que je tombe amoureux. » Arrive celle qui lui fait oublier toutes les autres, celle à qui il voudrait donner. Comme aux autres, il lui refile sa carte. Depuis ils jouent au chat et à la souris. Le chat étant, en l’espèce, une chatte et la souris un bon rat bien naïf. Quoique…
L’auteur plante le décor principal : l’appartement de Jonas et le canapé-lit rayé vert et blanc, un vrai personnage qui revient souvent comme le refrain d’une chanson.
La fin ? Surprise du chef de l’auteur ! Qui fait que, dans ma tête, je me suis offert tout le livre, en travelling arrière.
J’oubliais. Il y a des mortes, mais qui a tué ? Qui est coupable ?
J’ai retrouvé la distillerie d’indices, l’écriture imagée du « Sixième crime » au service de ou des énigmes. C’est le style de Sébastien Fritsch, son besoin ; nous accrocher, nous harponner.
Un conseil ami lecteur : ne brûle pas les étapes, prends le temps d’apprécier la distillerie, laisse Jonas et ses conquêtes s’installer dans ton esprit sans oublier la belle N.
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