Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
La poésie est une écriture sans retour. Un gouffre sans fond. Christophe Dauphin ne craint pas de sauter dans ce vide en provoquant la rencontre de Jean-Pierre Duprey et de Jacques Prevel. Prevel né en 1915, Duprey en 1930, ne se sont vraisemblablement jamais croisés à Montparnasse où à Saint Germain-des-Prés dont ils fréquentaient pourtant les mêmes cafés. Dauphin les met face à face non comme deux combattants prêts à s'affronter sur un ring mais comme deux frères stupéfaits de se découvrir dans le regard de l'autre.
Duprey et Prevel sont normands (comme Christophe Dauphin), l'un de Rouen (Duprey) l'autre de Bolbec (Prevel) et cette normandité n'est pas anecdotique. Léopold Sédar Senghor voyait les Normands comme des « métis culturels », réalisant la symbiose entre « les apports méditerranéens, celtiques et germaniques », traits que l'on peut découvrir chez les deux poètes.
Duprey penchait du côté surréaliste, Prevel du côté du Grand Jeu. L'un et l'autre connurent un destin tragique : Duprey, suicidé à vingt-neuf ans, Prevel, mort de la tuberculose à trente-six. « Celui qui voit son double en face doit mourir », écrivait Roger Gilbert-Lecomte, poète admiré par Prevel autant que par Duprey. Les deux hommes pourtant ne se ressemblaient pas. Leur réputation était à l'opposée l'une de l'autre. Duprey reconnu et fêté, Prevel marginalisé et abandonné. Duprey était un ange, Prevel un spectre. Ni l'un ni l'autre n'avaient véritablement de place dans la société artistique où il va de soi de faire bonne figure, d'être disert, de se montrer à son avantage, de ronronner ou d'hurler à la lune pour se mettre en exergue....
La force du livre de Christophe Dauphin, c'est de parler de Duprey et de Prevel d'homme à homme, d'égal à égal, de poète à poète ; d'éclairer sans fard leur vie et leur oeuvre. Ici, pas de bonbons sucrés de rhétorique, de sentimentalisme ni de nostalgie : des faits et du texte. De la matière dure. De la matière noire. Quelque chose d'aussi solide que les sculptures de Duprey, d'aussi tranchant et bouleversant qu'un ciel d'orage « tout pesant d'inquiétude d'anxiété et d'irréel ».
Gérard MORDILLAT.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !