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Pierre a tout abandonné, il vit dans sa voiture, sur l'autoroute. Là où sa vie a basculé il y a six mois.
Il observe, il surveille, il est patient.
Parmi tous ceux qu'il croise, serveurs de snack, routiers, prostituées, cantonniers, tout ce peuple qui s'agite dans un monde clos, quelqu'un sait, forcément.
Week-end du 15 août, caniculaire, les vacanciers se pressent, s'agacent, se disputent. Sous l'asphalte, lisse et rassurant, la terre est chaude, comme les désirs des hommes.
Soudain ça recommence, les sirènes, les uniformes.
L'urgence.
Pierre n'a jamais été aussi proche de celui qu'il cherche.
" Comme les autres. Morte de peur. Son petit corps fondu dans l'éther. Météore dans le cosmos."
Pare-brise sale.
Aire de repos.
Chaleur estivale.
Déchets.
Mouches.
Pierre sait précisément que mourir prend du temps.
Grand Prix de littérature policière 2015 pour ce prenant et reptilien roman plein de noirceur.
Une histoire glaçante et terrifiante de disparitions d'enfants sur des aires d'autoroute.
Des enlèvements non élucidés, un père en quête de vérité, près à tout pour retrouver sa fille, des gendarmes dépassés par les évènements, recherchant le moindre indice sur ce tueur d'enfants entraînent le lecteur dans une affaire tragique et douloureuse.
Une atmosphère pesante et explosive où la violence des hommes se côtoient impitoyablement.
Une tension palpable et crescendo, des personnages cabossés et des suspects vont se croiser au fil des pages.
Toute la noirceur du monde dans ce roman très noir, fort bien mené et très addictif.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2021/01/derriere-les-panneaux-il-y-des-hommes.html
J'aime la radicalité en littérature, celle qui dérange, celle qui gratte, qui divise. Cela ne veut pas dire que je m'y retrouve à chaque fois, parfois je ne m'y reconnais pas, mais quand j'adhère à l'univers proposé, cela reste toujours un souvenir fort de lecture. Cela a été le cas avec ce roman qui m'a percutée de plein fouet.
Sur le papier, on a un speech de polar / thriller classique : un père traque un serial killer pédophile qui a enlevé, entre autres, sa fille, parallèlement à une enquête policière qui patine. Mais sous la patte de Joseph Incardona, cela donne quelque chose de très singulier et oppressant.
La radicalité commence par le choix du lieu pour un quasi huis clos à ciel ouvert : une autoroute, ses aires avec ses parkings et ses restoroutes. Puis par le choix de personnages borderline. Là où un autre auteur aurait choisi de privilégier l'empathie du lecteur pour les parents, c'est l'empathogramme plat : ils sont tellement ravagés par la perte de leur fille qu'ils ne survivent qu'à coup de comportements dérangeants, la mère se réfugiant dans la drogue et la frénésie sexuelle crade ; le père mu par une obsession froide quasi psychopathique, vivant comme un animal depuis des mois sur les aires d'autoroute, comme un squale fou qui ne s'arrête jamais de tourner en attendant sa proie, le prédateur de sa fille qui récidiverait. Très dérangeant.
En fait, la description de ce microcosme de l'autoroute devient une quasi satire sociale : ce monde où le bitume a tout recouvert parle de l'ultralibéralisme et d'une société en déliquescence tout en étant en mouvement perpétuel. Les passages sur le monde du travail aliénant, sur la solitude contemporaine, sur la sexualité triste et tarifée sont terribles. Tout est sans fard hypocrite, sans filtre embellissant, c'est au contraire outrageusement cru. Ce qui peut déplaire.
Cette crudité radicale est décuplée par une écriture à l'identité marquée. Les mots sont affutés comme des guillotines, percutants, incantatoires, nerveux, poétiques mêmes, ils s'enchaînent dans une audace libérée et parfaitement maitrisée. Ils font surgir des images parfois dérangeantes jusqu'au sordide. Mais ils ne sont jamais complaisants. Si Joseph Incardona cogne, il se montre d'une délicatesse pudique pour évoquer les fillettes martyrisées : jamais le mot de trop qui ferait basculer dans le glauque, elles apparaissent à chaque fois préservées dans leur dignité, ce qui est contraste d'autant plus avec le reste des personnages, tous sur le mode de la déchéance.
J'aime la radicalité en littérature lorsqu'elle n'est pas gratuite, juste pour choquer. Ce roman noir serré totalement atypique est dans le genre parfaitement maitrisé, implacable. Marquant.
Un polar très, très noir, un fait divers banal mais pas pour les parents dont la fille a été enlevée... L'histoire est celle de la destruction d'une famille après la disparition de leur petite fille sur une aire d'autoroute. Le père vit dans sa voiture sur l'autoroute. Le tueur, lui, y travaille. Des personnages de flics également. Tous avec leurs failles, leurs écorchures vives. Une écriture contemporaine (la référence à François Bon à la fin du roman ne me surprend pas) et un rythme et une construction très efficaces. J'ai beaucoup aimé et noté ces phrases: "Le mensonge, c'est l'ailleurs, c'est là où les gens veulent être." ou encore: "C'est qu'il n'y a pas d'ignorance, il n'y a que des degrés de conscience. Il y a des degrés de conscience échelonnés à l'infini."
Ce livre m'a été offert comme un "bijou". Il y avait une jaquette "Grand prix de littérature policière 2015" avec des appréciations de Rue 89 (Une oeuvre d'une puissance rare), Télérama (A la fois roman noir et tragédie poétique) entre autres.
L'histoire a très bien été exposée par Isabelle, donc je ne rajouterai rien.
Quelle déception pour moi ! Les promesses des critiques ne sont pas au rendez-vous....
Les différents styles d'écriture de l'auteur me dérangent, les émotions que devrait susciter le sujet sont inexistantes, c'est brutal, sec et les passages "sexuels" vulgaires
J'aurais aimé connaître les critères d'obtention d'un "grand prix de littérature policière". Peut-être, suis-je une piètre lectrice ???
J’écris ce commentaire alors que je n’en suis qu’à la moitié du livre, sans être sûre d’en venir à bout.
L’histoire commence avec trois disparitions de petites filles qui ont toutes un point commun : l’aire d’autoroute où chaque parent a vu sa progéniture se volatiliser. Pierre est l’un de ces parents meurtris ; depuis l’enlèvement de sa petite fille, il a élu domicile sur cette aire d’autoroute. Son quotidien : le siège de sa voiture en guise de lit, les toilettes publiques comme douche et, comme moteur à ses journées, un désir de vengeance obsessionnel. De l’autre côté, il y a le cuisinier de la cafeteria de l’aire d’autoroute. Employé modèle, si ce n’est son incontrôlable envie de s’attaquer aux enfants.
Nous suivons également quelques personnages annexes avec leurs fantasmes et leurs névroses.
Tout me gêne dans ce roman.
L’écriture tout d’abord, sèche, saccadée, qui ne laisse aucune place au chagrin des parents victimes de la pire tragédie, l’enlèvement de leur fillette.
Les scènes de sexes ensuite. Je ne voudrais pas jouer les vierges effarouchées, mais, là tout y passe, masturbation, fellation, sodomie, rapports tarifés entre des personnages qui ne me semblent pas avoir un grand intérêt dans le déroulement de l’histoire.
Certains critiques ont qualifié cette écriture de poétique :
« Gérard Luciano sort son portable et compose le numéro du Capitaine Martinez. Il se dit qu’il fumera son cigare plus tard. Il commence à se toucher la queue dès qu’il entend la voix du capitaine.
Il parait que beaucoup d’hommes font ça quand ils parlent en privé au téléphone.
Un geste de nervosité.
Pas de désir.
Toucher la petite saucisse, ça détend.»
Mais où est la poésie ?
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