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Alger, 1956. Jeune ouvrier communiste anticolonialiste rallié au FLN, Fernand Iveton a déposé dans son usine une bombe qui n'a jamais explosée. Pour cet acte symbolique sans victime, il est exécuté le 11 février 1957, et restera dans l'Histoire comme le seul Européen guillotiné de la guerre d'Algérie. Ce roman brûlant d'admiration, tendu par la nécessité de la justice et cinglant comme une sentence, lui rend hommage.
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Découvrez les chroniques d'Alicia et Julie pour "De nos frères blessés" de Joseph Andras (actes Sud)
Des attentats revendiqués par le FLN, des bombes dans des bus, des bars. Fernand Iveton, communiste, antiraciste, idéaliste, militant, est un activiste. Il est partisan de la liberté, des coups d'éclat mais pas des attentats sanglants.
Une bombe déposée par lui dans un local à l'écart, sans risque de faire des victimes, et qui n'explose même pas. Malheureusement pour lui, Fernand Iveton va être arrêté, torturé, insulté, humilié pendant des jours… Ah oui, parce qu'en France on torturait dans les années 50 ! Il a eu la malchance d'être associé, dans l'esprit des gens, aux terroristes qui posaient des bombes qui tuaient des civils, femmes et enfants, aveuglément.
Les chapitres alternent entre passé et présent, entre son destin funeste et l'époque où il a rencontré Hélène, dans la Marne, qui deviendra sa femme, quand il avait un avenir et que tous les rêves étaient possibles. Ça met l'accent sur l'injustice qui lui arrive. Lui, il rêvait juste d'égalité entre arabes et français et de justice dans l'Algérie française. Car il s'est toujours senti algérien d'origine européenne et déteste le colonialisme qui traite les arabes avec mépris. Héros pour les arabes, terroriste pour les français.
Joseph Andras retrace son calvaire en appuyant bien là où ça fait mal, la justice indigne, le colonialisme et l'anticommunisme à l'œuvre, un homme qu'on veut sacrifier en guise d'exemple. Lui, dans sa prison, attend et espère sa grâce. On voit bien que les réseaux sociaux n'ont rien inventé ! L'opinion publique fait pression depuis très longtemps sur les politiques…
C'est une histoire émouvante autant qu'instructive et révoltante sur ce qui s'est passé en Algérie à l'époque. Pourquoi on n'entend jamais parler des algériens lynchés par la foule en représailles à des attentats ? Des algériens innocents qui avaient la malchance de se trouver là, et qui servaient de prétexte à la vindicte populaire… et des français qui militaient aux côtés de leurs frères algériens.
En lisant ce livre je me suis rendue compte à quel point je ne connaissais rien sur cette sombre période de notre histoire.
140 pages d’une première tentative littéraire très aboutie : style concis et percutant ! L’auteur nous relate avec une parfaite neutralité, une histoire effrayante et peu connue, celle de Fernand Iveton, qui tenta sans succès le 14 novembre 1956, de poser une bombe dans un local éloigné de toute population, au nom du parti communisme algérien, pour une justice sociale plus équitable. Plan déjoué, procès bâclé après des heures de torture indigne, pour aboutir à une sentence stupéfiante : la guillotine, le 11 février 1957, soit moins de trois mois après les faits. D’un chapitre à l’autre, nous découvrons son (court) passé, son mariage, ses parents … Un écrivain de 32 ans à l’avenir prometteur. UN TRES GROS COUP DE COEUR !
Le roman commence fort : arrestation, torture, Fernand subit les pires outrages de la part de l’armée française.
Puis le roman alterne entre le récit de la rencontre entre Fernand et Hélène, comme une respiration, et l’emprisonnement de Fernand et son procès.
Le parti communiste reste étrangement muet ; les avocats de Fernand ont même audience chez le Président Coty ; Fernand répète qu’il ne voulait blesser personne avec ses bombes qui ne devaient que détruire du matériel ; ses bombes n’ont même pas explosé ; mais rien n’y fait.
Une citation en début de roman nous apprend que le destin tragique de Fernand Iveton est resté comme une blessure dans la vie de François Mitterand.
L’image que je retiendrai :
Celle d’Hélène se démenant pour rendre visite à Fernand à la prison, forçant l’admiration du directeur.
http://alexmotamots.fr/de-nos-freres-blesses-joseph-andras/
Fernand Iveton est arrêté à Alger en 1956, pour terrorisme. Ce jeune ouvrier communiste avait posé une bombe dans une partie désaffectée de l’usine dans laquelle il travaillait. Membre du FLN, il cherchait à soutenir le mouvement algérien indépendantiste, par un événement marquant, à condition de ne pas tuer ni blesser de civil. La bombe n’explose finalement pas et même si elle avait explosé, elle aurait difficilement endommagé un mur mais Fernand Iveton est arrêté, torturé et condamné à mort.
Qui était cet homme ? Pourquoi soutenait-il le FLN alors qu’il était d’origine française et non musulman ? Pourquoi fut-il condamné à mort pour une petite bombe qui n’explosa pas et n’aurait fait aucun dégât ? Ce sont les questions qui servent de fil conducteur à ce court roman de Joseph Andras. Plutôt que de mener son l’intrigue à la façon d’une enquête, ce dernier choisit le roman fictionnel.
De nos frères blessés repose en grande partie sur des faits historiques et s’en inspire pour redonner vie à cet homme et à son entourage. Joseph Andras raconte le moteur idéaliste et humaniste de Fernand Iveton, ainsi que sa vie sentimentale. Il jongle ainsi entre deux narrations : celle de son arrestation à sa mise à mort et celle de sa vie avant son engagement et notamment sa rencontre avec Hélène.
Il y a beaucoup de simplicité et d’humanisme dans ce court texte. En l’espace d’une centaine de pages, Joseph Andras arrive à conjuguer la narration de ce qui faisait la personnalité de Fernand Iveton et celle du système politique, médiatique et judiciaire qui l’a broyé avec une rapidité déconcertante.
https://cahiersvarisetplumenacre.wordpress.com/2016/11/08/de-nos-freres-blesses-joseph-andras/
« De nos frères blessés »est un roman. Le premier roman de Joseph Andras. Pour moi, c’est surtout la biographie (certes romancé) de Fernand Iveton. Un livre poignant dès le premier chapitre particulièrement dur.
Le contexte historique est celui de l’Algérie qui lutte pour son indépendance. Fernand Iveton combat pour l’indépendance de son pays. Il est arrêté dans l’usine où il travaille parce qu’il détient une bombe qu’il voulait déposer dans un entrepôt. Il n’a tué personne : la bombe n’a pas éclaté et de toute façon, il ne visait pas des humains. La torture ne l’épargne pas lors de son arrestation. Il est ensuite jugé pour « tentative de destruction par substance explosible d’édifices habités ou servant d’habitation » (p 48).
Un de ses avocats rappelle : « Il ne faut pas juger Iveton sur les attentats commis par d’autres mais sur son acte personnel et seulement cela. » (p 70) Toutefois, il est condamné à mort et met tous ses espoirs dans la grâce présidentielle.
Ce récit historique est entrecoupé par des moments de la vie de Fernand « avant » : la rencontre avec son épouse Hélène, leur installation en Algérie. Cette alternance de périodes si différentes dans la vie de ces personnages met encore plus en exergue les difficultés présentes.
Une terrible réflexion sur le rôle de chacun dans le destin d’un homme. La puissance de l’opinion publique dans la prise de décision des politiques. Un livre qui m’a habitée plusieurs jours.
Il y a des livres dans lesquels on trouve à pas de loup, en faisant attention de bien rester attentif à ce qui nous entoure.
C'est le cas avec ce livre, on fait la connaissance de Fernand et du mouvement indépendantiste. On découvre un homme passionné qui veut défendre ses idées. Et pour cela il écopera de la peine maximale.
A partir de là, on entre dans la vie de Fernand et on découvre un homme attaché à sa famille, attaché à ses valeurs. L'auteur veut nous montrer autre chose et veut nous aider à comprendre ce qui a pu se passer. Pourquoi on condamne si fort un homme ? Evidemment, les preuves sont contre lui mais la justice est là aussi pour réfléchir et être neutre. Elle ne peut condamner seulement pour l'opinion publique. Comment mesure t'on la gravité d'un acte manqué ? Quelle part doit-on accordée aux conséquences qu'il n'y a pas eu mais qui aurait pu être graves ?
C'est un récit fort, poignant et qui permet d'affiner un jugement, une idée, une opinion. Je ne pensais pas être prise autant dans la lecture de ce livre mais ce livre a une dimension particulière. Il met en avant un homme qui a défendu ses idées et qui est convaincu de son action. C'est honorable mais le prix à payer le mérite t'il ? A chacun de trouver sa réponse...
Je ne connaissais par l'histoire de Mr F Iverton et je l'ai découvert avec ce livre. Merci pour cela.
On suit Fernand, jeune homme Français d'Algérie qui fut le seul à être CAM (condamné à mort) pour avoir posé une bombe durant le temps de l'Algérie Française et qui n'a fait aucun blessé. On le suit tout au long de son incarcération, son procès jusqu'à son exécution. Il se livre à nous, nous raconte sa rencontre avec sa femme, les raisons de son adhésion au parti communiste...
Un livre brutal qui ne laisse pas indéifférent et, qui m'a permis de découvrir un événement de notre Histoire dont j'ignorais tout.
L'auteur réhabilite ici la figure méconnue par la plupart de Mr Iverton.
Tout de même je l'ai trouvé un peu long par moments....
Fernand Iveton. Voilà un nom qui m’était inconnu, jusqu’à ce que je reçoive, pour le Club des Explorateurs de lecteurs.com, De nos frères blessés, paru chez Actes Sud. Le roman est écrit par Joseph Andras, pseudonyme d’un normand qui a eu l’audace, le culot, l’affront - à vous de voir - de refuser le Prix Goncourt du premier roman 2016 pour ce récit court et intense.
Fernand Iveton, donc. L’histoire non pas d’une injustice, mais d’une négation de justice, « pour l’exemple ». Le roman relate l’histoire de ce militant communiste et indépendantiste pendant les « événements » d’Algérie - que le gouvernement français refuse encore, à ce moment, de nommer « guerre ». En octobre 1956, Iveton dépose une bombe dans un local désaffecté de l’usine où il travaille, sensée exploser après la fermeture afin de ne blesser ni tuer qui que ce soit. A l’époque, les attentats sanglants se multiplient, mais Iveton refuse de tuer, ce qu’il n’aura de cesse de clamer (« Je n’aurais jamais accepté, même sous la contrainte, de faire une action qui puisse entraîner la mort », p. 67).
En parallèle de l’histoire militante d’Iveton, l’auteur nous raconte sa rencontre en France avec sa femme Hélène, jeune femme d’origine polonaise dont il tombe amoureux alors qu’il est en métropole pour passer des examens médicaux. A la douceur et l’intensité de leur amour s’opposent la cruauté et la rigidité de la justice en tant de guerre.
"De nos frères blessés" est un récit puissant. Le style est au début déroutant mais très prenant : les dialogues sont intégrés au texte, sans guillemets, tout se lit d’une traite, tout se déroule d’un coup, sur le fil tendu de l’histoire. Cela rend chaque parole, chaque pensée, chaque action vivantes et accentue le ressenti : « La minuterie, incessante, à devenir fou dans la plus stricte littéralité du terme, tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac tic-tac… » (6 lignes de tic-tac, p. 15). Ce roman est tout en tension, en attente, et les souvenirs heureux de la rencontre entre Fernand et Hélène sont quelques rares éclaircies. Mais c’est aussi une leçon, une dénonciation, une révélation des faits de guerre qui sont minimisés ou tombent facilement dans l’oubli, en particulier les actes de torture : « Fernand n’aurait jamais cru que c’était cela, la torture, la question, la trop fameuse […]. Que cela pouvait être aussi atroce. Non, le mot n’y est pas. L’alphabet a ses pudeurs. L’horreur baisse pavillon devant vingt-six petits caractères. » (p. 19)
Bref, un immanquable de votre PAL cette année !
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