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Dès l'instant précis de sa conception, une nuit de 1951, la petite Ruby Lennox a commencé à voir, à comprendre, à sentir. En particulier, elle sait qu'on se serait bien passé d'elle...
Et la voilà qui entreprend de nous raconter, avec une lucidité et un humour dévastateurs, son histoire, celle de ses parents, George et Bunty, petits boutiquiers d'York, de ses soeurs, de toute une famille anglaise moyenne - mais assurément pas ordinaire.
Mieux encore : Ruby remonte dans le passé. Si bien qu'à l'Angleterre des années 1950 et 1960 se mêlent les images de tout le xxe siècle.
Dès sa parution en Angleterre, ce premier roman de Kate Atkinson a été salué comme un chef-d'oeuvre, pour la subtilité de sa construction et la verve irrésistible de son écriture. En France, la rédaction de Lire l'a élu meilleur livre de l'année.
Via sa collection Satellites, les éditions Christian Bourgois ont eu la bonne idée de republier le premier roman de Kate Atkinson, cette voix si singulière de la littérature contemporaine anglaise.
Comme dans le roman de Ian McEwan, « Dans une coque de noix », l'autrice fait parler sa narratrice dès sa conception.
Celle qui deviendra Ruby dans neuf mois habite au-dessus de l'animalerie que tiennent ses parents George et Bunty.
Nous sommes en 1952 dans la ville d'York et les tickets de rationnement sont encore de rigueur.
Ruby grandit dans une famille dysfonctionnelle auprès d'une mère colérique et particulièrement dure avec sa benjamine, d'un père fuyant et de sœurs pas toujours tendres avec la petite dernière.
Son regard sur le monde est porté par un humour lucide et féroce, exutoire à son mal-être.
Cette mélancolie qui la tourmente trouve son origine dans les maltraitances dont est l'objet et dans un événement tragique qu'elle a effacé de sa mémoire et qui ne sera révélé qu'à la toute fin du texte.
En alternant les chapitres dans lesquels la voix de Ruby s'exprime et ceux qui racontent l'histoire des aïeux de celle-ci, Kate Atkinson a construit une saga familiale dont les membres (on s'y perd un peu) sont frappés par la malchance, victimes des deux guerres mondiales et de la cruauté des hommes. Et dans ce tableau pessimiste de la condition humaine, les femmes sont en ligne de mire, condamnées à rêver une vie qui ne serait pas faite de labeur, de soumission et de trahisons.
« Dans les coulisses du musée » est un roman tragi-comique à la verve puissante et fantasque porté par des personnages hauts en couleur et des dialogues truculents.
Une fois le livre refermé, on ne pourra oublier Ruby qui porte sur ses épaules les traumatismes du passé.
EXTRAIT
- Ma pauvre mère est très déçue par le mariage ; cela n'a changé sa vie qu'en pire.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-dans-les-coulisses-du-musee-kate-atkinson-christian-bourgois/
Ruby Lennox (la narratrice) est née en 1952. Elle est le troisième enfant de Berenice dite « Bunty » (troisième fille, venue après Patricia et Gillian) Leur mère n’est pas vraiment une personne affectueuse, loin s’en faut ! Leur père (George) propriétaire d’une animalerie est l’archétype du macho, chef de famille qui aime à se faire servir, un brin cavaleur …
L’auteure va nous raconter l’histoire de cette famille anglaise, vu à travers le regard d’une petite fille, devenue adolescente puis adulte (l’intrigue s’immisce dans le passé – et nous raconte également le présent) Un récit qui s’écoule sur les quarante (1952-1992) premières années de l’existence de Ruby Lennox.
Nous allons donc suivre le parcours de l’arrière grand-mère (Alice) de la grand-mère (Nell) et de la mère (Bunty) des demoiselles Lennox. Au cours de ces chapitres (ainsi que de sous-chapitres, qu’elle nomme « Annexes ») Kate Atkinson dévoile aux lecteurs (avec beaucoup de tendresse – et non moins d’humour ! -) les étapes traversées par les quatre générations (Grande Guerre, seconde guerre mondiale, couronnement de la reine Elizabeth II …) sans oublier des épreuves plus ou moins douloureuses …
Ce roman – alerte et intelligent – est un petit bijou de la littérature britannique ! C’est bien écrit, c’est touchant, caustique et délicieux ! Un gros coup de coeur en ce qui me concerne ! Je vais garder longtemps en mémoire le fameux mot magique : « boutique » ! …
appel d’une machine, mais qui pourrait être aussi les défunts qui nous contactent.
J’ai aimé les objets qui passent de génération en génération : la photographie d’Alice ; le médaillon en argent qu’Alice laisse sous l’oreiller de sa fille Ada ; la patte de lapin qui fini à moitié pourrie ; le perroquet de la boutique qui ne sait dire rien d’autre que « Boutique ! ».
J’ai aimé la maison de Lowther Street Au Dessus de la Boutique.
J’ai sourit devant les agissements de Walter le boucher satyre.
J’ai été intriguée par les jumelles Daisy et Rose dont la mère est adepte d’un pasteur qui parle aux défunts.
J’ai eu de la peine pour Bunty dont le mantra est « J’en ai assez ».
J’ai aimé suivre la vie de Ruby depuis sa conception jusqu’à sa vieillesse, et découvrir dans les Annexes la rocambolesque vie de ses aiyeux.
Une citation :
Je suis allée au bout du monde et j’en suis revenue, et maintenant je sais ce que je voudrais pour mon trousseau. Je voudrais mes soeurs.
L’image que je retiendrai :
Celle du perroquet qui est obligé de rester dans la boutique alors que tout le monde ne cherche qu’à la fuir.
https://alexmotamots.fr/dans-les-coulisses-du-musee-kate-atkinson/
Ce livre est MON livre, celui que ♥ relu dès l'avoir terminé, pour savoir si je pouvais découvrir ce secret que je n'ai pas vu avant...quelle claque ! J'aime tout, les personnages, les aller retour entre les époques, le destin parfois tragique, souvent romanesque de tout ce monde... Je l'ai relu plein de fois et je le relirai...
Quelle réussite dans ce fourre-tout littéraire ou dans ce « placard aux souvenirs » comme dit l’auteure. On y trouve de tout, l’Histoire anglaise d’abord de 1888 à 1992, au prisme des heurs et (surtout) malheurs de la famille de Ruby, la narratrice. Vous pensez bien qu’une famille ordinaire ne traverse pas deux guerres mondiales sans chagrins. Des objets ensuite, de petits objets mémoriels, témoins lointains de l’histoire de cette famille : la pendule de l’arrière-grand-mère, un médaillon, une patte de lapin et trois photos : Alice en 1888, seule, alors qu’elle est enceinte de Nell son septième enfant, une autre avec ses enfants et une dernière qui concerne l’équipe de football dans laquelle opérait Albert un des frères de Nell, la grand-mère de Ruby au tournant de 1910.
Ces objets, sans valeur marchande comme il y en a tant dans presque toutes les familles, Kate Atkinson leur donne le pouvoir de réveiller sa mémoire en faisant revivre tous ses chers (et même moins chers) disparus et en dépoussiérant la mémoire familiale qui, pour être officielle, n’en est pas moins, parfois, amnésique, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas très convenable. Vous, je ne sais pas, mais moi les objets mémoriels ça me parle. Par exemple, je n’utilise qu’une seule marque de dentifrice. Je ne sais pas ce qu’elle vaut vraiment mais c’était celle qu’utilisait mon père disparu il y a quarante ans. C’est stupide mais c’est un lien qui fonctionne, trois fois par jour, et que je ne saurais rompre. Pardonnez cet aparté et repartons « Dans les coulisses du Musée » où Ruby, fine mouche, s’aperçoit que les deux photos d’Alice ne sont pas du tout ressemblantes, ce qui permet à Bunty de préciser que sur la deuxième photo, ce n’est pas Alice mais Rachel avec les enfants d’Alice. Qui est Rachel, pourquoi Rachel, comment ? Aurais-je piqué votre curiosité ?...dans toutes les bonnes librairies.
De nombreux drames familiaux, souvent décrits avec beaucoup de détachement par les yeux de l’enfant qu’était Ruby, émaillent un récit très émouvant, en particulier lors des deux guerres mondiales. Cela n’empêche pas les portraits de famille d’être souvent peints avec une ironie féroce, les deux principales victimes de l’esprit caustique de Ruby étant ses propres parents George et Berenice, surnommée « Bunty ». Parfois, la petite histoire familiale percute avec une furieuse drôlerie celle de l’Angleterre. Le couronnement d’Elisabeth en 1953, suivi à la télévision acquise pour l’occasion, et la victoire en Coupe du Monde de football en 1966, le jour du mariage de l’oncle Ted, donnent lieu à deux scènes d’anthologie. On flirte avec les Monty Python car évidemment, c’était une très mauvaise idée de programmer un mariage le jour où Wembley accueillait la finale de la CDM. George l’avait bien senti comme le démontre cette conversation avec Bunty…
« _ Le mariage ? fait George visiblement perdu. Quel mariage ?
_ Celui de Ted, bien sûr. De Ted et Sandra.
_ Ted ?
_ Oui, Ted, mon frère.
Le regard de George restant aussi vide, elle continue charitablement :
_ Ted et Sandra. Ils se marient samedi. Ne me dis pas que tu avais oublié ?
_ Ce samedi ? Mais…
George semble frappé du haut mal. Il bredouille un moment puis s’exclame :
Ils ne peuvent pas se marier samedi ! C’est la finale de la Coupe du Monde… »
… Une tellement mauvaise idée que trois jours plus tard, on célèbrera, en plus de la victoire anglaise, un enterrement… Pensez simplement à ce que peut faire un écrivain de talent avec un mariage où les femmes ne rêvent que de danser et les hommes de s’agglutiner devant un poste de télé ! Je n’en dis pas plus, sinon que ce chapitre, intitulé « un beau mariage », est un des plus drôles que j’ai jamais lus.
Quelle formidable chronique familiale chargée d’émotion et pleine d’humour ! J’ai vraiment hâte de partir à la découverte des autres romans de Kate Atkinson.
Chronique familiale sur trois générations écrite sous un mode cynique et ironique avec des AR dans le temps entre la guerre 14-18 et les années 80-90.. Ce roman évoque aussi la place de la femme et le rôle de l'homme au sein du couple.
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